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Face au doublement des dépôts sauvages de déchets, OSE relance ses ramassages

Organe de Sauvetage Écologique. DR
Opération de ramassage de déchets sauvages organisée par OSE (Organe de Sauvetage Écologique / © OSE

Depuis 1990, l'association OSE (Organe de Sauvetage Écologique) organise inlassablement des opérations de nettoyage des berges et des milieux naturels en Île-de-France. Bien que financièrement fragilisée par la crise, elle reprend ses opérations samedi 30 mai dans le Val-de-Marne alors que les dépôts de déchets sauvages ont doublé pendant le confinement. Edouard Fenstein, son fondateur, nous en dit plus.

Dans le cadre de la RTE (Responsabilité territoriale des entreprises), Enlarge your Paris soutient l’action d’OSE (Organe de Sauvetage Ecologique) en participant à la cagnotte en ligne Leetchi ouverte par l’association

Comment avez-vous traversé le confinement ?

Edouard Fenstein : Grâce à une autorisation spéciale de la préfecture de Région, nous avons pu maintenir quelques actions de solidarité dans des campements de SDF ou de Roms, à Paris et en proche banlieue. Nous avons notamment distribué des attestations imprimées, des gants et du gel hydroalcoolique aux sans-abris. Eux aussi avaient peur du Covid-19 et, bien que sans domicile, se faisaient contrôler par la police. Ces quelques sorties nous ont  permis de faire le point sur les volumes de déchets sauvages qui s’accumulent depuis début mars.

Et alors ?

Les dépôts ont tout simplement doublé pendant le confinement ! On en trouve de nouveau partout en forêt, sur les rives de la Seine et de la Marne, dans les rues de Paris et de petite couronne. Comme les déchetteries étaient fermées, de nombreux entrepreneurs de BTP sont allés jeter leurs gravats dans la nature ou dans des coins « tranquilles ». D’autant plus que de nombreux personnels municipaux, cantonniers et agents des espaces verts étaient confinés. Du coup, les pollueurs se sont crus tout permis. Avec le déconfinement, on voit le retour du plastique à usage unique, les « apérues » transforment les espaces verts et les rues en véritables dépotoirs. Sans oublier masques et gants que l’on commence à trouver un peu partout. Le préfet de région nous a donné une autorisation d’intervention dans toute la région. On va donc pouvoir agir vite.

Vous reprenez les collectes de déchets cette semaine…

Samedi 30 mai au matin, nous organisons notre première action post confinement en bord de Seine, à côté de la gare de triage de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), à 200 mètres d’une gare du RER D. Nous fournissons des masques, des gants, des lunettes de protection et du gel hydroalcoolique à tous les bénévoles. Pour le moment, il y a peu de gens inscrits. Est-ce l’effet de la peur du Covid-19 ? Ce sera une reprise en douceur, avec le soutien de quelques amis d’une association roumaine. En revanche, ce qui nous préoccupe, ce sont les nombreuses institutions publiques et les communes qui, depuis le début du confinement, sont aux « abonnées absentes » et ne nous versent plus de subventions. Sans leur aide technique et financière, nous ne pourrons pas aller bien loin, ni tenir longtemps.

Collecte de déchets menée par OSE / @ Julie Gourhant pour Enlarge your Paris
@ Julie Gourhant pour Enlarge your Paris

Quelle est la situation de l’association ?

OSE, qui existe 30 ans, est en péril comme jamais auparavant. Ces derniers jours, nous avons envoyé des dizaines de courriers à des sympathisants, des institutions et des administrations, pour demander une aide d’urgence. Il y a eu quelques belles réactions, comme celle de l’association Gestes Propres (« vacances propres ») qui nous a fait un don, ou encore des lecteurs d’Enlarge your Paris qui ont participé à notre cagnotte en ligne sur Leetchi. Nous espérons toucher une aide de la fondation d’entreprise d’un grand transporteur public. Cela nous sauverait ! Pour boucler le budget de l’année et financer les vingt-cinq collectes de déchets prévues en 2020 en Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aquitaine et Auvergne, il manque aujourd’hui 8.000 €.

Quel est le bilan d’OSE après trente ans d’existence ?

Au 1er janvier 2020, nous totalisions 83 chantiers qui ont permis de remonter plus de 3.000 tonnes de déchets en tous genres : des carcasses de voitures, des congélateurs, des gravats de chantiers, des déchets « de tous les jours » jetés par des joggeurs et des promeneurs sans conscience écologique…  Pour continuer avec les chiffres, nous avons aussi collecté 36.000 piles, organisé 210 missions de sensibilisation auprès des SDF et des Roms ainsi que dans des écoles de Paris et d’Ivry (Val-de-Marne). Notre association, créée en 1990 pour dépolluer des recoins du bois de Vincennes (12e), a depuis étendu son action au-delà des frontières de l’Île-de-France. Nous sommes intervenus sur les plages bretonnes polluées par l’Erika, dans le parc des Volcans d’Auvergne, au Bord du Nil, dans les Murs à Pêches à Montreuil, le long des rivières du Périgord ou encore en Argentine. Nous avons même fait des opérations de reboisement. Planter des arbres, c’est aussi protéger la nature.

Infos pratiques : Première opération de collecte de déchets post-confinement organisée par OSE, samedi 30 mai de 9h à 12h à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Accès : Gare de Villeneuve – Triage RER D. Plus d’infos sur Facebook. Et pour soutenir l’action d’OSE, vous pouvez participer à leur cagnotte en ligne sur Leetchi

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