La question de l’accessibilité de la Philharmonie de Paris à tous les publics est-elle une préoccupation ancienne ?
Helen Lamotte : Elle est dans l’ADN de la Philharmonie depuis son ouverture. Le bâtiment même a été conçu dans cette optique, tout comme la programmation. Il y avait déjà des actions mises en place à l’époque de la Cité de la musique. Depuis, nous sommes encore montés en puissance. Que ce soit pour des concerts, les collections du Musée de la Musique, des expositions temporaires, des ateliers de pratique musicale, la Philharmonie des enfants ou la médiathèque, nous souhaitons que le lieu puisse être ouvert à toute personne porteuse de handicap quelle qu’en soit la typologie.
Dans cette politique, on pourrait dire que les concerts chansignés destinés aux personnes malentendantes sont presque une proposition « signature » de la Philharmonie. Récemment, Oxmo Puccino s’est produit avec des chansigneurs qui interprétaient ses textes en langue des signes française (LSF). Comment la mise en œuvre de ces concerts se passe-t-elle ?
Comme vous le soulignez, il s’agit d’une interprétation. Nous avons travaillé avec le Collectif Integraal. Sur scène, trois chansigneurs se sont relayés. Au préalable, il y a eu un travail avec le collectif pour que la traduction soit correcte. Même si, dans les faits, il s’agit davantage d’incarner le projet artistique de l’artiste. Par saison, nous programmons en moyenne trois concerts chansignés. Cela a déjà été le cas notamment pour ceux de MC Solaar et Oxmo Puccino. En janvier dernier, L’Histoire de Babar mise en musique par Francis Poulenc a également été interprétée en LSF. Le 31 mai prochain, ce sera au tour de l’opéra de Beethoven Fidelio d’être interprété en langue des signes internationale. Cette programmation en chansigne doit être le reflet de notre programmation, dans toute sa diversité. Actuellement, trois dates sont en train d’être définies pour la saison prochaine.
Vous proposez également des spectacles Relax. De quoi s’agit-il ?
Nous avons noué depuis deux saisons un partenariat avec l’association Culture Relax. Il s’agit d’assouplir les codes de la salle afin de permettre aux personnes en situation de handicap – autisme, handicap intellectuel, cognitif, troubles psychiques, maladie d’Alzheimer… – d’avoir accès à la culture. Au cours des spectacles Relax, un espace détente est ouvert à proximité de la salle. Les spectateurs peuvent applaudir, vocaliser, bouger comme ils le souhaitent.
Le musée est aussi concerné par cette dimension inclusive ?
Bien sûr ! Pour notre prochaine exposition consacrée au metal, nous avons élaboré un parcours de sept vidéo en LSF.Une table tactile est présentée. Sans oublier des livrets faciles à lire et à comprendre (FALC) pour les personnes en situation de handicap mental.
Les personnes valides peuvent-elles se retrouver dans cette offre tournée vers le public en situation de handicap ?
C’est tout l’enjeu. Voir des chansigneurs interpréter des chansons, c’est beau. Cela confère à la représentation un supplément de poésie et une vision différente de l’œuvre grâce à la gestuelle et aux expressions des chansigneurs. Concernant les spectacles Relax, on se rend compte que tout le monde s’exprime. Les spectateurs, quels qu’ils soient, se sentent plus libres de leurs faits et gestes, de rire plus fort. Cela permet d’appréhender différemment ce que la Philharmonie peut proposer. Il y en a même qui ne remarquent pas qu’il s’agit d’une disposition particulière ! Vos lecteurs pourront en faire l’expérience cette saison avec le concert en famille Luz et les Sonidos le 25 mai ou La vie fantastique donné par l’orchestre Demos le 23 juin.
Infos pratiques : La Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean Jaurès, Paris 19e. Accès : Porte de Pantin (métro ligne 5, tram T3b). Infos et réservations sur philharmoniedeparis.fr
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12 mars 2024 - Paris