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Il aura bientôt son musée outre-périphérique : mais qu’est-ce au juste que le Grand Siècle ?

A la cour de Versailles, la séduction répondait à des codes précis / © Nono vlf (Wikimedia commons)
Le château de Versailles, l’un des symboles du Grand Siècle / © Nono vlf (Wikimedia commons)

Alors que le musée du Grand Siècle doit ouvrir en 2027 à Saint-Cloud, le château du parc de Sceaux en accueille la préfiguration pour permettre à chacun de commencer à se familiariser avec cette période. Car qu'est-ce au juste que ce Grand Siècle ? Enlarge your Paris a posé la question à l’historien Alexandre Gady, directeur de la mission de préfiguration.

Sur quelle période s’étend le Grand Siècle ?

Alexandre Gady : On a longtemps résumé le Grand Siècle au règne de Louis XIV, de 1643 (sous la régence de sa mère Anne d’Autriche jusqu’en 1651) jusqu’à sa mort en 1715. Mais nous allons au-delà et englobons tout le XVIIe siècle et même un peu plus, en commençant par la fin des guerres de religions (l’édit de Nantes date de 1598) et en terminant six ans après la mort de Louis XIV, les six années de régence.

En quoi ce siècle est-il « grand » ?

Le terme est complexe. Ce siècle a vu la France rayonner sur toute l’Europe dans le domaine des arts, notamment la peinture, la gravure, les portraits, et même dans l’art des boiseries ou de la mode. La place de Paris comme capitale de la mode remonte au XVIIe siècle. Il y a une volonté politique d’accroître ce rayonnement. Les académies royales de danses, de lettres, de peintures et sculptures, de musique, d’architecture et la Comédie-Française sont par exemple créées. Mais nous n’allons pas faire l’apologie de ce siècle, ni la critique. Nous présenterons cette époque dans toutes ses dimensions historiques.

Dans ses dimensions négatives également ?

Nous mettrons en avant des faits historiques, sans juger. Nous parlerons du Roi, au pouvoir absolu, mais aussi des paysans, des guerres, des maladies et du Code noir, une ordonnance royale à l’initiative de Colbert promulguée en 1685 qui réglementait l’esclavage.

Ce ne sera pas un musée des Beaux-Arts ?

Nous nous appuierons sur des œuvres d’art mais le musée sera un musée de civilisation. À Sceaux (Hauts-de-Seine), les visiteurs découvrent déjà une salle consacrée au pouvoir (il y en aura cinq à Saint-Cloud), une autre à l’art de vivre, aux religions, ou un cabinet de curiosités que nous venons d’ouvrir contenant des instruments scientifiques comme le lunarium de Louis XIV (un instrument permettant de calculer les éclipses lunaires et solaires).

À qui s’adresse ce musée de civilisation ?

Le musée présentera un panorama très large qui parlera à tout le monde. On pourra le visiter sans présupposé. On peut déjà venir au Pavillon à Sceaux par amour pour la peinture classique et admirer la merveilleuse Allégorie du bon gouvernement de Laurent de La Hyre, acquise à New York au printemps dernier, qui avait quitté la France depuis les années 1950. Nous expliquons aussi le sens politique de cette peinture réalisée après la Fronde, (une époque de troubles contre la royauté et une révolte de certaines familles nobles contre Louis XIV) pour ceux qui s’intéressent à l’histoire et à ce qu’elle nous apprend sur notre monde d’aujourd’hui. Beaucoup de visiteurs réagissent en ce moment au titre de l’œuvre qui évoque un « bon gouvernement », tout à fait dans l’actualité.

Infos pratiques : Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle, Petit Château du Domaine départemental de Sceaux, 9, rue du Docteur-Berger à Sceaux (92). Ouvert les vendredis et dimanches du 1er novembre au 28 février de 13 h à 17 h et du 1er mars au 31 octobre de 14 h à 18 h 30. Gratuit. Accès : gare de Sceaux (RER B) puis 10 minutes de marche. Plus d’infos sur museedugrandsiecle.hauts-de-seine.fr

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