Depuis le 14 janvier 2015, en réaction aux attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, l'artiste et performeuse Nadia Vadori-Gauthier met en ligne chaque jour une nouvelle vidéo d'une minute sur laquelle on peut la voir danser seule ou accompagnée. Ce dimanche 5 mars, elle sera au Générateur à Gentilly où elle présentera "Le crépuscule des baby dolls" avec ses acolytes de Corps Collectif. Nous avons pu échanger avec elle quelques minutes.
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Vous en êtes à votre 781ème “minute de danse par jour”, pouvez-vous résumer l’engagement de votre démarche ?
C’est un acte de résistance poétique que j’ai commencé le 14 janvier, suite au choc des attentats qui ont touché Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. C’est une réponse en acte, spontanée, avec mon moyen d’expression le plus immédiat : la danse. Je voulais oeuvrer à ma façon face à cette question : comment rester en vie ensemble et trouver d’autres modes d’action que ceux qui tendent à nous diviser ? Je partage une vidéo d’une minute chaque jour réalisée spontanément là où je me trouve. Je cherche à amener la danse dans les interstices de la vie quotidienne, à insérer de la poésie là où on ne la voit plus, là où on ne l’attend pas. Je me plais à inviter, souvent à l’improviste, des gens à partager cette minute avec moi. Dans d’autres cas, j’ai envie de m’entourer d’autres danseurs professionnels ou d’amis. Il n’y a pas de règle, chaque contexte est différent. C’est une minute qui me prend des heures par jour ! Aujourd’hui, je bénéficie du soutien de Paris Réseau Danse. Mais j’ignore jusqu’à quand je vais tenir. Je me suis donné une date au-delà de laquelle je ne continuerai pas ce projet : mi-octobre 2017. Cela fera alors mille et un jours. D’ici là, tout le monde est invité à exécuter sa propre minute de danse, dans son environnement, et à le poster sur ma page Facebook. Danser, dans ce contexte si particulier, c’est initier un rapport micro-politique de proximité à l’environnement.
Vous décrivez Corps Collectif comme un groupe de performeurs-chercheurs. Qu’entendez-vous derrière cette drôle d’appellation ?
Nous ne sommes pas une compagnie de danse mais plutôt un laboratoire, composé de performeurs-chercheurs. On étudie des alternatives au mode dominant de la représentation des corps sur scène.
Comment avez-vous conçu Le crépuscule des baby dolls, qui fait référence au Crépuscule des Idoles de Nietzsche (1888) ?
Dans son ouvrage, Nietzsche critique l’équation platonicienne bien = beau et cherche à démasquer les “faux dieux”. Notre société crée des icônes, des idoles, façonnées sous les feux des projecteurs. La performance que nous proposons est un dialogue entre l’image de ces babydolls et leur facette informulée, plus obscure et inconsciente, qui vient s’entrelacer à la surface. On prend des dés, on les jette et on voit comment ils roulent. De chaque lancé résulte une performance différente. D’une représentation à l’autre, le spectateur ne verra jamais la même chose.
Infos pratiques : Le crépuscule des baby dolls, le dimanche 5 mars à 17h au Générateur, 16 rue Charles Frérot, Gentilly (94). Tarifs : 10€ à 14€. Plus d’infos sur www.legenerateur.com
Et pour suivre “Une minute de danse par jour”, rendez-vous www.uneminutededanseparjour.com et sur Facebook
4 mars 2017