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Une bibliothèque pour emprunter des objets à Montreuil

On compte une dizaine de bibliothèques d'objets en France, dont une à Montreuil / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
On compte une dizaine de bibliothèques d’objets en France, dont une à Montreuil / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Parce qu'on n'a pas si souvent besoin d'une perceuse ou d'un appareil à raclette, l'Observatoire du partage à Montreuil a ouvert une bibliothèque d'objets, l'une des rares qui existe en France.

Petite question : selon vous, combien de temps, en cumulé, allez-vous utiliser la perceuse que vous avez achetée chez Monsieur Bricomerlin ? On vous laisse mouliner avant de dégainer la réponse. Prêt ? 12 minutes. Oui, au cours de sa « vie », votre perceuse aura vrombi en tout et pour tout 720 secondes. « En fait, on n’a pas besoin d’une perceuse, mais d’un trou dans le mur. Cela n’a pas de sens d’être propriétaire d’un bien dont, finalement, on ne se servira peut-être que deux fois », résume Sylvain Mustaki, président de l’Observatoire du partage, organisation montreuilloise à qui on doit la naissance de la B.O.M., la Bibliothèque d’objets de Montreuil.

La B.O.M., c’est comme le port-salut : c’est écrit dessus. En l’occurrence, il suffit d’adhérer moyennant 10 € ou moins et vous pourrez emprunter « des objets du quotidien d’une utilisation rare ou ponctuelle », explique Sylvain Mustaki. Des réserves de la B.O.M. installée dans un ancien centre de santé municipal à deux pas de La Croix de Chavaux, on peut donc aussi bien repartir avec un tournevis, une machine à pop-corn, un appareil à raclette qu’avec une tronçonneuse ou un jeu de Mölkky. Le prêt hebdomadaire est gratuit pour les objets valant moins de 20 € et monte ensuite graduellement jusqu’à 50 € pour ceux dont la valeur est supérieure à 1 000 €.

La B.O.M. est pionnière dans son secteur. Il n’existe que 400 bibliothèques d’objets dans le monde entier dont seulement une petite dizaine en France. « Le mouvement a émergé il y a une dizaine d’années, raconte Sylvain Mustaki. Cela va de pair avec une évolution de la société. Auparavant, la démarche était très inscrite : on avait besoin de quelque chose, on allait chez Leroy-Merlin ou Décathlon. Aujourd’hui, on va davantage se tourner vers Le Bon Coin ou Vinted… » Au-delà de la dimension écologique, il s’agit aussi d’« aider les gens ici et maintenant. La B.O.M. répond à une situation réelle de crise ». De fait, Sylvain Mustaki se réjouit de la mixité des 400 adhérents. « À notre grande et joyeuse surprise, nous ne sommes pas un « truc de bobos ». Le public est très mélangé et on tient à ce que ça reste comme ça ! »

Longue vie aux objets

Établie sur 600 m2, la B.O.M. s’impose comme une véritable galaxie du réemploi et du faire soi-même. On peut y suivre des cours de couture, s’initier à la menuiserie, louer un studio de répétition avec batterie, piano numérique, des amplis et tutti quanti. Peut-être un clin d’œil à l’ancienne vie de Sylvain Mustaki qui fut le producteur des tournées françaises d’ACDC, Johnny Clegg ou encore… Holiday On Ice. Et qui s’est aussi investi dans de grands concerts caritatifs à l’instar de celui de SOS Racisme en 1985 place de la République ou encore Rock sans Papiers en 2010. Mais, en ce mercredi matin, la dame qui arrive dans le hall ne vient pas pour faire une jam entre amis. Elle s’avance vers le comptoir avec, posée sur un diable, une machine à coudre recouverte de sa housse. « Elle patine et le tissu ne suit pas », se plaint-elle. Alain, dit « Tonton Sim » la rassure : « Des machines comme ça, on en sauve une par semaine ! » Car la B.O.M. propose deux fois par semaine – les mercredis et samedis après-midi – des ateliers de co-réparation à prix libre. Tonton Sim, régisseur et co-réparateur, nous emmène dans son atelier. Le grille-pain défectueux ? « Souvent ce sont des simples miettes qui empêchent le micro-aimant de fonctionner» L’aspirateur en panne d’aspiration ? Il suffit de voir où en est la batterie. « En fait, nous nous situons en amont de la problématique des déchets, résume Sylvain Mustaki. Puisque le meilleur déchet, c’est finalement celui qu’on ne produit pas»

Dans le hall, une étrange machine attire notre attention. Sur plusieurs boitiers, des piles sont installées en ligne. Il s’agit de la RegenBox qui permet de recharger les piles dites « à usage unique ». Dans les années 80, Karl Kordesh, l’un des inventeurs de la pile alcaline, trouve le moyen de régénérer ces piles. Il dépose alors un brevet mais la découverte tombe dans l’oubli. Elle est exhumée par l’Atelier 21, collectif citoyen qui œuvre pour la transition énergétique. « À ma connaissance, la RegenBox n’existe nulle part ailleurs », note Sylvain Mustaki. Il suffit donc de venir avec ses piles usagées pour repartir avec des piles fraîchement rechargées. Une nouvelle preuve que la B.O.M., c’est assurément de la bombe.

Infos pratiques : La B.O.M., 2, rue Girard, Montreuil (93). Accès : métro Croix-de-Chavaux (ligne 9). Ouvert les mercredis et samedis de 11 h à 19 h. Plus d’infos sur bom93.com

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