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J’ai bien mangé pour 10 euros dans le Marais à la Collective parisienne

La Collective parisienne dans le quartier du Marais à Paris / © La Collective parisienne
La Collective parisienne dans le quartier du Marais à Paris / © La Collective parisienne

Cela ressemble à une mission impossible. Proposer une formule entrée/plat ou plat/dessert à seulement 10 euros dans le Marais. C'est pourtant ce qu'accomplit tous les jours la Collective parisienne, restaurant ouvert par le chef Claude-Rivel Sondé, soucieux de développer un projet solidaire pour donner du sens à son métier. Journaliste pour Enlarge your Paris, Virginie Jannière a poussé les portes de cette adresse pas comme les autres.

« Rendez-vous métro Saint-Paul pour le dej ? » Cette proposition suscite en général directement un rapide coup d’œil sur son compte en banque, tellement le Marais (3e et 4e) est réputé pour ses prix quelque peu prohibitifs. Pourtant, à la Collective parisienne, ouverte en 2021 dans l’étroite mais passante rue François Miron, les trois formules à la carte sont très loin de faire transpirer la carte bleue : le déjeuner entrée/plat/dessert est à 12 euros, la formule entrée/plat ou plat/dessert à 10 euros et le plat du jour à 8 euros, le tout avec une majorité de produits bios et de saison. La devanture vert bouteille a des airs de petite boutique de créateur. L’intérieur est d’ailleurs aménagé simplement mais avec goût. Des canapés et des fauteuils que l’on devine chinés ou récupérés, un mur vert canard, un autre rayé et des abat-jour fleuris composent le décor. Si l’ambiance est cosy, lorsque j’arrive à seulement 12 h 15, le restaurant est déjà plein à craquer et le rythme est soutenu dans la petite cuisine ouverte sur la salle.

Quand je demande à prendre la formule complète entrée/plat/dessert, on m’explique que la cuisine arrête la confection de l’entrée pour ce service, soit l’œuf frit, à cause d’une mauvaise évacuation des fumées : « Rien de pire que de repartir d’un restaurant avec une odeur de friture sur le manteau et nous n’avons pas le matériel nécessaire », nous avoue Claude-Rivel Sondé, le cuisinier et fondateur du restaurant. Un argument qui fait mouche et la gentillesse de notre serveur et du cuisinier ne peut que nous convaincre. Arrive alors notre effiloché de porc façon asiatique avec sa sauce super onctueuse, ses quelques cacahuètes et sa carotte caramélisée posée sur un riz savoureux. Comme pour mes voisines de table, il n’en restera pas une miette.

Solidarité et bons petits plats

J’engage d’ailleurs la conversation avec ces dernières. Elles me disent travailler toutes deux dans le quartier et ont eu la curiosité de pousser la porte au vu du monde attablé ici chaque jour. « À midi, nous accueillons beaucoup de gens qui travaillent dans le coin et qui ne souhaitent pas payer plus que leur ticket-restaurant. Mais le principe du restaurant reste surtout basé sur la solidarité. Si vous n’avez pas de quoi payer, vous nous le dites discrètement et les pourboires des autres clients permettent de payer des repas à ceux qui ne peuvent pas. C’est le principe du « repas suspendu » », m’indique Claude-Rivel.

Après avoir œuvré dans les cuisines du Centquatre et du musée Jacquemart-André à Paris, le chef a souhaité s’impliquer différemment. « Je ne me voyais plus travailler uniquement comme cuisinier, envoyer des steaks et rentrer chez moi sans avoir pu réfléchir au but de mon métier », confie-t-il. Après avoir ouvert le Troisième Café dans le Marais, le chef ne souhaite plus revenir à sa « vie d’avant » et imagine la Collective parisienne. « Au début, nous étions une quinzaine derrière ce nouveau projet solidaire, mais évidemment ce n’était pas tenable dans la durée. Nous ne sommes plus désormais qu’une poignée mais restons très soutenus par les gens du quartier », affirme-t-il.

Avec un tel concept, la Collective parisienne ne rentre évidemment pas dans ses frais mais a pu recevoir quelques subventions et surtout beaucoup de soutien de la part des riverains. En plus de cela, de nombreuses associations privatisent les lieux pour leurs événements. Et tous les jeudis soir, une association y propose du soutien scolaire. La Collective porte bien son nom.

Infos pratiques : La Collective parisienne, 70, rue François Miron, Paris (4e). Ouvert du lundi au samedi de 12 h à 15 h. Accès : métro Saint-Paul (ligne 1). Plus d’infos sur Facebook

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