Série « Les éleveurs du Grand Paris » en partenariat avec Interbev, association fondée en 1979 qui fédère les organisations nationales représentant la filière française de l’élevage et des viandes, ses entreprises et ses métiers : éleveurs, commerçants, bouchers… Interbev porte la voix des professionnels et valorise leur volonté de proposer aux consommateurs des produits sains, de qualité et issus d’un mode de production plus durable. Plus d’informations sur l’agriculture circulaire sur agriculture-circulaire.fr
Des zones artisanales, des hangars, des pavillons… Difficile d’imaginer une ferme d’élevage dans ce méli-mélo. Un indice finit pourtant par montrer le bout de son nez à la sortie de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) : un lycée agricole. Après avoir croisé quelques lycéens et de nombreux bâtiments-salles de classe, voici enfin un tracteur, des hangars et une silhouette gracile : celle de Florian Hesdin, 27 ans, chef de l’exploitation de la ferme du campus Bougainville. Brillant ingénieur en agronomie, le jeune homme a tout d’abord choisi de s’orienter vers la production végétale avant de renouer avec l’élevage : « Mon père était éleveur. J’ai toujours eu un faible pour l’élevage », lâche-t-il, un brin timide. Une timidité qui disparaît aussitôt lorsqu’il me présente Jade, Oréo, Léa ou encore Foudre. « Foudre est ma chouchoute. Elle a fêté ses 13 ans, c’est déjà bien vieux pour une vache allaitante. Elle, je la garde. Je risque d’être très triste quand elle disparaîtra », confie le jeune homme en caressant la tête d’une autre charolaise, que je découvre assez friande d’attentions.
À écouter Florian Hesdin parler de ses bêtes, difficile de l’imaginer les menant à l’abattoir. D’ailleurs, lorsque nous arrivons, le paillage est en cours et les plus jeunes vaches semblent presque sautiller dans les enclos, ravies. « Ici, on pratique l’engraissement long », explique Florian Hesdin. À l’étable pendant les sept mois d’hiver, la vingtaine de génisses et les 40 vaches allaitantes sont nourries à base de foin avec de l’orge de l’exploitation. Elles sont ensuite lâchées dans les champs à partir du mois de mars. De quoi leur laisser le temps de grandir et grossir à un rythme plus naturel que celui dicté par les élevages intensifs, pour une qualité de viande évidemment meilleure.
Pendant que nous écoutons les explications de l’éleveur, nous admirons quelques veaux sous leur mère et plus loin, un bœuf impressionnant. « Ce qu’on appelle bœuf dans les boucheries aujourd’hui est bien souvent de la vache. Il est de plus en plus rare de manger du bœuf car le faire grandir et l’engraisser demande beaucoup de temps. Mais nous, on le fait ! », se réjouit Florian. Derrière nous, un tableau noir répertorie toutes les vaches présentes actuellement dans la ferme. « Ce tableau permet de noter si les vaches sont pleines ou non. Cela sert surtout aux apprenants du lycée pour qu’ils se tiennent au courant ». Florian est également chargé d’interventions régulières dans le lycée. « Les deux structures sont très liées. Notre chiffre d’affaires est généré grâce à la vente de nos productions mais la ferme est également un support pédagogique pour le lycée comme la partie horticulture et maraîchère. Les élèves cultivent les plantes et les légumes bios de la ferme, que nous vendons ensuite. C’est aussi pour cela qu’il est important que nos animaux soient calmes et dotés de caractères doux. Ils sont amenés à entrer en relation avec les apprenants. Enfin, nous avons également une mission d’expérimentation, notamment sur la manière de nourrir nos vaches ou sur la culture du blé », précise le jeune passionné. Justement, on se dirige vers les champs pour découvrir les cultures de la ferme.
La clé des champs
Après un petit tour sur les parcelles maraîchères, Florian Hesdin nous demande de regarder attentivement le champ sur lequel nous marchons. Si l’on n’aperçoit que des jeunes pousses à nos pieds et que nous nous réjouissons de la vue de quelques haies qui bordent ces cultures, l’agriculteur y voit tout autre chose : « Regardez tous les trous de vers de terre. Nous expérimentons un champ sur terre non labourée, ce qui permet de laisser vivre tous les organismes qui la peuplent. C’est passionnant de voir comment, en quelques années, la terre peut se régénérer ! » Plus loin, nous apercevons des ruches, et de l’autre côté quelques cochons bigarrés au beau milieu d’un pré entouré de deux barrières. Le jeune chef d’exploitation freine notre envie d’aller rendre visite à ces animaux : « Nous ne sommes que deux ou trois éleveurs de cochons de plein air en Seine-et-Marne car les conditions sanitaires pour les faire grandir sont très strictes. Il ne faut pas risquer de leur transmettre une quelconque maladie. Ils pâturent ici, fidèles à leur comportement naturel, et mangent aussi nos céréales », explique Florian. Ces animaux semblent en tout cas se situer à l’opposé de tous les clichés : propres, musclés, ils sautillent dans cet immense pré. Parce que tout est bon dans le cochon, cela nous donne envie de filer à la boutique de la ferme.
De la vente directe de viande et de légumes
La plupart des vaches, génisses, veaux et cochons qui sont élevés ici y sont vendus. Chaque mois, la ferme prévient une liste d’abonnés pour qu’ils fassent leur commande en amont. « Notre viande bovine est vendue autour de 15 €/kg. Nous avons réussi à ne pas bouger nos prix depuis 2020. Si le rapport qualité-prix est intéressant pour nos clients, nous nous en sortons également mieux économiquement que si on se tournait vers un modèle industriel », se félicite l’éleveur. Devant nous, quelques magnifiques « courges spaghetti », des potimarrons et des potirons. Si les légumes ne sont pas à la fête en ce mois de février (sauf pour les amateurs de choux et de poireaux), la ferme vend à la belle saison de beaux paniers de légumes dont beaucoup de tomates, d’aubergines, de poivrons, de piments, d’oignons, d’échalotes, d’ail… « Nous proposons une trentaine de légumes en tout et quelques fruits. Nous vendons aussi notre miel, beaucoup de produits d’agriculteurs locaux, et enfin les produits provenant d’autres lycées agricoles. » Au milieu des nombreuses étagères en bois, nous entamons alors une sorte de tour de France des spécialités, depuis les conserves de canards venues de Périgueux jusqu’à la bière de Douai en passant par le jus de pommes de Normandie. Une offre complète plutôt alléchante.
La diversité est d’ailleurs ce qui plaît à Florian Hesdin : « Je ne conçois pas l’élevage sans la culture. Nous produisons 500 tonnes de fumier par an ; sans cela, nous ne pourrions pas faire pousser nos légumes et nos céréales. Ces dernières sont ensuite utilisées à nourrir nos bêtes. Le fumier est la chose la plus précieuse que nos bêtes produisent. C’est grâce à lui que l’on peut créer un cercle vertueux », conclut Florian Hesdin. Une chose est sûre : lui, il ne tourne jamais en rond.
Infos pratiques : ferme du campus Bougainville, D319, à Brie-Comte-Robert (77). Horaires de la boutique Les Halles de Bougainville : les jeudis et vendredis de 14 h à 19 h, le samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h. Tél. : 07 84 00 14 53. Plus d’infos sur campus-bougainville.fr
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7 février 2024 - Brie-Comte-Robert