Une boîte, du marc de café, un choc thermique et trois semaines plus tard, des pleurotes dans le salon. C’est la magie de la boite à champignons développée par Upcycle, une entreprise basée dans la zone portuaire de Bonneuil (94).
Jusqu’à présent, on pouvait faire pousser de l’herbe à chat dans son salon, voire de l’herbe tout court pour les plus aventureux. Mais des champignons, que nenni. Cette injustice est désormais révolue avec la boîte à champignons d’UpCycle.
C’est dans la zone portuaire de Bonneuil (94) que la société a posé ses conteneurs pour y produire le substrat de ses pleurotes de salon : un mélange de marc de café, récolté dans les entreprises de la région, de mycélium et de copeaux de bois.
Un mois de maturation dans des sacs suspendus à l’intérieur de conteneurs maritimes et le mélange passe du noir au blanc, couleur de la maturation. Le substrat peut alors donner naissance à des pleurotes.
Avant d’en faire des kits pour la maison, UpCycle a d’abord démarché les restaurateurs. Commercialisés sous le nom de « Monte Cristo », les champis grandissent dans les sous-sols de Rungis. Le premier client en 2012 n’est autre que Yannick Alléno, chef étoilé. Dans son établissement du 5e arrondissment, Terroir parisien, le chef travaille essentiellement des produits d’Île-de-France.
Ci-dessus : présentation d’Upcycle en vidéo.
Insertion et développement durable
Cette notion de territoire est également au cœur du projet d’UpCycle. Tous les ingrédients proviennent de la région : le marc, les copeaux mais aussi les travailleurs. Car UpCycle s’est associé à Ateliers sans frontières, une entreprise d’économie sociale et solidaire fait appel à des travailleurs en insertion pour donner une seconde vie à des ordis tout pourris.
La collaboration entre les deux a débuté cet été. UpCycle a déménagé de Saint-Rémy-lès-Chevreuses, où elle avait posé ses deux premiers conteneurs, pour installer cinq conteneurs dans le jardin d’Ateliers sans frontières. Depuis, un salarié de chez Ateliers sans frontières a été embauché par UpCycle : un cercle vertueux qui ne semble jamais s’arrêter.
Car si la production est marquée du sceau du développement durable, ce qu’elle rejette l’est aussi : « Notre déchet, c’est du marc de café sans caféine, ce qui fournit un substrat de qualité, chargé en champignon », explique Arnaud Ulrich, directeur général. « Nous le revendons donc aux maraichers de la région car pour eux c’est une bonne manière de re-créer de l’humus ».
Et traditionnellement, on en fait quoi du marc de café ? « On le brûle, tout simplement. Et vu que c’est plein d’eau, cela revient à brûler de l’eau » répond simplement Arnaud Ulrich. Forcément, vu sous cet angle, UpCycle, c’est une solution bénite pour les poubelles. La prochaine étape de la petite entreprise est de mettre en place des fermes urbaines dans les sous-sols de la région parisienne.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait Lavoisier. Le concept n’est pas seulement valable en physique : il l’est aussi en économie. C’est ce qu’on appelle l’économie bleue. Et les champignons d’UpCycle en sont la parfaite illustration. Et autant dire, qu’avoir des champis dans son salon c’est chic pour la déco, ça fait parler les curieux à l’apéro et ça nourrit les amoureux.
16 mars 2015