C’est un lieu que je connais bien. De ceux qui s’offrent uniquement aux flâneurs et aux glaneurs d’atypique à Paris. C’est mon musée préféré ; il a une âme, et même plusieurs. Loin des musées froids et impersonnels, le musée Bourdelle (15e) a la singularité et la chaleur des ateliers-musées. Partout, on imagine le sculpteur Antoine Bourdelle à l’œuvre. Le jardin de sculptures, où jouait autrefois sa fille Rhodia, fait l’effet d’une oasis de verdure et de calme. Dans ce quartier pauvre en espaces verts, il est une bénédiction pour les riverains, une échappée bucolique qui offre l’avantage non négligeable d’avoir un accès gratuit. Les bancs et les chaises qui s’y trouvent invitent à prendre le temps de la contemplation.
Je suis entrée des dizaines de fois dans ce jardin. Comme moi, ceux qui ont la chance d’y flâner sont ravis de le retrouver après de longs mois de travaux et ne boudent pas leur plaisir de pouvoir désormais y manger. C’est dans l’ancien appartement de Rhodia – « peintre de génie » selon son père – que l’on découvre aujourd’hui le café-restaurant qui porte son nom.
Des airs de secret spot
Situé au premier étage du musée, il a des airs de secret spot. En ce jeudi midi d’avril, alors que le printemps continue de se faire attendre, je déjeune face à l’ancien poêle en fonte laissé en guise de témoignage. C’est le chef d’Isana, restaurant sud-américain situé dans le 9e, qui a composé la carte avec entre autres ses fameux ceviches et empanadas, évoquant ainsi les liens étroits qui unissaient le sculpteur à ses élèves d’Amérique du Sud. Les clins d’œil à Bourdelle sont d’ailleurs nombreux, notamment avec la brioche boule parfumée à la fleur d’oranger et les madeleines miel et garrigue, qui rappellent l’enfance du maître dans le Quercy.
Je jette mon dévolu sur les empanadas bien charnues farcies de mozzarella, d’oignons et d’olives avant un délicieux ceviche au lieu noir sauvage, citron vert, oignon rouge, aji limo, sucrine et patate douce. C’est frais, acidulé, gourmand et réconfortant. Deux messieurs, la soixantaine, sont attablés juste à côté de moi. « Je suis heureux d’être là, dit l’un d’eux, ça va devenir ma cantine ! » Le week-end, la carte s’allonge avec notamment un poulet fermier grillé mariné au chile ancho, servi pour deux personnes, accompagné de légumes rôtis et mesclun, ou encore des œufs retour du Mexique (brioche maison grillée, tartare de concombre et avocat, deux œufs bios, haricots noirs bios, pico de gallo, sauce cacahuète et sauce ancho). Mais le meilleur moment, le plus confidentiel, c’est celui de l’heure parisienne, celui du café de 10 h avec une brioche servie avec de la confiture de lait. Surtout ne le dites à personne…
Infos pratiques : café-restaurant Rhodia au musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, Paris (15e). Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, brunch tous les week-ends de 10 h 30 à 15 h. Tarifs : plats du jour entre 14 et 17 €, formule enfant à 11 €. Accès : métro Falguière (ligne 12).
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14 mai 2023 - Paris