Alors que les Jeux paralympiques de Paris s'achèvent ce 8 septembre, Vincent Lassalle, président du Comité départemental handisport de Paris, dresse un point sur la pratique du handisport à Paris et dans les départements franciliens.
Quelle est la mission du comité départemental handisport de Paris ?
Vincent Lassalle : Avec la Ville de Paris, nous sommes chargés de faire fonctionner 40 clubs et sections handisport dans la capitale. 1 100 personnes sont licenciées à Paris, mais, si on ne compte pas guides et encadrants, il n’y a en réalité que 700 personnes inscrites dans des clubs, ce qui est très peu par rapport aux dizaines de milliers de personnes en situation de handicap à Paris.
Qu’attendez-vous de ces Jeux paralympiques ?
Ces Jeux ont l’avantage de donner un grand coup de projecteur sur ces athlètes mais surtout sur le sport en général. Tout le monde parle de handicap, je préfère parler de sportifs de haut niveau qui ont un handicap. Cela va apporter de la fierté à beaucoup de personnes en situation de handicap et leur donner envie de pratiquer. On va devoir ensuite travailler pour leur trouver des clubs. Ce qui est loin d’être aisé.
Pourquoi ?
Selon le type de handicap et le lieu de résidence de la personne qui souhaite être licenciée, cela reste beaucoup plus compliqué de trouver un club ou une section qui convient que pour une personne valide. Tous les clubs doivent s’ouvrir aux handicaps. C’est le message que nous essayons de faire passer. Il va falloir être très imaginatifs et ouvrir les dispositifs pour que la pratique handisport se développe.
La Ville de Paris est-elle bien lotie au niveau de ses installations ?
Avec le Comité paralympique et sportif français, Paris a été moteur dans la création des clubs para-accueillants. Désormais, le programme « para-accueillant inclusif » est devenu un dispositif national, décliné donc dans tous les départements, qui permet une aide financière et pas mal de formations. Les dirigeants des clubs sportifs valides peuvent ainsi être mieux préparés à l’accueil de la pratique handisport et mieux communiquer auprès du public.
Existe-t-il de grosses différences entre Paris et les autres départements franciliens ?
Nous travaillons tous ensemble, mais évidemment il existe des disparités de moyens, de stratégies aussi. Parfois il y a du moins mais parfois il y a aussi du plus en banlieue ! Nous dépendons tous d’une fédération qui nous aide et nous donne les mêmes directives.
Quel héritage les Jeux paralympiques de Paris 2024 peuvent-ils laisser à l’Île-de-France en matière d’infrastructures ?
De nombreux sites ont été rendus plus accessibles et on a construit plusieurs gymnases mais chaque dirigeant de club doit réfléchir à ce qu’il a la capacité de réaliser. Peut-il par exemple partager un gymnase entre valides et non valides, partager les lignes d’eau d’une piscine ? Il sera intéressant, par exemple, de voir ce que va devenir PRISME, un tout nouveau lieu de pratique handisport en Seine-Saint-Denis partagé entre valides et personnes en situation de handicap.
Ces Jeux ont certainement permis de sensibiliser le public…
La sensibilisation des personnes valides fonctionne très bien mais nous touchons paradoxalement beaucoup moins les personnes en situation de handicap. Reste à réaliser un très gros travail de fond : montrer à ce public que le sport est possible pour eux aussi, et former des professionnels du sport selon les handicaps et les disciplines. J’espère maintenant que le soufflé de l’enthousiasme autour de ces Jeux paralympiques ne va pas retomber trop vite. Il va falloir que les politiques écoutent désormais le terrain.
3 septembre 2024