Il y a cinq ans, le milieu de la Nuit se mettait en pause à cause d’un fichu virus dont on se serait bien passés. Pendant ce temps-(presque)mort, de nombreux professionnels de la fête ont réfléchi aux violences dont ils pouvaient être témoins ou victimes en club, tandis que le mouvement #MeToo a permis d’ouvrir les yeux sur de nombreuses VHSS (Violences et harcèlement sexistes et sexuels). Mais alors, comment repenser les lieux festifs pour les rendre plus sécurisants et accessibles à tous ? C’est la question qui sera débattue aux Magasins Généraux ce samedi 18 janvier à Pantin (Seine-Saint-Denis) à l’occasion de « La fête est-elle (vraiment) finie ? »
Retour en arrière. Nous sommes en juin 2023. La DJ Paloma Colombe raconte sur Instagram les violences sexistes et le harcèlement qu’elle a subis lors d’un set au Cabaret Sauvage (19e). À la suite de cette publication, un manifeste « Réinventer la nuit » est imaginé pour réclamer un cadre de travail plus sécurisant pour les artistes des bars et des boîtes de nuit. « Après l’écho médiatique qu’a reçu ce manifeste, nous avons décidé de former le collectif « Réinventer la nuit », explique Laure Togola, programmatrice à la Boule Noire, qui sera présente samedi aux Magasins Généraux. Durant toute l’année 2024, le collectif a travaillé pour récolter des récits anonymes et en tirer une analyse des violences en milieux festifs. L’objectif : établir les caractéristiques de ces agressions, leur nature, leur récurrence, mais aussi l’impact professionnel et personnel qu’elles ont sur les artistes. « On cherche à prendre conscience de ce qui se passe dans nos fêtes », développe Laure Togola.
« La philosophie de la fête de demain, c’est l’inclusivité »
En mai dernier, elle a organisé un atelier avec un autre collectif, « Au-delà du club », où les participants devaient inventer à quoi ressemblerait la fête dans une situation extrême (apocalypse climatique, montée d’un régime fasciste etc.). Ce recours à la fiction a permis au collectif de comprendre les attentes du public. « Les participants ont demandé plus de fêtes en extérieur, de liens entre les générations ainsi que de grands banquets ouverts », indique Laure Togola.
Mais avant d’imaginer la fête de demain, de nombreuses choses doivent encore changer, notamment sur la sensibilisation et la prise en charge des VHSS. Certains lieux décident désormais de former leurs équipes pour réduire les risques de violences et prendre en charge les victimes. Selon Laure Togola, ce travail est nécessaire pour que les soirées deviennent un lieu de communion partagée. « La philosophie de la fête de demain, c’est l’inclusivité, ajoute-t-elle. Il faut donc aussi prendre en compte l’architecture des lieux afin de pouvoir accueillir les personnes souffrant de handicaps. Et puis il nous faut moins de fêtes capitalistes où on consomme et on se barre, et plus de moments de partage. » Qui a dit que la fête n’était pas politique ?
Infos pratiques : « La fête est-elle (vraiment) finie ? » aux Magasins Généraux, 1, rue de l’Ancien Canal, Pantin (93). Samedi 18 janvier de 16 h à minuit. Entrée libre sur inscription. Accès : métro Église de Pantin (ligne 5). Plus d’infos sur magasinsgénéraux.com
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15 janvier 2025