Quelle est la genèse de ce projet ?
J’ai eu l’occasion de partir en Corrèze pour un stage sur le développement du tourisme lié à la pêche et j’ai été frappé par la fierté et la connaissance du territoire des habitants. Lorsque l’on me demandait d’où je venais, je n’avais pas grand chose à raconter d’Aulnay-sous-bois et du 93 en général. J’ai par la suite dû trouver un autre stage et c’est là qu’un ami, qui s’apprêtait à entamer un tour de France des alternatives, m’a conseillé de voyager en Seine-Saint-Denis et d’en faire l’axe de ce nouveau stage. Une idée qui a plu au Comité du tourisme du 93 et qui s’est traduite par un carnet de route et des podcasts relatant mon périple de 4 mois à travers les 40 communes du département. Après cela, de nombreuses personnes m’ont dit qu’il manquait une trace vidéo. En juillet 2016, je suis donc reparti un mois en vadrouille seul avec ma caméra et le soutien courageux de Nabil Habassi, mon producteur originaire d’Aubervilliers et qui a créé l’agence audiovisuelle 60sfilmz.
Quels souvenirs les plus marquants conservez-vous de ce voyage ?
J’ai reçu un accueil très chaleureux. Les habitants m’invitaient chez eux sans hésiter et j’étais fasciné de voir comme ils se confiaient à moi. Ce qui m’a touché, c’est cette envie de partage et de générosité. L’objectif était aussi de replonger dans ma propre histoire familiale et ce fut dingue de découvrir une photo de mon grand-père dans les archives d‘Aulnay-sous-bois. Les personnalités qui m’ont le plus ému sont celles qui ont su créer leur propre espace de liberté. Comme Camo et Ioanis du cirque Raj’ganawak à Saint-Denis. J’ai également adoré échanger avec Greg, l’accompagnateur jeunesse de Stains, passionné et fier de son travail auprès des jeunes, qui donne beaucoup sans rien attendre. Autant de personnes qui font de grandes choses au quotidien et qui méritent une place au Panthéon.
Quelles sont vos trois adresses immanquables en Seine-Saint-Denis ?
Il y a les Tatas flingueuses à Montreuil, une super boutique-café qui pourrait servir aussi d’office de tourisme tellement l’équipe connait la ville comme sa poche. Toujours à Montreuil, l’atelier à pain du Fournil éphémère est un super projet que j’ai eu la chance de voir grandir ces dernières années. A Aubervilliers la cité de la Maladrerie est une pépite architecturale. Et il vous faut absolument vous faire une nuit à Neuilly-sur-Marne au camping de la Haute-Île et en profiter pour manger chez A toutes faims tenu par l’un des meilleurs pizzaïolos au monde.
Comment êtes-vous parvenu à condenser votre long périple en un film ?
On avait 300 heures de rush donc autant dire que le montage pour parvenir à 58 minutes de film fut une belle galère. J’ai choisi un monteur slovaque qui ne connaissait pas du tout la Seine-Saint-Denis, comme ça lorsqu’il jugeait qu’une scène valait le coup c’était bien plus objectif que quelqu’un du territoire. Je suis un peu frustré car j’aurais aimé rendre justice à toutes mes rencontres, d’où la compilation de portraits à la fin. Quant au résultat filmique, c’est mon premier essai et je ne suis pas réalisateur. Parfois j’ai perdu de chouettes passages filmés car j’avais bêtement oublié d’allumer le micro. Le résultat est un vrai travail d’équipe avec le monteur et le producteur qui m’ont tous deux accompagné bien au-delà de leur propre rôle. Mais les difficultés commencent vraiment maintenant avec la diffusion.
Comment le film est-il reçu ?
On a plus de mal à convaincre les programmateurs des salles de cinéma de Seine-Saint-Denis que ceux de Province. Les raisons sont floues mais on nous rétorque souvent que tout le monde sait déjà que c’est un super territoire. Il semble surtout qu’ils ne sont pas à l’aise avec le fait que c’est un objet de discussion et non une oeuvre d’art. Peut-être qu’on a trop travaillé avec notre coeur et pas assez avec notre tête. C’est d’autant plus frustrant car c’est un produit ultra-local. Toute l’équipe, même le compositeur de la musique, est à 100% du 9-3. C’est un film de vacances, une carte postale qui reste en surface et doit intriguer le public, l’inciter à creuser ce territoire par lui-même. J’aime bien dire que ce n’est pas un film pour les fainéants. Nous réfléchissons déjà à reproduire le procédé pour donner à voir d’autres départements, en Île-de-France pour commencer et pourquoi pas en dehors par la suite.
Infos pratiques : Projections de « Mon incroyable 93, le documentaire » le 15 janvier à Stains, le 19 janvier au Blanc-Mesnil, le 23 janvier à Clichy-sous-Bois (en cours de validation) et le 31 janvier à Saint-Ouen. Plus d’infos sur Facebook
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18 décembre 2018 - Aubervilliers