Société
|

Komunuma, quartier culturel en devenir à Romainville

Les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville qui doivent accueillir la Fondation Fiminco / © Fondation Fiminco
Les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville qui doivent accueillir la Fondation Fiminco / © Fondation Fiminco

Symbole du patrimoine industriel de Seine-Saint-Denis, les anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville vont être réhabilités par la Fondation Fiminco qui souhaite en faire l'un des centres de création artistique qui compte dans le Grand Paris. Ouverture prévue en septembre prochain alors qu'un appel à candidatures est en cours afin de sélectionner les 20 premiers artistes qui s'installeront dès avril.

La Seine-Saint-Denis ne manque pas de pépites industrielles. L’époustouflante chaufferie centrale des anciens laboratoires pharmaceutiques Roussel-Uclaf à Romainville est l’une d’elles. A son apogée, l’usine employait plus de 4000 personnes et s’étendait sur près de 10% de la commune. Avec ses briques rouges, ses grands volumes, sa hauteur sous plafond et ses escaliers vitrés, le complexe a des allures de campus. « On voit dans les documents d’époque une cheminée de quasiment 60 mètres de haut au-dessus de la chaufferie, c’était Métropolis », souffle Joachim Pfielger, directeur de la Fondation Fiminco et qui a pour mission de piloter la transformation des lieux en un quartier dédié à la création artistique, Komunuma (commune en esperanto, Ndlr).

Pour les différents acteurs de ce projet titanesque, il s’agit d’en finir avec le centralisme culturel de Paris intra-muros et de contribuer à faire émerger un imaginaire métropolitain. C’est d’ailleurs le souhait de Joachim Pfielger : « Le Grand Paris est une chance extraordinaire grâce notamment à son futur réseau de transport. Mais si l’on veut que le Grand Paris fonctionne, il doit être incarné. Et quoi de mieux pour l’incarner que la culture ? » Même son de cloche chez Jérémy Chabaud, à la tête de l’association Jeune Création, partie prenante du projet : « Nous avons besoin d’être au plus près des artistes qui sont de plus en plus nombreux à vivre en banlieue pour des raisons économique mais aussi parce qu’ils recherchent des espaces pour créer. Il faut décloisonner notre façon de penser la culture. »

D’une ancienne usine pharmaceutique à un labo de recherche artistique

Pour faire de l’ancienne usine pharmaceutique de Romainville un laboratoire de recherche artistique dédié aux arts visuels, la Fondation entend s’appuyer sur des résidences artistiques. L’appel à candidatures, actuellement en cours, doit permettre de sélectionner 20 artistes invités à s’installer dès avril. L’un d’eux sera convié à investir la grande centrale thermique, qui sera ouverte au public, tandis que chacun des artistes bénéficiera, en plus d’un atelier, d’un accompagnement sur-mesure, de la phase de développement d’un projet artistique à celle de sa diffusion.

Pour imaginer ce format de résidence à 360°, les équipes de la Fondation ont rencontré un grand nombre d’acteurs culturels du Grand Paris, du collectif d’artistes du Wonder/Liebert aux Ateliers Médicis de Clichy-Montfermeil. Ils se sont également inspirés d’initiatives à Berlin, Londres et Bruxelles. Malgré une grande liberté laissée aux artistes, les projets devront veiller à nouer un dialogue avec le territoire. « La culture, au même titre que le commerce, est un élément constitutif de la ville, souligne Joachim Pfielger. Par ailleurs, l’élan artistique se nourrit du rapport qu’un artiste entretient avec ses publics au sens large. La culture a toujours été vivace quand elle était diverse. Chaque fois qu’elle a été institutionnalisée ou uniformisée, elle a perdu de son élan artistique. »

Pour relever ce défi, la Fondation Fiminco s’est entourée de nombreux partenaires parmi lesquels cinq galeristes (Josselyn Wolff, Air de Paris, In Situ – Fabienne Leclerc, Imane Farès et Vincent Sator) et le FRAC (Fonds régional d’art contemporain) qui a fait l’acquisition d’un bâtiment pour y abriter les 1.600 oeuvres que comptent ses réserves, dont certaines seront exposées. Quant à l’association Jeune Création, elle va pouvoir poser ses valises après 70 ans de nomadisme. « Nous allons penser à la fois des expositions « laboratoires et courtes » et d’autres aux formats plus longs, mais aussi réfléchir à des moments de transmission entre des figures célèbres de l’association et des très jeunes artistes, décrit Jérémy Chabaud. Je suis attaché à l’idée de compagnonnage dans l’art. » Rendez-vous en septembre prochain, date de l’ouverture du site au public, pour voir si les rêves auront pris forme dans ce laboratoire culturel.

Plus d’infos sur la page Facebook de la Fondation Fiminco

A lire : La ville en commun, ça s’apprend