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Une Américaine à Boulogne

Si comme certains vous pensez que les Américains ne savent cuisiner que des steaks entre deux tranches de pain, allez donc vous attabler chez Cybèle.

Récemment, j’ai effectué un test dans mon entourage. La question était : « feriez-vous confiance à un Américain pour la cuisine ? ». Si la méthode n’avait rien de scientifique, les résultats ont toutefois laissé entrevoir quelques idées reçues. « Comment veux-tu qu’un chantre de la malbouffe soit capable de faire un bon gueuleton !? », ai-je notamment entendu.

Mes cobayes avaient sans doute en tête le clown Ronald et ses burgers. Certainement pas La table de Cybèle à Boulogne (92). Ici point de fast food. Plutôt du fast good. Et encore, rien ne vous empêche de prendre votre temps pour déguster les plats imaginés par la maîtresse des lieux, globe cooker patentée et ex-cheffe pâtissière à San Fransisco et New York.

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Installée à présent sur les bords de Seine, elle a choisi de cuisiner des produits frais de saison, ce qui l’amène à changer sa carte constamment. J’en ai tout de même conservé un aperçu, histoire de montrer à mes amis américano-culino-sceptiques qu’un Yankee était capable de cuisiner autre chose qu’un steak. Je vous laisse juger : crudo de Saint-Jacques – pomelos de Nice – pistaches ; escabèche de maquereaux – betteraves « bonbon » – mizuna ; tagliatelles d’encornets et fenouil – herbes – citron ; ballotine de lapin – risotto d’épeautre – navets boule d’or ; poire « conférence » et son sablé aux amandes – espuma de crème anglaise. Fantaisie supplémentaire : le soir, les plats sont à partager par toute la tablée, ce qui évite de lorgner goulûment sur la gamelle de son beau-père sans oser lui demander la permission de planter sa fourchette.

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Si le contenu des assiettes est enthousiasmant, ce qu’on trouve dans les verres ne l’est pas moins. Il faut dire que Cybèle s’est appliquée pour réaliser sa carte des vins. Elle a sillonné tous les chemins de traverse de l’Hexagone à la rencontre de petits producteurs bio. Le résultat est goulayant. Et comme en plus ces agapes prennent place dans un cadre chiadé avec soin, le tout n’en est que meilleur. Une table qui n’a pas échappée au bibendum Michelin, qui l’a faite figurer dans la dernière mouture de son guide en lui accordant une fourchette noir. Et malgré son physique de mangeur de big mac, il est homme de confiance lorsqu’il est question de passer à table.

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