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Un musée d’Orsay miniature chez Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye

Le musée Maurice-Denis à Saint-Germain-en-Laye / © Châteaux & Histoire | Pierre Holley
Le musée Maurice-Denis à Saint-Germain-en-Laye / © Châteaux & Histoire – Pierre Holley

Il fait partie de ces nombreux musées encore méconnus de l'outre-périphérique. Le musée Maurice-Denis à Saint-Germain-en-Laye se vit comme une version miniature du musée d'Orsay à Paris tel que nous le conte la journaliste d'Enlarge your Paris Joséphine Lebard.

Depuis le centre-ville de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), il faut descendre une rue en pente pour arriver au musée départemental Maurice-Denis. Maurice qui ? Le nom vous dit vaguement quelque chose, mais alors de loin. Petit point d’étape Wikipédia : Maurice Denis (1870-1943) est l’un des chefs de file du mouvement nabi qui compte dans ses rangs Bonnard, Vuillard ou encore Sérusier. Et le musée de Saint-Germain – ouvert en 1980 – est son ancienne demeure convertie en lieu d’exposition à la suite d’un don important d’œuvres de la famille du peintre.

Avant de nous intéresser aux collections, attardons-nous sur la maison. Elle n’est autre qu’un ancien hôpital royal bâti sous Louis XIV et dont Maurice Denis fait l’acquisition en 1914. Le lieu comporte une chapelle. Ce qui n’a rien d’anecdotique car l’artiste, très croyant, rêve d’en décorer une. Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, plutôt que d’attendre un hypothétique commanditaire, Maurice Denis s’attaque à celle qu’abrite sa maison. Il confie à l’architecte Auguste Perret la restauration des boiseries et des tribunes, puis s’attelle à la réalisation de fresques monumentales. C’est sans doute l’une des pièces maîtresses du musée : chemin de croix, médaillons représentant des saints ou des évangélistes, peintures réalisées dans un camaïeu de bleus consacrées aux Béatitudes ou encore plafond représentant un ciel dans lequel on aimerait flotter… Le moins que l’on puisse dire, c’est que Maurice Denis n’a pas fait les choses à moitié.

Les collections du musée confirment la dimension spirituelle de l’œuvre du peintre. L’artiste propose ainsi sa relecture de la scène des Pèlerins d’Emmaüs transposée… en Bretagne avec de chaudes couleurs de fin d’été où l’influence de Paul Gauguin est palpable. Idem pour La Vocation des apôtres située dans le port du Pouldu (Finistère). Mais le musée met aussi en avant combien Maurice Denis était un peintre de l’intime. À de nombreuses reprises, il portraiture les membres de sa famille. Dans Le Dessert au jardin, il se représente avec sa première épouse, Marthe, dans un décor aux teintes veloutées.

La chapelle du musée Maurice-Denis / © Châteaux & Histoire - Pierre Holley
La chapelle du musée Maurice-Denis / © Châteaux & Histoire – Pierre Holley

Une collection très riche de grands noms de l’époque

C’est aussi assez émouvant de contempler la toile Le Berceau du petit frère juste à côté du berceau breton en question, dans lequel les enfants du peintre ont dormi au cours de leurs premiers mois. À l’étage, c’est un autre pan du talent de l’artiste qui nous est dévoilé. Le musée héberge en effet L’Éternel Printemps, fresque magistrale couvrant toute une pièce que Denis avait réalisée pour la salle à manger de la demeure de Gabriel Thomas, fondateur du musée Grévin à Paris et administrateur de la tour Eiffel. En tout, dix panneaux au lyrisme assumé que le conseil départemental a pu racheter avant la destruction de la maison de Thomas. Et donc reconstituer au sein même de la demeure de son créateur, constituant un décor élégiaque assez étourdissant.

Forcément, au musée Maurice-Denis, on voit beaucoup d’œuvres du peintre. Mais pas seulement. En visitant l’endroit, on découvre une collection très riche qui se compose de grands noms de l’époque. Les Femmes dans un bois de Mondrian côtoient La Fille du patron de Paul Gauguin ou le Paravent aux lapins de Bonnard. C’est bien simple : on a l’impression de déambuler dans une version miniature (et bien moins bondée) du musée d’Orsay (7e).

Avant de repartir, passage obligé par les très beaux jardins qui comprennent un théâtre de verdure ainsi qu’une roseraie. Sur la terrasse, on déambule au milieu des statues de Bourdelle, déposées là par le musée parisien du sculpteur. Comme nous, elles ont l’air de penser qu’on est franchement pas mal, ici, à l’écart de la capitale.

Infos pratiques : Musée départemental Maurice-Denis, 2 bis, rue Maurice-Denis, Saint-Germain-en-Laye (78). Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30. Tarif : 8 € (plein tarif), 6 € (tarif réduit), gratuit pour les moins de 18 ans. Accès : Saint-Germain-en-Laye (RER A, tram T13). Plus d’infos sur musée-mauricedenis.fr

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