En partenariat avec le Théâtre Nanterre-Amandiers
Sur une palissade de l’avenue Pablo-Picasso à Nanterre (Hauts-de-Seine), l’affiche annonce la saison des Amandiers. On y apprend qu’est programmé Vertige de Guillaume Vincent. Le vertige, c’est justement ce qui nous saisit quand on se met sur la pointe des pieds pour regarder ce qui se passe de l’autre côté des planches de bois. Un gigantesque chantier s’y déploie, avec, au beau milieu, le théâtre des Amandiers en pleine reconstruction. À l’horizon 2024-2025, le bâtiment signé Michel Écochard cédera la place au projet imaginé par l’agence norvégienne Snohetta à qui on doit notamment le siège du Monde ou encore l’opéra d’Oslo. À terme, le théâtre comprendra trois salles de respectivement 800, 400 et 200 places.
Bonne nouvelle : durant les travaux, le théâtre reste ouvert. Directrice adjointe déléguée au développement, Anne-Marie Peigné pénètre d’un pas vif au cœur d’un vaste bâtiment. « Il s’agissait des ateliers de construction de décor du théâtre, raconte-t-elle. On y faisait la menuiserie, la serrurerie… » Le temps du chantier, voici ce grand entrepôt métamorphosé en théâtre éphémère et bien plus encore. « L’idée est vraiment de renouer avec Nanterre, explique la responsable, arrivée avec Christophe Rauck, le nouveau directeur entré en fonction début 2021. On a deux ans pour apprendre à se connaître. Parce que, quand on aura notre grand lieu, il faudra l’habiter ensemble. »
Dans son projet, Christophe Rauck l’écrit d’ailleurs noir sur blanc : « Afin que [le théâtre] devienne le lieu de rassemblement dans la diversité, l’accueil et l’hospitalité seront des valeurs partagées et portées par toute l’équipe. » C’est ainsi que le hall du théâtre éphémère a été habillé par le scénographe Alain Lagarde. Au mur, des tentures aux décors végétaux semblent prolonger en intérieur le parc André-Malraux voisin. Des fauteuils joufflus et des tables en bois accueillent les visiteurs tous les jours à partir de midi tandis que, sur le bar, thé et café sont mis à disposition.
Un théâtre ouvert en dehors des spectacles
Quand on demande à Anne-Marie Peigné pourquoi s’embêter à ouvrir tous les jours un espace en dehors des spectacles, la réponse fuse : « On est un théâtre public. Et Nanterre, c’est 35 000 étudiants. Venir travailler ici où le wifi est gratuit, cela permet aussi de sortir de chez soi, de changer de cadre, de travailler à plusieurs, de faire des rencontres… » Le théâtre éphémère comme carrefour de différentes populations ? Les premières pousses du projet apparaissent déjà. Dans ce même lieu, l’avant-première du film Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi a récemment accueilli un public où se mêlaient VIP et Nanterriens. On peut y croiser une conseillère Pôle emploi qui fixe ici ses rendez-vous professionnels ou des salariés d’Axa venus visiter le théâtre…
Le théâtre justement : la programmation de cette saison propose une variété de spectacles avec des grands noms – Thomas Jolly, Brett Bailey, Joël Pommerat, Jean Bellorini –, l’avant-garde prometteuse – Tiphaine Raffier –, ainsi qu’une belle place dévolue au jeune public. On pourra aussi compter avec La Belle Troupe, les douze jeunes comédiens qui effectuent, en deux ans, une formation au sein des Amandiers. Mais ce n’est pas tout. « On ne peut pas se contenter du public « navette » qui vient de Paris. D’autant qu’un arrêt du Grand Paris Express sera situé juste à côté d’ici. Il nous semble donc essentiel de viser le public de proximité, souligne Anne-Marie Peigné. D’où l’importance d’offrir des propositions hors les murs. »
Des spectacles en itinérance
C’est la promesse de L’autre(s) scène(s), qui s’aventure hors du périmètre du théâtre éphémère. Deux spectacles de la saison seront ainsi proposés en itinérance dont Amours (2) de Joël Pommerat. Avec le projet baptisé la Collecte, les Amandiers invitent également des artistes à rencontrer des habitants pour recueillir histoires et témoignages. C’est ainsi que Jérôme Bouvet et Carine Henry récoltent, avec leur Sonothèque nomade, des chansons d’ici et d’ailleurs. Avec Oasis Love, l’écrivaine Sonia Chiambretto, écrivaine invitée, poursuit son travail avec ses laboratoires de collecte de paroles à Nanterre qui nourrira son futur spectacle. Quant à Philippe Jamet, via Dans ma maison vous viendrez, il invite les Nanterriens à partager, chez eux, leurs récits personnels, un bout de leur parcours de vie.
Au Théâtre Nanterre-Amandiers, l’équipe des relations avec le public multiplie en outre les prises de contacts, en
particulier avec les figures associatives, véritables relais du théâtre au sein de la ville. Les tote bags du théâtre sont, eux, confectionnés par les couturières de l’association Authenti-cité ainsi qu’avec la marque Agnès B. Avec Écoute-moi lire, des écoliers de Nanterre sont accompagnés par des acteurs dans la découverte de la lecture à haute voix. « Tout cela, c’est un écosystème, résume Anne-Marie Peigné. Nos intelligences, il faut les mettre ensemble. » Et, aux Amandiers, on est bien décidé à continuer de phosphorer pour ouvrir toujours davantage les portes, parfois intimidantes, du théâtre. Une premier étape à un projet plus vaste. « Le théâtre est plus grand, plus ancien et plus lent que nous, il est surtout plus vaste, souligne Christophe Rauck. C’est ce vaste là que je cherche au Théâtre Nanterre-Amandiers, un vaste à la hauteur de son nouveau projet architectural, plus collaboratif, plus ouvert sur la ville, le territoire et le monde. »
Infos pratiques : Théâtre Nanterre-Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, Nanterre (92). Reprise de la saison ce 20 septembre avec Richard II de Shakespeare, mise en scène de Christophe Rauck. Le hall du théâtre est ouvert au public du mardi au samedi de 12 h à 18 h pour travailler, se réunir, boire un café et réserver ses places de spectacles. Accès : gare de Nanterre-Préfecture (RER A, sortie Carillon) puis 15 minutes de marche. Plus d’infos sur nanterre-amandiers.com
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21 septembre 2022 - Nanterre