Culture
|

« XXH, temps 1 », l’expo qui traite de façon radicale des excès humains à Clichy

Une photo de Gregory Crewdson, "Penitent Girl", et tirée de sa série "Twilight" à voir dans le cadre de l'exposition « XXH, temps 1 » à la Fondation Francès / © Gregory Crewdson
Une photo de Gregory Crewdson, « Penitent Girl », et tirée de sa série « Twilight » à voir dans le cadre de l’exposition « XXH, temps 1 » à la Fondation Francès / © Gregory Crewdson

Attendez vous à être surpris, voire carrément bousculé. La fondation artistique Francès à Clichy-la-Garenne propose jusqu'au 26 juillet une exposition qui traite de façon radicale des excès humains, de la sexualité, de la maladie, de la mort, et qui mélange photographies, peintures et installations sur trois niveaux.

Non, vous ne rêvez pas. Ou ne cauchemardez pas. Ce chariot élévateur rouge qui se trouve garé juste après l’entrée porte bien… un cadavre. Il s’agit d’une sculpture hyperréaliste de l’artiste macédonien Robert Gligorov qui s’est représenté lui-même, nu et comme mort, allant jusqu’à créer des poils sur le corps de son double en silicone et plastique. La Deposizione (ou déposition), nom de cette création saisissante, fait référence à la descente de Croix du Christ, ainsi qu’au procès des victimes de l’amiante de la société Eternit qui s’est tenu à Turin en 2009 et a rassemblé 6 000 parties civiles.

C’est l’une des œuvres présentées à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) dans l’exposition « XXH, temps 1 », pour Extra Extra Humain, premier volet (il y en aura un deuxième dans la foulée), qui marque les 15 ans de la Fondation Francès. Une Fondation fondée par un couple d’entrepreneurs et de collectionneurs, Estelle et Hervé Francès.

Des expos gratuites et sur inscription

Le duo a ouvert un espace dans une maison ancienne au centre de Senlis dans l’Oise afin d’y présenter quelques-unes de leurs 800 œuvres d’art contemporain. Depuis peu, ils organisent aussi des expositions – gratuites sur inscriptions, en fin de semaine – dans les bureaux de l’agence de communication d’Hervé Francès à Clichy.

Celle en cours, « XXH, temps 1 » est sans concession et traite de façon radicale des excès humains, de la sexualité, de la maladie, de la mort, mélangeant photographies, peintures et installations sur trois niveaux. L’ensemble est remuant, intéressant pour peu qu’on accepte d’être surpris et parfois un peu bousculé. Mais elle n’est pas destinée à un public familial car elle comporte des œuvres très crues comme ce grand tableau de Jean Rustin, Encore une sale journée de 1986, montrant de façon frontale un couple nu et âgé.

On découvre ainsi au rez-de-chaussée sept portraits poignants en noir et blanc du père du photographe américain Richard Avedon, Jacob, pris en photo les dernières années de sa vie, alors qu’il était malade d’un cancer, ou une pietà aux couleurs aussi vives que celles d’un vitrail, du photographe américain Andres Serrano, présentant Marie tenant un Christ noir (The Other Christ, 2001).

Ambiance d’hôpital

À l’étage, ambiance d’hôpital, avec ce lit médical sur lequel est assis un enfant d’une tristesse infinie. Une autre sculpture hyperréaliste, signée cette fois de l’artiste belge Sofie Muller. Les visiteurs découvrent des photos d’artistes célèbres tels Raymond Depardon, Erwin Olaf, Diane Arbus, Nobuyoshi Araki, et des sculptures comme cet étonnant bas-relief de Roy Adzak, une femme nue à quatre pattes datant de 1973, ou des installations comme celle de la Britannique Tracy Emin, datant de 1999, présentant ses tests de grossesse et des tampons desséchés en vitrines, une œuvre autobiographique parlant d’un avortement.

En fin de visite, une dernière sculpture de l’artiste allemande Gloria Friedman, née en 1950 : un homme grandeur nature mais terreux, comme sorti du sol. Le personnage tient dans l’une de ses mains un livre intitulé Human Factor. Le facteur humain. Le fil rouge sang de cette traversée artistique étonnante.

Infos pratiques : exposition « XXH, temps 1 » à la Fondation Francès, 21, rue Georges Boisseau, Clichy-la-Garenne (92). Jusqu’au 26 juillet. Ouvert du jeudi au samedi de 11 h à 19 h. Gratuit (inscription obligatoire). Accès : métro Saint-Ouen (ligne 14) / gare de Saint-Ouen (RER C). Infos et inscription sur fondationfrances.com

Lire aussi : Nécropole des rois et reines de France, la basilique Saint-Denis lance un financement participatif

Lire aussi : Six expos pour plonger dans l’histoire du sport et des JO

Lire aussi : Une image de la banlieue avant l’urbanisation au musée d’Orsay