Culture
|

Découvrez le cimetière américain de Suresnes à la lueur des bougies

Le cimetière américain de Suresnes sur le Mont Valérien s'illuminera de bougies électriques lundi 6 mars de 19 h à 21 h / © Avec l’aimable autorisation de l’American Battle Monuments Commission
Le cimetière américain de Suresnes sur le mont Valérien s’illuminera de bougies électriques lundi 6 mars de 19 h à 21 h / © Avec l’aimable autorisation de l’American Battle Monuments Commission

Pour le centenaire de l'American Battle Monuments Commission, créée par le Congrès en 1923, des bougies électriques illumineront le cimetière américain de Suresnes lundi 6 mars de 19 h à 21 h. L'occasion de découvrir ce site historique situé sur les pentes du mont Valérien dont nous a parlé son surintendant, Keith Stadler.

Pouvez-vous nous expliquer le rôle de l’American Battle Monuments Commission (ABMC) ?

Keith Stadler : L’ABMC a été fondée en 1923 par le Congrès américain. Le rôle de cette agence indépendante est de superviser les cimetières militaires américains à l’étranger. L’agence a pour mission d’honorer le service, les réalisations et le sacrifice de nos forces armées à l’étranger. L’ABMC gère 26 cimetières à l’étranger dont 12 en France. Il en existe deux en Île-de-France : le Suresnes American Cemetery (Hauts-de-Seine) et le Lafayette Escadrille Memorial Cemetery situé dans le parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Quelle est l’histoire du cimetière américain de Suresnes ?

Keith Stadler : Il faut déjà dire qu’il s’agit du premier cimetière géré par l’ABMC. En effet, quand le Congrès a créé l’agence, il a fallu décider quels cimetières prendre en charge. Il a également été demandé aux familles si elles souhaitaient que le corps de leur proche soit rapatrié aux USA ou inhumé là où ils avaient succombé. 61 % ont souhaité le retour de la dépouille de leur fils ou mari en Amérique. Et donc 39 % des morts au combat sont demeurés à l’étranger. Pendant la Première Guerre mondiale, il y avait déjà eu la mise en place de cimetières temporaires. À la fin du conflit, il a fallu décider ceux qui demeureraient permanents. C’est le cas de Suresnes qui est aussi assez unique car il s’agit d’un hospital cemetery.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Keith Stadler : La plupart des cimetières sont des battlefield cemeteries, c’est-à-dire situés à proximité des champs de bataille. Ce n’est évidemment pas le cas de Suresnes puisqu’il n’y a pas eu de champ de bataille à proximité de la capitale. En fait, il faut remonter quelques années en arrière. Avant la Première Guerre mondiale, il y a une communauté américaine importante à Paris. Il existe depuis 1906 un hôpital américain, mais très petit : à peine dix ou onze lits. Le directeur de l’établissement, pressentant que la guerre allait commencer, va voir les autorités en indiquant qu’il veut participer à l’effort de guerre. Or, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le gouvernement vient de finir la construction d’un lycée de garçons qui est vide puisque les jeunes hommes sont partis au front. L’école est transformée en hôpital et on passe rapidement d’une dizaine de lits à 600. En avril 1917, les USA entrent en guerre et l’hôpital est militarisé. Mais où enterrer les combattants transférés ici et qui ne survivent pas ? La municipalité de Suresnes propose ce terrain situé sur les coteaux du mont Valérien. D’où ce nom de hospital cemetery puisque le cimetière est situé non loin des hôpitaux parisiens.

Pouvez-vous nous expliquer ce qui va se passer le 6 mars au cimetière militaire de Suresnes ?

Keith Stadler : Comme je vous l’ai dit, l’ABMC a été créée en 1923, en mars plus précisément. Nous fêtons donc son centenaire. À cette occasion, nous allons illuminer les 1 565 tombes du cimetière avec des bougies électriques. Ce sera magnifique et ce sera aussi l’occasion de découvrir de nuit le cimetière qui, en temps normal, ferme ses portes à 17 h. Le 6 mars, les visiteurs pourront le visiter jusqu’à 21 h. Ces lumières nous permettront de nous rappeler des pertes humaines subies au cours des conflits mondiaux. Vous savez, c’est un honneur pour nous de travailler ici. Chaque jour, on ne peut pas ne pas penser au sacrifice de ces soldats. Et au fait que, grâce à eux, notre vie est appréciable.

Infos pratiques : Centenaire de l’ABMC au cimetière américain de Suresnes, 123, avenue Washington, Suresnes (92). Ouvert tous les jours de 9 h à 17 h. Illuminations lundi 6 mars de 19 h à 21 h. Accès : gare de Suresnes-Mont Valérien (lignes L et U). Plus d’infos sur abmc.gov

Lire aussi : Les quatre sites du patrimoine mondial à visiter dans le Grand Paris

Lire aussi : Balzac, Hugo, Dumas et Zola : poussez les portes de quatre monstres sacrés

Lire aussi : Quatre lieux où se plonger dans l’intimité des artistes grand-parisiennes