Société
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Let’s talk about sex

Le sexe c'est comme le reste, ça s'apprend. Alexia et Camille ont donc créé le Cabinet de curiosité féminine, histoire de libérer la parole.

Quand on évoque les cabinets de curiosité, on pense immédiatement à des bébés déformés dans le formol ou à des renards à cinq pattes. Mais quand on m’a parlé pour la première fois d’un Cabinet de curiosité féminine, là mes pensées se sont perdues. J’ai donc rencontré l’une des tenancières de ce cabinet de curiosité quelque peu particulier. Ici, nulle question de bêtes étranges. Avec Alexia Bacouël on cause plaisir au féminin.

Depuis 2013, Alexia anime des ateliers sur la sexualité féminine.  Hommes et femmes, de 20 à 60 ans, viennent échanger sur le plaisir, qu’il soit solitaire, en couple ou à plusieurs. Les langues se délient pour apprendre à se connaître, découvrir des terres inconnues et s’approprier son corps ou celui de l’autre.

 

 

Ne vous y méprenez pas, les ateliers ne sont pas des séances de partouze. Ici on parle, au plus on respire et on fait du yoga. « On est une quinzaine en général. Les gens viennent seuls car ils ont des questions et attendent des réponses. Si les filles viennent entre copines, c’est pour rigoler, ce n’est pas le même état d’esprit ».

Les nanas ne connaissent pas leur corps

Il y a deux ans, Alexia gérait une e-boutique d’accessoires érotiques et de lingerie sexy. Sur les chemins sinueux de son aventure, elle rencontre Camille Emmanuelle, chroniqueuse de la culture érotique. Les deux femmes font le même constat : les nanas ne connaissent pas leur corps et plutôt que d’avoir une sexualité épanouie, la plupart d’entre elles la subissent

 

© Solange Gauthier
© Solange Gauthier

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Chacune armée de ses spécialités et de ses connaissances personnelles, nourries de lectures, elles se lancent dans l’aventure et monte le Cabinet de curiosité féminine. Au début, les réunions sont exclusivement réservées aux femmes. Depuis, les choses ont évolué. Le cercle s’est ouvert aux hommes.

Une fois la porte franchie, les tabous restent sur le pallier. Les sujets sont aussi divers et variés que les positions du kama-sutra : masturbation, orgasme, sexualité et maternité, BDSM, etc. Pas d’inquiétude : même si le sujet est sérieux, il règne toujours une atmosphère légère, car le sexe c’est avant tout du plaisir ! La maîtresse de cérémonie plante le décor puis elle laisse la place aux participants.

Vers le périph’ et au-delà

Pour le moment, les ateliers se déroulent sur Paris, au Pigalle ou encore au Club Orphée. Mais Alexia regarde vers la banlieue : « À Paris, les gens ne sont pas démunis, ils trouvent tout ce qu’ils veulent sur la sexualité : librairies spécialisées, sex-shops à gogo. Mais en banlieue c’est différent ». Il faut dire qu’Alexia sait de quoi elle parle puisqu’elle vit proche d’Ermont-Eaubonne (95). « En banlieue il y a quelques sex-shops et les vendeuses à domicile pour poser ses questions, mais c’est tout. Il n’y a pas d’expo, de café-débat, bref, il ne s’y passe pas grand-chose ».

Et quand on habite dans le fin fond du 91, il n’est pas évident de venir le soir pour un atelier de trois heures. Mais comme cette sexologue n’est pas avare en conseils, elle partage et diffuse ses conseils en ligne sur cabinetsdecuriosites.fr . Emissions de radio, chroniques et e-books y sont disponibles.

C’est d’ailleurs comme ça qu’elle s’est rendue compte qu’il y a des communautés de curieuses dans son fief, le Val-d’Oise, mais aussi en Essonne et dans les Yvelines. Avis donc aux banlieusardes : si le sujet vous intéresse et que vous êtes prêtes à recevoir hommes et femmes à la maison pour parler sexe, n’hésitez pas à contacter le cabinet de curiosité : tout le monde vous en sera reconnaissant, à (bon) coup sûr !

 

Alexia et Camille © Fred Bernard
Alexia et Camille © Fred Bernard