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Superfluides réintroduit les bains chauds collectifs en ville

Les bains Superfluides lors l'édition 2017 du festival Bellastock sur l'Île-Saint-Denis / © Alexis Leclercq
Les bains Superfluides lors l’édition 2017 du festival Bellastock sur l’Île-Saint-Denis / © Alexis Leclercq

Si l'image des bains chauds collectifs renvoie dans l'imaginaire commun à l'époque de l'Antiquité, les bouillonnants membres de l'association Supefluides s'emploient depuis 2017 à la remettre au goût du jour. Nous avons rencontré Thaïs Marques, l'une des têtes pensantes du projet.

D’où est venue l’idée d’offrir des bains chauds accessibles à tous lors des manifestations publiques ?

Thaïs Marques : Grégory Joye, l’initiateur du projet, est architecte et s’occupait depuis longtemps d’installer le réseau d’eau des festivals d’architecture éphémère du collectif Bellastock. Depuis 2012, ils ont expérimenté diverses structures, du sauna au bain à remous, toujours en matériaux recyclés, afin d’offrir aux participants un instant de détente collectif. Ils ont vite réalisé le pouvoir relaxant et fédérateur de l’eau chaude, comme cela se pratiquait dans l’Antiquité. Le défi en créant l’association Superfluides, portée par une dizaine de bons vivants, fut de faire revivre l’esprit des bains publics de l’époque que ce soit en plein hiver comme nous l’avons fait aux Grands Voisins à Paris (14e) ou l’été avec Soukmachines. Pour nous, il est primordial que l’accès soit gratuit pour les utilisateurs et que ce soit les organisateurs qui prennent en charge les coûts.

Comment sont fabriqués et alimentés vos bains chauds ?

Nos six bains sont tous construits à partir de matériaux recyclés. Chaque bain est alimenté au bois et atteint les 40 degrés au bout de deux heures. L’eau est renouvelée une fois par jour, et elle est traitée au sel, de façon écologique. Comme le veut la tradition, un ou deux des bains sont laissés froids pour que les gens alternent.

Après un an d’exploitation, vous croulez sous les invitations. Les français ne sont-ils donc pas si pudiques ?

Nous avons été très surpris de cet engouement. Les gens sont naturellement attirés par l’eau. D’autant plus dans une ville comme Paris, où les habitants ont rarement une baignoire, sont assez déconnectés de la Seine et ne peuvent pas toujours se payer les hammams spécialisés. Lors du festival Bellastock mi-juillet, j’étais très amusée d’observer que même les plus pudiques se sentaient vite à l’aise.

Les bains Superfluides dans la friche des Grands Voisins à Paris (14e) / © Albertine Guillaume
Les bains Superfluides dans la friche des Grands Voisins à Paris (14e) / © Albertine Guillaume

Quelles sensations procurent ces bains d’eau chaude ?

C’est toujours bluffant de voir combien l’eau chaude apaise les corps et instaure un état de relaxation et de partage. Les bains étant assez étroits, on y entre à cinq personnes maximum et il n’est pas possible de les réserver. Cela pousse forcément à la rencontre, et la proximité physique donne lieu à une intimité entre des personnes qui ne se connaissent pas toujours. Nous avons des retours d’utilisateurs émerveillés qui témoignent d’une véritable expérience conviviale. Nous proposons des bains jusqu’en début de soirée, avant l’énergie festive de la nuit, comme un temps de pause collectif dans la ville en mouvement.

Quelles sont vos prochaines destinations  ?

En août, nos bains vont faire le IN du festival de théâtre de rue d’Aurillac. Nous participons à la pièce “Bains publics” présentée par la compagnie Les 3 points de suspension. Et d’ici la fin de l’année nous allons installer un hammam à destination des familles de l’Île-Saint-Denis sur le site d’ICI !,une association d’architectes qui participent à la co-construction d’un quartier de la ville avec les habitants. Par la suite, nous voulons développer la possibilité de faire cuire des aliments grâce l’énergie produite pour chauffer l’eau. Pour l’instant, notre atelier est à la Halle Papin à Pantin (93) mais nous cherchons un nouveau lieu afin d’y faire nos expérimentations et d’y installer de manière pérenne un espace détente, une véritable « station thermale urbaine ».

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Photographie Alexis Leclercq / Bellastock. A l’occasion de la douzième édition de son festival baptisé cette année La Ville des Terres, Bellastock réunira plus de 500 participants à L'Île-Saint-Denis du 13 au 16 juillet 2017, pour construire une ville éphémère en terre crue sur le site d’ActLab, l’atelier manifeste du réemploi de l’association.
Les bains Superfluides lors l’édition 2017 du festival Bellastock sur l’Île-Saint-Denis / © Alexis Leclercq

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