L’endroit n’est pas des plus affriolants : une station-service Esso posée au bord de la RN3 à Bondy (Seine-Saint-Denis). À notre gauche, un GIFI, face à nous, un Aldi. Au milieu, des dizaines de voitures qui tracent sur le ruban de bitume. C’est sûr, on est loin des bords de Marne… Même notre fidèle « assistadolescent » fronce un peu le nez. Pourtant, c’est là que se planque l’une des meilleures cantines qu’on ait pu tester.
Une fois passé l’auvent de la station, une devanture noire annonce Ev’Et, le restaurant de Samy Kurt. « « Ev » en turc se traduit par maison et « Et » signifie viande. « Ev’et », ça veut dire oui », nous explique Samy. Quant à l’implantation de son resto, il hausse les épaules devant notre circonspection… et notre ignorance : « En Turquie, c’est très fréquent d’avoir des lieux de restauration installés à côté des pompes… » Car Samy Kurt vient de Bursa, une ville de la région de Marmara. Et avec Ev’Et, il a eu envie de proposer du kebab « haut de gamme ». « J’avais l’habitude de manger dans des kebabs et, comment dire, c’était… Bref, j’avais envie de proposer un endroit où le service est rapide, mais où on peut aussi se poser avec de la nourriture de qualité. »
« Chuis choqué tellement c’est bon ! »
Car ici, tout est fait maison : les frites, mais aussi les sauces ou le pain qui est préparé sur place. Les pâtons attendent d’ailleurs tranquillement sur le plan de travail de passer au four. Quant à la viande, elle est marinée la veille dans des aromates avant d’être embrochée. J’opte pour ma part pour le classique « original » avec viande, salade, tomate, oignons et chou rouge. Mon rejeton choisit le « chicken » avec poulet au paprika. Le retour ne se fait pas attendre. À peine une bouchée et le voilà avec les yeux comme des soucoupes : « Chuis choqué tellement c’est bon ! » La phrase n’entrera pas dans les annales du guide rouge Michelin mais elle a le mérite de la clarté. En effet, on a rarement mangé un kebab aussi frais et bien équilibré. Autre révélation : la soupe de lentilles qu’on relève d’un filet de jus de citron. Dense, bien assaisonnée, rehaussée d’un trait d’huile d’olive, elle se révèle réconfortante en ce mois de février frisquet. Et si les döner ne sont pas votre passion, Samy propose d’autres spécialités de sa région, notamment l’iskender : « des petits morceaux de pains revenus dans la tomate avec de la viande, du yaourt et sur laquelle on dépose du beurre fondu ». Lahmacun et pide (les pizzas turques) sont également de la partie.
Ce qui frappe dans le restaurant de Samy, c’est aussi la tranquillité. Ici, pas de télé qui hurle en fond sonore. Il y a bien un écran qui présente les plats du chef mais il est en position mute et c’est une playlist musicale paisible qui accompagne la dégustation, sans empêcher les conversations avec son voisin. Les serveuses, très prévenantes, volent de table en table pour voir si tout va bien et déposent les plats disposés dans d’élégantes assiettes noires. « Pour moi, c’est important que la nourriture soit bien présentée », justifie Samy.
Justement, voici les baklavas, eux aussi joliment agencés et saupoudrés de poudre de pistache : pas raplapla comme on peut les rencontrer parfois mais bien joufflus et garnis de pistaches à peine concassées. Samy propose également, même s’il ne figure pas sur la carte, du knafeh : un fromage enroulé de cheveux d’ange, cuit au four puis parsemé de sirop. Bref, une vraie bonne surprise, planquée au fond de cette station-service. Et qui donne clairement envie de faire le plein.
Infos pratiques : Ev’Et by Samy, 108, avenue Gallieni, Bondy (93). Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 h 45 à 22 h 30. Accès : gare de Bondy (RER E) puis vingt minutes de marche ou Noisy-le-Sec (RER E) puis Église de Bondy (ligne 105). Plus d’infos sur Instagram
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7 mars 2023 - Bondy