Il pleut dru à ne pas mettre un chien dehors et l’immense parking de la Place d’armes, qui fait face au château, paraît presque désert. Versailles est à marée basse. La mer noire des touristes chinois et russes semble s’être retirée à perte de vue. La cité royale ressemble presque à une petite station de province, silencieusement repliée sur elle-même dans l’attente d’une météo plus clémente. J’ai rendez-vous avec Philippe Thuillier, aka “Saint Michel”, dont monsieur Google m’indique que le studio résidence se situe à 400 mètres de mon point de chute. Je lui passe un rapide coup de fil pour annoncer mon arrivée. Philippe n’est pas au studio et il m’invite à le rejoindre au “Stray Bean”, un coffee shop de la rue Royale.
Je m’exécute, fais demi-tour aussitôt, l’échine courbée sous cette pluie fine et froide qui me transperce le cuir et me gèle les os. Au téléphone, le type a une voix sympa, un ton décontracté. Du coup, j’espère que notre rencontre sera du même acabit. Saint Michel est programmé au festival Electrochic aux côtés de Kenny Dope, de l’Impératrice et du Chapelier Fou. Il va présenter The two of us, un second album très réussi qui lui a toutefois demandé 4 ans de travail. Philippe Thuillier doit forcément le savoir : il est un peu considéré comme le régional de l’étape. Lui, le Versaillais qui s’inscrit désormais dans une longue lignée d’artistes majeurs de la pop culture alors qu’en Grande-Bretagne les groupes viennent plutôt des villes ouvrières. C’est un fardeau de succéder à Air, à Phoenix, à Daft Punk ou à Étienne de Crecy quand son seul souhait est d’exister par sa propre musique. C’est vrai, Saint Michel produit une électro pop lumineuse et élégante. Philippe Thuillier est mélodiste, arrangeur et producteur, ce qui le rattache en théorie à ses aînés. Mais est-ce vraiment une raison pour faire peser le poids d’un héritage qui n’est pas directement le sien et qu’il ne revendique pas ? Saint Michel se suffit largement à lui-même. Aussi ai-je très tôt décidé de ne pas l’enfermer inutilement dans la prison des comparatifs et des rapprochements stériles.
Un destin de musicien né d’un jouet Fisher Price
À cette heure de la matinée le petit coffee shop est presque vide. Impossible d’hésiter à la vue de ce jeune homme looké comme un nouveau Robinson. The Stray Bean est une chouette petite adresse comme on en voit pas mal fleurir ces temps-çi, avec une déco minimale et naturelle, une carte de bons produits qui sentent le gingembre frais, les cookies chauds et le café bio. Nous devions aussitôt repartir au studio mais nous resterons finalement près de 3 heures à échanger sur un bout de comptoir, à blaguer avec le patron à propos des bobos du 11e, à tester des variétés de cafés en regardant la pluie tomber. Au fil de notre conversation, je découvre avec plaisir un garçon à la personnalité surprenante, très éloigné de l’image léchée et très produite que peut éventuellement renvoyer sa musique. J’ai plutôt affaire à quelqu’un d’émancipé, qui échappe avec un charme naturel aux registres dans lesquels ont serait tenté de vouloir l’enfermer. Philippe Thuillier est curieux de tout et des autres. C’est un geek heureux et bordélique, un touche à tout créatif et décalé qui aurait pu devenir architecte si un jouet Fisher Price ne l’avait pas placé face à son destin de musicien et d’ingénieur du son dès son plus jeune âge.
« J’ai l’habitude de dire pour me marrer que je suis un musicien anthropologue. J’aime la vie et j’aime les gens. Je suis toujours curieux de comprendre leur point de vue et, justement, ce qui me saoule aujourd’hui à Paris, c’est que l’on ne puisse même plus échanger vraiment, parler, avoir des débats. Dans les sphères et les milieux que je rencontre, les échanges sont devenus compliqués parce que tout le monde est enfermé dans une posture. C’est un phénomène qui devient véritablement étouffant. Alors oui, je me sens définitivement plus libre dans cette ville qui a pourtant la réputation d’être hyper coincée et contraignante. Mais en fait, ici, je respire. Déjà, visuellement, il n’y a pas de bâtiments trop hauts, la lumière rentre. J’aime à dire que Versailles est un peu le New York français car, avec le parc du château, tu as presque l’équivalent d’un Central Park. Ici les gens sont très connectés, sinon avec la nature, en tout cas avec tous les espaces verts et les jardins. Je suis artiste en résidence, donc je profite d’un lieu qui est génial. Je dis ça pour rigoler mais surtout, aujourd’hui, je me suis aussi réconcilié avec la ville à tel point que j’en ai marre des gens qui crachent systématiquement sur Versailles ».
« On tente constamment de réduire Versailles à ses clichés »
« J’ai réalisé que j’avais réussi à exister dans cet univers-là et qu’effectivement il n’y a pas que ce que l’on en dit. On tente constamment de réduire cette ville à ses trois pauvres petits clichés : les gars contre le mariage pour tous, toujours les mêmes trucs tradis, fermés d’esprit et totalement coincés. Ok ouais, ça existe un peu. Versailles c’est Versailles. Ce n’est pas la même chose que Montreuil, Barbès ou Marseille ni même Bordeaux, c’est certain. Mais chaque ville a son truc. Les gens qui vivent ici ne sont pas tous des affreux auxquels il faut aller mettre des coups de kick. Car c’est vrai qu’on essaie de me coincer dans ce côté catho, blanc et de bonne famille. Ce qui me fait dire en me marrant que je vais bientôt devoir payer des amendes car je représente l’ancien temps. On m’afflige du cliché fils à papa. Il y a eu deux ou trois articles qui m’ont fait de la peine. J’aurais bien aimé avoir le journaliste au téléphone pour lui demander pourquoi il prenait cette liberté de m’associer à la jeunesse dorée, au cliché de la petite cuillère en argent dans la bouche. Putain qu’il essaie de porter ça et malgré tout de faire de la musique sa vie. Je ne vais pas non plus aller inventer une fausse culture que je n’ai pas et me pointer avec une dégaine de rappeur. Je ne vais pas venir en Sergio Tacchini et me la jouer z’y va. Ce serait ridicule. Bien sûr, j’ai aussi tenté l’aventure parisienne comme une espèce de but en soi, comme l’ont fait tous mes potes qui sont issus de l’Île-de-France au sens large, de la banlieue. C’est vrai que Paris est un catalyseur. Il y a un truc d’aboutissement personnel, professionnel et social derrière ça. Il faut arriver à Paris, venir s’y installer pour avoir l’impression d’être en place et d’avoir réussi. Du coup je n’ai plus aucun pote ici, à Versailles, ou alors j’en ai deux ou trois un peu tarés, comme moi, qui sont revenus mais ça reste vraiment peau de chagrin. Tous les autres sont à Paris, trop heureux qu’ils sont de raquer comme des oufs, de payer tout trop cher, de s’enfermer dans un style.”
En décadrage permanent
Dernièrement Philippe a découvert Les Landes et son immense forêt dont il revient amoureux avec des histoires d’apiculteurs un peu fous, de chasseurs altruistes et de pattes de sanglier à partager. Il me raconte les gars du cru, un peu entiers, un peu bourrus et sa propre prise de conscience de rester encore parfois coincé dans les stéréotypes un peu étriqués des gens de la ville. Ses histoires sont simples. Elles sont drôles et touchantes. Et plus je l’écoute, plus je me rends compte de sa liberté de ton, de sa générosité et surtout d’avoir le sentiment non pas de son décalage mais d’un décadrage permanent.
“ Décadré, oui. Parce qu’à mes yeux, le cadre comme la zone de confort, c’est le gros danger. C’est le meilleur moyen de se laisser pousser des œillères et de ne plus se confronter à la différence qui te permet justement d’arriver à mieux jauger où tu es, où tu te situes et de rester conscient. Je déteste l’idée que je m’endors, que je m’assoupis sans avoir conscience de ma situation réelle ou de mes limites. C’est quelque chose qui me fait horriblement flipper. Par ailleurs je m’ennuie vite, à tel point que je n’arrive pas à faire dix chansons avec la même recette dans un album. Je change tout à chaque titre. C’est pourquoi, autant j’aime les albums de certains groupes dans lesquels tu trouves une forme d’unité, autant je déteste souvent ceux dans lesquels tu retrouves la même guitare, avec le même son au même endroit. Ça me prend vite la tête. J’ai peur de l’idée de rester coincé dans un truc. J’ai le souci, poussé un peu à l’extrême parfois, de remettre les choses en question.”
Actuellement Philippe est seul aux manettes du projet Saint Michel. Émile, dernier rescapé de Milestone, son précédent groupe aux souvenirs crève-cœur, a tiré sa révérence avant que The two of us ne voit le jour. Milestone fut une expérience musicale et humaine de plus de 10 ans. C’est une histoire de potes qui auront mené leur musique aussi loin que possible. Et pour comprendre Philippe Thuillier et Saint Michel, il faut aussi saisir ce que fut à ses yeux l’aventure Milestone. Je tente ma chance, en évitant de retourner le couteau dans la plaie.
« Les studios et leurs coûts empêchent d’avoir le temps de vivre son truc »
“ C’est vrai que 4 ans ont passé entre les deux albums de Saint Michel. Il y a eu tellement de remue-ménage pendant ce temps. J’avais monté le groupe avec Émile qui était le dernier arrivé dans Milestone, le groupe précédent que j’avais depuis plus de 10 ans, dans lequel on a tous fait nos armes. C’est un groupe auquel je tenais énormément dont j’aime encore beaucoup la musique et dont je ne comprends toujours pas comment on a dû rester auto-produits du début à la fin. Milestone m’a énormément enrichi. Je n’étais pas ingé son de studio parisien, j’ai donc échappé au syndrome du stagiaire “machine à café” qui regarde le vrai ingénieur du son tourner des boutons derrière une vitre. C’est certes important d’appréhender cet univers très pro, entouré d’électronique et d’informatique hyper poussés avec des supers cabines, des supers acoustiques et du matos incroyable mais je crois que c’est bien aussi d’aller sculpter son petit moule dans son coin avec 3 bouts de ficelle. C’est ce que l’on a fait pendant 10 ans et ça nous a appris énormément de choses. Vu que je bossais pour des petites boîtes de prod ou des petits studios, je me retrouvais à la fois ingénieur du son et un peu responsable de tout. Je pouvais embarquer le matos pendant 15 jours ou 3 semaines quand la boîte fermait. On chargeait un camion ou le coffre d’une bagnole et on partait. On est allé dans un vieux presbytère en Bretagne, on a enregistré dans des corps de fermes. On se démerdait toujours pour trouver des bouts de baraques de potes et on débarquait à l’arrache pour squatter une grange en Corrèze, en Charente ou dans le Larzac. Là, j’ai vraiment découvert quelque chose de génial. On passait 15 jours avec les copains, on baignait dans le même bain, on transpirait ensemble, on vivait ensemble. On faisait nos gueuletons, on picolait un coup, on fumait un joint, on tirait nos câbles et on faisait notre son. C’est vrai que ça m’a vachement marqué parce que lorsque tu reviens dans le milieu parisien, il y a un côté très aseptisé, parfait en termes de son et d’acoustique. Tout est nickel mais par contre c’est totalement raide, ça ne raconte rien. Il n’y a plus d’âme ni de valeur ajoutée. Les studios et leurs coûts empêchent d’avoir le temps de vivre son truc. Tu en ressors sec.”
Les années Milestone ont permis à Philippe de se forger un goût immodéré pour l’aventure, qu’elle soit humaine où musicale. Loin des studios, loin du confort. Saint Michel conservera d’ailleurs ce goût pour les enregistements un peu casse-cou dans des lieux inattendus voire inadaptés. Tout à l’heure nous irons faire un saut et quelques photos dans sa résidence studio, que la Ville de Versailles lui accorde en échange de quelques contributions pédagogiques. Là-bas, il me confira son amour des vieilles pierres et de leur charge émotionnelle. En attendant, je voudrais bien comprendre pourquoi, dans son récit, les copains, le vivre ensemble tiennent une place aussi centrale, lui qui aujourd’hui opère seul. Existe-t-il un lien avec le scoutisme, une expérience qu’il a connu plus jeune ?
Le bricolage pour passion
« Je comprends que tu me poses la question mais je ne suis pas sûr que ce soit un truc qui m’ait marqué à ce point là. Aborder le scoutisme, c’est délicat parce que ça renvoie immédiatement à d’énormes clichés. J’en ai fait un peu en tant que petit Versaillais bien comme il faut et ce que j’en ai retiré c’est un esprit bricolage. Bien plus que le vivre ensemble. C’est vrai que j’ai trouvé cet aspect génial. J’ai appris à me retrouver seul au milieu de la forêt et à monter un plan de travail avec trois bouts de ficelle, à faire un barbecue improvisé ou une fausse table pour pouvoir bouffer avec les copains. J’ai adoré ce côté construction et bricolage. Justement, à plus de 35 piges, quand je pars dans la maison de la forêt des Landes où il y a plein de sacs de kapla, je passe des soirs entiers à construire des trucs avec. Et je prends mon pied. Je fabrique des tours, je fais des ponts… En fait j’aurais adoré être architecte. Tout gosse, j’étais fan de Lego et de Mécano. Alors c’est vrai que je dois ce côté débrouillardise et bricolage à mon expérience scout. J’aimais ce côté Indiana Jones, quand il fallait se débrouiller pour apprendre à faire des nœuds où à naviguer à l’aide d’une boussole. Ça apprend aussi l’indépendance et l’autonomie. Ça m’importe énormément car non seulement je n’aime pas dépendre des autres mais j’ai aussi besoin de pouvoir me sentir libre. C’est ce qui fait que je me mets souvent hors cadre et que je serais certainement malheureux comme un poux si je devais bosser dans des bureaux demain. Mon goût de vivre en communauté avec les copains rejoint un autre truc très précis autour du délire typiquement Versaillais. On m’a vendu une vision de la vie quand j’étais gamin. Quelque chose de policé et de bien comme il faut, avec le petit Jésus, la bonne éducation, la politesse. On me sert donc ce discours là : pas de problème, tu prends ce qu’on te donne sachant qu’il n’y a pas que du mauvais là-dedans. On m’a donc présenté un modèle de vie parfaite, une vie playmobil et un jour, je me suis retrouvé catapulté, hors cadre malgré moi. J’avais une dizaine d’années. Un soir ma mère vient me voir et là tout s’effondre en termes d’idéologie parce qu’elle vient m’expliquer la séparation de mes parents. En soit, le divorce de parents, c’est n’est pas grand chose, ce n’est pas non plus la fin du monde pour un gamin. Mais par rapport à la fausse perfection qu’on m’avait présenté, avec cette idée que le divorce c’était l’échec des autres, que nous étions une famille solide, le fait que ma mère vienne mettre un gros coup de hache là dedans m’a totalement retourné le cerveau. Ce n’est pas la gravité de leur prise de décision qui m’a marqué, c’est simplement que, subitement, l’équation ne fonctionnait plus ».
« Ça m’a mis en colère contre le monde, contre ma famille surtout. Après tu te retrouves pris dans une sorte de jeu, de combat, de position, où l’un des parents te monte contre l’autre parce qu’il faut régler ses comptes et tirer les gamins à soi, alors que tu n’avais rien demandé. Tu réalises que tout ce qu’on t’avait vendu auparavant était un énorme coup de pipeau. C’est là que j’ai dit merde à la famille et que les copains sont devenus le truc le plus important. Entre 10 et 12 ans je me suis dit que la famille véhiculait potentiellement une grosse arnaque. C’est pourquoi je me suis appuyé sur les potes.”
Un nouvel album aux hymnes pop
Saint Michel est une œuvre artistique en trompe l’œil dans laquelle tout n’est qu’indice, invitation à franchir le miroir, à soulever le voile pour découvrir plusieurs dimensions, plusieurs histoires, plusieurs territoires. Bien qu’il faille vraiment se méfier des évidences, il est bien sûr possible de rester à la surface de ces hymnes pop, entêtants et lumineux qui, sur le nouvel album, tentent parfois un jumelage osé entre les rives électro pop européennes et les eaux gorgées de soleil de la West Coast. Jetlagé Philippe Thuillier ?
“ Justement c’est ça qui est cool, c’est ça que j’aime. Je pose des balises mais je ne donne pas de réponses. Que ce que je propose soit volontairement très ouvert correspond au fait que ça puisse offrir plusieurs degrés de lecture. Et je ne veux surtout pas bloquer ça. Je détesterai faire un discours unilatéral, avec un seul sens possible car la vie est tout l’inverse. Quand c’est vert pour moi, ça peut être rouge pour toi et jaune pour ton voisin. Du coup, sans faire de philosophie à deux francs, je pense qu’il existe toujours un décalage entre la vision qu’on porte sur les choses et celle que les autres portent aussi dessus. Qu’est-ce que sont réellement les choses ? Tout est multiple car ce n’est jamais que le spectre que chacun peut avoir sur elles. Je ne crois pas qu’il n’y ait jamais, réellement, d’évidence. L’homme a toujours besoin de se rassurer en simplifiant sa lecture de la vie. Pour moi les évidences sont des raccourcis et les raccourcis conduisent à l’erreur. J’essaie, à ma manière, de camoufler certaines informations. Ça rejoint aussi la fausse évidence du discours, que ce soit dans le graphisme ou dans les codes. J’aime l’idée d’emballer les choses comme des bonbons dans des petits papiers. Après chacun fait ce qu’il veut. Tu peux ou non passer à côté, tout comme tu peux passer à côté de la musique baroque malgré sa richesse et sa qualité d’écriture. En faisant des enregistrements de musiques sacrées, j’ai pris dans la tronche des associations d’harmonies qui m’ont définitivement marqué et que je peux effectivement parfois retrouver dans des productions musicales plus récentes. Il y a du baroque chez Daft Punk. Il y a effectivement des balises, des choses que l’on retrouve parfois 200 ans plus tard pour une couleur, pour une harmonie. »
« On est beaucoup trop dans une culture où il faut en imposer »
« Maintenant, d’avoir un aspect un peu bisounours dans ma musique, avec une coquille un peu simpliste et évidente ne me gène pas du tout. D’ailleurs les gens disent de Saint Michel que c’est toujours mignon, mélodique. Pour moi elle est plutôt là l’évidence. Dans ce truc un peu gentil, un peu simplet. Je ne cherche pas à être dur avec moi-même quand je dis ça. Je vois vraiment Saint Michel comme cela. Il y a cette simplicité d’approche. Parce que c’est coloré et lumineux la plupart du temps. Le mot gentil est malheureusement trop connoté actuellement. Alors que non, c’est bien de faire quelque chose de mignon et de mélodique. Je trouve qu’on est beaucoup trop dans une culture où il faut en imposer, faire impression, dominer et j’avoue que ça me gave. Alors je suis content de défendre ce truc de bisounours, cette petite boîte à Droopy. C’est effectivement attaquable et c’est sur quoi les détracteurs de Saint Michel fondent leur propos. Je ne dis pas que je le réussis toujours mais il y a quelque chose, évidemment, derrière ces apparences. Il y a plusieurs couches, beaucoup plus de sophistication et de nuances mais ça il faut aussi faire l’effort d’aller le chercher. Parce qu’arriver avec un truc directement prise de tête c’est plutôt facile. Les gens qui font ça sont à côté de la notion d’universalisme. Ils emploient des codes que personne ou presque ne peut capter. On te fait bien sentir qu’il faut être un érudit, avoir fait le bon parcours pour pouvoir digérer le propos. Et moins les gens comprennent plus ils sont satisfaits. Je ne trouve pas ça intéressant.”
Festival Electrochic, du 15 au 17 mars à Versailles, Vélizy, Jouy-en-Josas et Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines). Plus d’infos sur festivalelectrochic.fr
10 mars 2018 - Versailles