Après les tours Eiffel miniatures et les t-shirts "I Love New York", c'est au tour de la banlieue d'avoir droit à ses produits dérivés. Architecte et habitante de Montreuil, Lisadie Dutillieux a eu l'idée de créer des pochettes et des gravures à l'effigie de l'outre-périphérique.
On connaissait déjà les produits dérivés à la gloire des monuments de Paris. Depuis 2013, plus de 200 références ont même été lancées par la mairie, du sempiternel mug en passant par les porte-clés, les T-shirts, les sacs (etc.). Restait à faire de même pour la banlieue. Un manque auquel s’est attaqué avec culot Lisadie Dutillieux, une jeune archi diplômée de Paris-Malaquais. Et ce sans user des jokers comme le château de Versailles ou les tours de La Défense.
« Même lorsqu’il s’agit d’architecture, la banlieue parisienne n’échappe pas aux stéréotypes, constate celle qui habite Montreuil (93). L’habitat de banlieue est ainsi systématiquement associé à l’image d’une tour infâme et inhumaine ou d’un petit pavillon aux murs roses entouré d’un jardin de nains« . Une « injustice« , dit-elle, qu’elle a souhaité réparé en imaginant des goodies soignés comme ces pochettes sur lesquelles sont sérigraphiées différents standards de l’habitat banlieusard, de la maison individuelle à Morsang-sur-Orge (91) aux immeubles années 30 de Montreuil en passant par la Cité des 4000 à La Courneuve (93).
Ode aux hôtels de ville
L’architecte pasionaria s’est aussi intéressée de près à l’architecture des mairies, dont elle a tiré une série de gravures. « Celles construites à la fin du XIXe siècle exaltent la république triomphante : frontons, porches et beffrois viennent concurrencer les clochers. C’est à cette période qu’apparaissent les mairies d’arrondissement à Paris ainsi qu’un très grand nombre de celles en banlieue. Néanmoins, certaines communes ne se sont dotées d’hôtels de ville qu’au XXe siècle. Les préoccupations politiques avaient alors changé, les architectures également. Certains hôtels de ville de la métropole parisienne se distinguent donc par leur singularité. Entre architecture monumentale et intentions plus utilitaires, ils constituent un patrimoine majeur de la banlieue parisienne et témoignent de la réorganisation de la métropole, d’affirmations politiques locales, mais aussi d’une évolution de la place du politique dans la ville« .
Des créations qu’elle vend en série limitée sur son site www.lisadie-dutillieux.fr au prix de 15 euros les pochettes et de 8 euros les gravures. Et elle n’en pas fini de jouer avec l' »imaginaire métropolitain« . « Je suis en train d’imaginer les plans de ce que pourrait être l’hôtel de ville du Grand Paris« , confie-t-elle. Verdict à la rentrée.
4 juillet 2016