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« Pour faire une métropole, il faut se connaître, se rencontrer »

Les Ateliers Médicis, à Clichy-sous-Bois, à proximité d'une future gare du Grand Paris Express
Les Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois, l’un des emblèmes du Grand Paris de la culture / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Et si la culture était l'une des clés d'appropriation du Grand Paris ? Alors que Nuit Blanche se tiendra de nouveau de part et d'autre du périphérique les 2 et 3 octobre, Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff et conseillère déléguée à la Culture à la Métropole du Grand Paris, partage sa vision avec Enlarge your Paris.

Pour cette nouvelle édition, Nuit Blanche passe de nouveau le périphérique, avec une programmation artistique dans de nombreuses villes de banlieue…

Jacqueline Belhomme : La métropole du Grand Paris est un territoire de 7,2 millions d’habitants et de 131 communes, d’une richesse artistique incroyable. Notre tissu de créateurs et de lieux culturels est non seulement unique au monde mais aussi d’une très grande diversité, ce qui me fait d’ailleurs dire que nous ne sommes pas la capitale de la culture mais la métropole des cultures ! Et ce bouillonnement quotidien doit se partager, se montrer, être accessible à tous. C’est pour cela que nous avons souhaité que Nuit Blanche s’ouvre au Grand Paris. Depuis le début de Nuit Blanche à Paris, les habitantes et les habitants de banlieue participent en nombre. Avec cette troisième Nuit Blanche à l’échelle de la métropole du Grand Paris, la circulation des publics et des œuvres se fait dans les deux sens. Les Parisiens vont ainsi découvrir des artistes et des œuvres en banlieue. Une dynamique qui sera d’ailleurs bientôt amplifiée par le futur métro du Grand Paris.

On connaît la richesse culturelle de Paris. Qu’est-ce que le Grand Paris a de spécifique sur le plan artistique ?

J’ai en tête l’exposition Trésors de banlieue, présentée à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) à l’automne 2019. Plus de cinquante villes de banlieue y ont exposé des œuvres qu’elles avaient commandées, et qui couvraient deux siècles de création, de Caillebotte à Chagall et Picabia. La culture extra-muros existe depuis longtemps par la combinaison de la force créatrice des artistes et de la volonté des élus. Mais Nuit Blanche permet aussi de sortir la culture des institutions et des musées, de mettre sur le devant de la scène des lieux alternatifs incroyables comme Le 6B à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Mains d’Œuvres à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Le Générateur à Gentilly (Val-de-Marne) ou encore des réseaux de centres d’art contemporain comme TRAM. Il faut aussi mentionner les Ateliers Médicis, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), un lieu de création unique qui rayonnera dans toute la métropole avec l’arrivée du métro du Grand Paris Express.

La hausse du prix des logements dans le Grand Paris ou encore la crise du Covid n’ont-elles pas fragilisé la situation des artistes et, de manière générale, de tous les créateurs ?

Est-il difficile de créer en banlieue ? Sans doute pas plus qu’ailleurs. Mais il est clair que nous devons prendre soin des artistes et des artisans, les aider à se loger quand cela est possible, à partager leur travail, ouvrir des endroits comme les tiers-lieux pour faciliter la rencontre entre les créateurs et les habitants. Les artistes doivent rester au plus près des Grand-Parisiens et des Grand-Parisiennes pour continuer d’alimenter le bouillonnement créatif de la métropole et aller chercher les publics les plus éloignés de l’art. Nous souhaitons aussi qu’ils participent à repenser notre rapport au patrimoine via ce que nous appelons le « matrimoine », une démarche qui vise à donner une plus juste place aux femmes dans l’espace public, notamment en donnant des noms féminins aux rues, stations de métro, médiathèques…

L’identité grand-parisienne en est encore à ses prémices. Que peut faire la culture pour nourrir l’imaginaire du Grand Paris ?

En effet, le récit du Grand Paris n’en est qu’à ses débuts. Les sujets à traiter sont nombreux comme le développement de la métropole du Grand Paris, les enjeux de logement, de solidarité, de transport, d’écologie, de travail… Dans ce contexte, la culture a un rôle à jouer, celui de créer du lien entre les habitants des 131 communes d’une métropole aussi dense que diverse. Pour faire une métropole, il faut se connaître, se rencontrer. Alors bien sûr, il y a la frontière physique du périphérique ; mais on ne doit pas négliger les autres frontières, sociales et psychologiques : les barrières du cliché. Il faut les faire tomber, et la vie culturelle du Grand Paris va y contribuer !

Plus d’infos sur metropolegrandparis.fr

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