Société
|

Des mini-films pour parfaire votre connaissance de l’Île-de-France agricole

Travaux des champs dans la ville de Gonesse dans le Val-d'Oise au début des années 1960 / © Ville de Gonesse
Travaux des champs dans la ville de Gonesse dans le Val-d’Oise au début des années 1960 / © Ville de Gonesse

Encore aujourd'hui, l'Île-de-France est recouverte à 48 % de terres agricoles. Le fruit d'une histoire qui nous est racontée à travers de courtes vidéos regroupées dans la série « Mémoires agricoles d'Île-de-France » à voir sur le web. Ce dont nous parlent Stéphanie Magalhaes, présidente de l'association Les Neufs de Transilie, et Laurence Bazin, réalisatrice et membre de l'association Cinéam.

En partenariat avec Les Neufs de Transilie et Cinéam

Comment l’idée de ces vidéos sur l’agriculture en Île-de-France est-elle née ?

Stéphanie Magalhaes : L’association Les Neufs de Transilie regroupe une vingtaine de membres, dont des musées. Nous travaillons tous autour des questions patrimoniales en Île-de-France. Le but est de poser un regard renouvelé sur cette région. Nous avions déjà travaillé avec Cinéam autour des grands ensembles franciliens. Cela nous a donné envie de continuer à croiser nos ressources et de travailler sur d’autres thématiques, comme ici avec l’histoire agricole de l’Île-de-France. Cette collection vidéo se veut un outil pédagogique accessible à tous.

Laurence Bazin : Depuis 20 ans, Cinéam collecte les films amateurs car ils sont des témoignages uniques sur l’évolution des territoires. Notre fonds comporte de nombreuses archives filmiques du sud de l’Essonne, qui est un territoire agricole. L’idée m’est venue naturellement lorsque j’ai vu certains objets agricoles exposés dans les musées franciliens dont l’usage restait mystérieux. Nous avons donc plongé dans les archives disponibles pour montrer comment ils étaient utilisés.

Comment avez-vous mis en scène toutes les archives que vous avez pu collecter ?

Laurence Bazin : Je suis monteuse à l’origine, ça aide ! Nous avons utilisé de nombreuses sources : cartes postales, photographies, films et témoignages audio. En parallèle, nous avons réalisé des interviews pour illustrer l’époque contemporaine. Par exemple, nous sommes allés tourner à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) pour découvrir une association qui élève encore des moutons en région parisienne. A Méréville (Essonne), nous avons échangé avec un cressonnier, le cresson étant une culture emblématique de l’Essonne. Nous sommes également partis à la rencontre d’un cultivateur de betteraves qui collectionne les outils et les tracteurs.

Stéphanie Magalhaes : La réalisation de ces vidéos a demandé deux années de collecte et de sélection et beaucoup d’investissement de la part des membres de nos deux associations.  

Certaines archives filmiques remontent parfois jusqu’aux années 1920. À quoi la région ressemblait-elle à cette époque ?

Laurence Bazin : L’archive filmique agricole la plus ancienne utilisée dans cette collection date de 1927 ! Tourné par un agriculteur de Saint-Méry (Seine-et-Marne) avec une caméra moderne pour l’époque, le film montre une faucheuse tractée par des chevaux. À travers les objets et les témoignages de l’époque, on peut voir qu’autour de Paris il y avait énormément d’exploitations maraîchères jusque dans les années 1950. Elles ont quasiment disparu, même si l’Essonne et la Seine-et-Marne, elles, sont restées des terres céréalières. Dans les vidéos, on peut voir aussi des moutons arrivant à Paris par la porte de Pantin ou des laitiers nourrisseurs qui élevaient leurs vaches dans Paris intra-muros ! On découvre aussi à quoi ressemblait la vie quotidienne des enfants dans les zones rurales. Il n’était pas rare que les enfants d’agriculteurs participent aux travaux des champs.

L’Île-de-France est recouverte aujourd’hui quasi pour moitié de terres agricoles. Pourtant elle est loin de renvoyer cette image. C’est le but de votre démarche de mieux faire comprendre le territoire francilien ?

Stéphanie Magalhaes : Oui. Cela permet de rappeler les enjeux de l’agriculture d’hier et d’aujourd’hui. Ils sont sensiblement les mêmes ou totalement différents selon les vidéos mais on se rend surtout compte que, en Île-de-France, l’agriculture a toujours eu une place importante. On parle beaucoup aujourd’hui de circuits courts et on tente de multiplier les initiatives de ce type, mais c’était un mode de vie très banal au début du XXe siècle. C’est important de ne pas l’oublier.

Laurence Bazin : A l’heure actuelle, on parle beaucoup du manque d’autonomie alimentaire de la capitale. Les vidéos de la collection « Mémoires agricoles d’Île-de-France » permettent de rappeler que dans les années 1950, tout était produit à moins de 50 km de Paris. Pour autant, si l’agriculture en Île-de-France a évolué, la page agricole francilienne est loin d’être fermée. Chaque vidéo se termine d’ailleurs par une ouverture vers le monde d’aujourd’hui.

Infos pratiques : Collection « Mémoires agricoles d’Île-de-France » par Les Neufs de Transilie et Cinéam disponible sur lesneufsdetransilie.fr et sur YouTube. Colloque les 8 et 9 décembre« Nourrir les Franciliens, de la grande culture à la transition agroécologique (XVIIIe-XXIe siècle) » à l’abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise (95)

Lire aussi : Le Bassin parisien est le plus gros bassin de consommation bio en Europe

Lire aussi : Du chou-fleur de Vaugirard à la pêche de Montreuil, inventaire d’un patrimoine évanoui

Lire aussi : À Chelles, Hanane Somi fait pousser un autre monde dans son verger maraîcher

Lire aussi : A Chelles, Pierric Petit produit le meilleur vin d’Île-de-France