La Tour aux figures, une oeuvre immersive pensée comme une rando en montagne

Après avoir enchaîné les visites culturelles en famille pendant les grandes vacances (et m’être initiée à la danse médiévale dans un château drômois… je vous épargne la vidéo, c’est mieux pour tout le monde), pas facile de garder le rythme quand le quotidien reprend le dessus. Parmi mes bonnes résolutions de rentrée figure donc le souhait de profiter plus souvent de la riche vie culturelle grand-parisienne. Avec pour première visite non pas un musée mais carrément une œuvre XXL : la Tour aux figures de Jean Dubuffet (1901-1985), installée sur la très bucolique île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

Des figures, des visages et des corps déstructurés, il y a en a plusieurs à observer sur sa façade recouverte de courbes noires et blanches, remplies ou striées de rouge et de bleu. Des couleurs qui ont retrouvé leur lustre grâce à une restauration récente lancée par le Département des Hauts-de-Seine, qui a racheté la tour pour 1 € symbolique en 2015. Commandée en 1983 par l’État, la tour avait été jaunie par le temps et par la présence d’un champignon, le lichen, alors que l’intérieur était « rempli de graffitis, d’insectes et d’araignées », indique Florian Henry, chargé de médiation.

 

C’est donc une œuvre nettoyée et repeinte au plus proche de la vision de l’artiste qui est rouverte à la visite depuis cette année. Pour conserver le plaisir de la découverte, on laissera le guide vous conter l’histoire de cette œuvre que Dubuffet aurait aimé voir s’élever face à la tour Eiffel et lever le voile sur des termes aussi mystérieux que « gastrovolve » ou « hourloupe ». Tout juste consent-on à vous prévenir que le sol est accidenté, et que l’ascension, avec ses marches irrégulières, a été pensée par Dubuffet comme une randonnée en montagne : « L’usager de cette demeure, à défaut d’autre luxe, y jouira d’une exceptionnelle profusion d’espace où se déplacer librement sans portes à passer. Avec le plaisir d’un habitat grimpant comme celui d’un mouflon. »

59e artiste le plus coté au monde

Classé 59^e artiste le plus coté au monde en 2024, Jean Dubuffet m’apparaît aussi comme l’un des plus accessibles. Et pour cause, ce grand contestataire refusait l’art officiel pour s’intéresser aux productions de non-initiés. L’art des fous et des marginaux de toutes sortes pour lequel il invente le terme d’ « Art Brut ». Si, comme moi, votre attrait pour Dubuffet se met à grandir, vous pourrez alors enchaîner avec deux autres visites dans le Grand Paris : son Jardin d’hiver, une caverne aux parois cabossées au centre Pompidou, et la Closerie Falbala, une sculpture monumentale à Périgny-sur-Yerres (Val-de-Marne).

D’une durée d’une heure, la visite de la Tour aux figures peut se combiner à d’autres activités présentes sur l’île Saint-Germain. Si vous êtes accompagné d’enfants, ne manquez pas l’espace d’accueil de la Tour où sont proposés des coloriages, puzzles et jeux en lien avec l’univers de Dubuffet. Sachant que vous pouvez les appâter avec l’aire de jeux, le poney club et le théâtre de Guignol. En mode date, réservez un tête-à-tête sur la terrasse ou dans la véranda du restaurant L’Île, à l’ambiance campagne chic. Une île et une tour qui valent vraiment le détour.

Infos pratiques : visite de la Tour aux figures sur l’île Saint-Germain, 170, quai de Stalingrad, Issy-les-Moulineaux (92). Visite guidée de mars à octobre sur réservation. Tarifs : 8 € (plein tarif), 6 € (moins de 26 ans et détenteurs du Pass Destination) / parcours famille : 5 € par personne pour la visite + un atelier. Accès : gare d’Issy – Val de Seine (RER C) / tramway T2 arrêt Jacques-Henri Lartigue. Plus d’infos sur tourauxfigures.hauts-de-seine.fr

 

Lire aussi : A Bobigny, un ancien garage métamorphosé en friche street art

Lire aussi : Avec « We are here », le street art s’invite entre les collections du Petit Palais

Lire aussi : Trois vues panoramiques sur Paris auxquelles les Parisiens ne pensent pas