Une fois par mois, les membres du collectif d’urbanistes « Le Voyage métropolitain » organisent des randonnées ouvertes à tous dans des lieux reculés, méconnus ou incongrus de la grande banlieue parisienne. Nous les avons accompagnés un samedi de février dans l'un de ces voyages. Et ce week-end, ils remettent ça.
A 10 heures, rendez-vous est donné avec l’équipe du Voyage métropolitain sur le quai 40 de la station RER de la gare du Nord. On se reconnaît sans difficultés à nos équipements de randonnée. Sacs à dos légers, blousons chauds et imperméables, chaussures de marche confortables. Avec cet attirail, on tranche d’avec la foule ordinaire des travailleurs de banlieue ou de ceux qui vaquent à leurs occupations du week-end mais qui en aucun cas ne prennent le RER comme d’autres prendraient l’avion : pour voyager.
Là, sur ce bout de quai qui ne sent pas vraiment bon, à l’endroit où se trouvent les écrans de contrôle destinés aux chauffeurs des trains, on sacrifie au rite des randonneurs en groupe, lorsque tout le monde ne se connait pas encore. Chacun se présente, profils plutôt jeunes, très diplômés, travaillant les uns dans l’urbanisme ou des cabinets d’architectes, les autres dans le social et l’associatif.
Voyage dans les lisières
Attendant le train, on se fait face dans ce lieu du Nord de Paris, sorte d’antichambre de la banlieue. Mais le vrai point de départ de la randonnée c’est là où le RER doit nous déposer, à Evry-Courcouronnes (91), 40 km plus loin. Dans environ 7/8 heures, nous aurons rallié Viry-Châtillon (91), dont les maisons en meulière s’étalent le long de la Seine.
Pour cela, indiquent les organisateurs , nous suivrons un tracé défini entre la Seine et l’A6, ces deux fleuves qui irriguent Paris par l’Est et le Sud. La carte indique plus ou moins nettement que nous traverserons des cités nouvelles et des banlieues anciennes, des ZI et des zones agricoles en lambeaux ; et sans doute des zones tout court, ces lieux indéfinis dont les plans au 1/100.000 ne peuvent rien dire.
Tous ces promeneurs d’un jour semblent partager l’idée qu’arpenter ces territoires qui ne se visitent pas, c’est déjà voyager. Qu’aujourd’hui, alors que le monde entier s’expose sur les écrans de smartphones, aller voir ce qui se joue discrètement à portée des tours de Notre-Dame n’est pas idiot. Que certainement c’est la ville de demain, c’est à dire d’aujourd’hui, qui s’y invente.
9 mars 2015