Culture
|

Une petite histoire des toilettes publiques au Point Éphémère 

Photo tirée de l’exposition « Les Tasses, toilettes publiques – affaires privées » au Point Ephémère à Paris / © Paris d’antan-Marc Martin

Les toilettes publiques ne se sont pas toujours cantonnées à leur fonction de lieu d'aisance. Elles ont également constitué un espace de liberté pour permettre à la communauté gay de se retrouver, ce que retrace l'exposition photo "Les Tasses, toilettes publiques - affaires privées" au Point Ephémère jusqu'au 5 décembre.

On les connaît sous les noms de vespasiennes (en référence à l’empereur Vespasien à qui l’on a attribué à tort l’installation d’urinoirs publics à Rome), tasses (en raison de leur forme) ou encore sanisettes (marque commerciale propriété de JCDecaux). Les toilettes publiques font l’objet jusqu’au 5 décembre au Point Ephémère à Paris (10e) d’une exposition du photographe Marc Martin qui s’est intéressé à leur fonction sociale en mêlant ses propres photographies à des documents historiques. Car au-delà de leur rôle premier de lieu d’aisance, elles ont également tenu une place importante dans la communauté homosexuelle. 

A l’abri des regards

Epicentres des plaisirs défendus, elles ont vu bon nombre d’amours éphémères – anonymes ou tarifés – s’y nouer entre des partenaires d’âges et de classes sociales différentes. Une histoire tombée au fil du temps aux oubliettes. « Les pissotières ont mauvaise réputation. Elles sont davantage synonyme de honte que de fierté au sein même de la communauté, note Marc Martin, basé à Berlin et qui s’intéresse aux sexualités. Pourtant, ces édifices, qui se confondent avec les aventures de nombreux gays, travestis, prostitués, libertaires (…) voyaient les classes sociales s’estomper, les cultures se mélanger. On a souvent reproché aux hommes qui fréquentaient les pissotières d’être lâches. Or, n’ont-ils pas osé, en milieu hostile à la diversité, braver les interdits ? N’ont-ils pas, pendant plus d’un siècle, osé affronter des plaisirs défendus par la loi ? J’aimerais qu’on reconnaisse à ces hommes un certain courage. Je voudrais rendre à ces endroits, qui ont abrité tant de frissons, leur part troublante de sensualité. » 

Bien qu’elle ait été plébiscitée à Berlin, l’exposition, baptisée « Les Tasses, toilettes publiques – affaires privées », n’avait jusque-là pas trouvé preneur en France. Frilosité qu’a su braver le Point Éphémère. In gogues we trust !

Infos pratiques : « Les Tasses, toilettes publiques – affaires privées », Point Ephémère, 200 Quai de Valmy, Paris (10e). Jusqu’au 5 décembre (relâche les 23 et 24 novembre). Entrée libre de 13h à 20h. Accès : Métro Jaurès Lignes 5, 2 et 7 bis. Plus d’infos sur pointephemere.org

A lire : Le nu se met à nu à Montreuil