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Il était une fois le Grand Paris vu par les écrivains

Le panorama depuis la terrasse de la Lanterne dans le parc de Saint-Cloud / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Le panorama depuis la terrasse de la Lanterne dans le parc de Saint-Cloud / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Si on ne compte plus les livres qui prennent Paris pour décor, le Grand Paris aura lui attendu 2017 pour apparaître sur la couverture d'un roman. D'Aurélien Bellanger à Julia Deck, tour d'horizon des écrivains qui racontent le Grand Paris.

Une ville est faite de récits. Ce n’est certainement pas Paris qui dira le contraire, vedette de la littérature depuis des siècles, de Notre-Dame de Paris de Hugo à Paris est une fête d’Hemingway. En revanche, il aura fallu attendre 2017 pour que le Grand Paris figure pour la première fois sur la couverture d’un roman avec Le Grand Paris d’Aurélien Bellanger paru chez Gallimard et qui dépeint le territoire à travers l’ascension d’un Grand-Parisien ambitieux, Alexandre Belgrand.

« Le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur » disait Émile Zola. Une définition qui, un siècle après, colle parfaitement à la manière de Bellanger de raconter des histoires, lui qui s’offre régulièrement de longues promenades à vélo en banlieue (son compte Twitter en témoigne). « J’ai grandi dans la banlieue d’Évry, en Essonne, juste avant les champs. L’appartenance à l’agglomération parisienne se manifestait par la seule présence du RER. Mais en même temps, j’allais peu à Paris avant d’y faire mes études. C’était à la fois déprimant et sublime », se souvient-il.

La banlieue, le dessinateur Gilles Rochier la connaît lui aussi par coeur. Dans ses BD, il nous plonge dans les grands ensembles de la petite couronne. Un décor qui lui a été « imposé » et « qu’il aime ou déteste selon les jours ». « Je suis un enfant de banlieue né en mai 68. J’ai toujours grandi dans des quartiers populaires, avec des tours qui se construisaient autour de moi. Le quotidien que je décris dans mes BD, je ne peux pas le transposer ailleurs, car c’est aussi mon quotidien. »

Né à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Rachid Santaki pourrait en dire tout autant. Dans ses polars, Laisse pas traîner ton fils, La légende du 9-3 ou encore Les anges s’habillent en caillera, il a fait de la Seine-Saint-Denis son personnage principal. Mais tous les auteurs ne choisissent pas de coucher sur papier le Grand Paris dont ils sont familiers. C’est le cas de Julia Deck, « née à Paris, élevée dans des quartiers populaires de la capitale qui n’existent plus », et dont le dernier roman, Propriété privée, se déroule dans une zone pavillonnaire de banlieue. « Ce livre est né d’impressions liées aux mouvements qui s’opèrent entre Paris et ses banlieues, un exode encouragé par les promoteurs immobiliers et les transformations des réseaux de transport. »

La banlieue, une constellation de lieux très différents

L’auteure évoque un quotidien rêvé dans une maison avec jardin qui va virer au cauchemar. « Bien sûr ces pavillons peuvent rendre des gens très heureux !, tempère-t-elle. Ce qui me semble difficile, et que je raconte, c’est d’acheter du rêve sur papier, sans se rendre compte de la réalité du terrain. Évidemment, on dit la banlieue, mais ce sont en réalité des banlieues extraordinairement diverses. Ce qui les rassemble, c’est que ce sont des zones intermédiaires, pas vraiment des villes, ni des campagnes. »

Dans ces livres, le Grand Paris apparaît comme une constellation faite aussi bien de lieux emblématiques que d’autres plus sombres. Une vision que défend le réalisateur Stefan Cornic dans une série de court-métrages baptisée « Le Grand Paris des écrivains » en partenariat avec Le Pavillon de l’Arsenal à Paris (4e). « Je voulais montrer la diversité des paysages du Grand Paris. Des paysages que l’on ne connaît pas toujours ou que l’on ne regarde pas toujours. L’image de Paris est assez figée, mais elle évolue énormément en ce moment. « Le Grand Paris des écrivains » en rend compte par l’image et par les mots », résume-t-il. 

Julia Deck y dépeint pour sa part la Place des Fêtes à Paris (19e). « Il reste ce genre d’îlots où on trouve majoritairement des logements sociaux ou des grands ensemble affreux où personne ne va. Ces enclos moches offrent une espèce de refuge aux populations les plus modestes, car les autres ne veulent pas y aller, décrit-elle. L’architecture résiste, massive, brutale, hideuse. Mais en même temps, il y a un énorme Naturalia flambant neuf qui essaie d’exister au milieu de tout ça. La population change. »

Des évolutions qui transparaissent dans les BD de Gilles Rochier. « L’objectif n’est pas de dire que c’était mieux avant. Mais de montrer que le Grand Paris est un grand bouillon, une expérience. » Le Grand Paris ne craint plus la page blanche.

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