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Tamèrantong, la compagnie qui fait se rencontrer comédiens professionnels et jeunes issus des quartiers populaires

La compagnie Tamèrentong mêle comédiens professionnels et jeunes issus des quartiers populaires / © Compagnie Tamèrentong
La compagnie Tamèrentong mêle comédiens professionnels et jeunes issus des quartiers populaires / © Compagnie Tamèrentong

Lancée au début des années 90, la compagnie Tamèrantong fait se rencontrer depuis 30 ans comédiens professionnels et jeunes issus des quartiers populaires autour de spectacles interprétés ensemble. Ce dont nous parle Gabriel Gau, le responsable de la coordination, à l'occasion de « Songe, mythe surgi du chaos » aux 3T à Saint-Denis du 17 au 19 janvier.

L’histoire de la compagnie Tamèrantong ne date pas d’hier

Gabriel Gau : En effet, la compagnie est née il y a une trentaine d’années. Elle a été fondée par la comédienne Christine Pellicane et accueillait des gens venus du spectacle vivant, mais aussi des arts martiaux et du rock alternatif comme les Ludwig von 88. L’idée était que ces professionnels montent des spectacles avec des jeunes issus des quartiers populaires. On a commencé en 1992 avec Mantes-la-Jolie (Yvelines) et Belleville. En 2006, les jeunes du quartier de la Plaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) nous ont rejoints.

Comment est né Songe, votre nouveau spectacle, adaptation libre du fameux Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ?

Pour la première fois, il y a vraiment une dimension très intergénérationnelle de la troupe. Parmi les amateurs, cela va de la grande section de maternelle jusqu’aux jeunes travailleurs. On a lancé le projet il y a trois ans comme une sorte de laboratoire autour de cette dimension. Et, en fait, les plus expérimentés – les lycéens, les étudiants et les jeunes travailleurs – ont commencé à improviser autour de la pièce de Shakespeare. Il y a donc eu beaucoup d’écriture en plateau pour aboutir, effectivement, à une adaptation très libre du texte. L’histoire a été transposée dans notre monde, avec à la fois la réalité des quartiers et une forêt mystérieuse. On touche à la fois à une dimension concrète et à une dimension fantastique.

Qu’est-ce que cette expérience apporte, tant aux jeunes amateurs qu’aux comédiens professionnels ?

Les jeunes se trouvent confrontés à l’exigence artistique d’un spectacle professionnel. Il faut une grande discipline, de la régularité dans le travail, sans oublier la notion d’effort. Ils vont être amenés à dépasser leurs limites. Les professionnels, eux, doivent adapter leur jeu pour jouer avec des enfants, trouver une justesse et savoir être dans le lâcher-prise. Ces enfants et ces jeunes qui participent au projet possèdent une énergie brute, quelque chose de très libre. Cela apporte beaucoup aux professionnels qui, avec le temps, ont pu prendre des habitudes…

Comment Le Songe d’une nuit d’été entre-t-il en résonance avec l’époque actuelle ?

Au sein de la compagnie, on opte en général pour des contes et légendes ou des textes classiques qu’on retravaille au miroir de thématiques qui traversent le quotidien. Dans la pièce de Shakespeare, il y a la question du mariage forcé et des rapports entre hommes et femmes. Dans la pièce originale, Oberon répand sur les paupières de Titania, sa femme endormie, un suc qui la fera tomber amoureuse du premier être qu’elle croisera. Il a été décidé qu’en 2025, dans notre Songe retravaillé, le suc ne fonctionnait pas sur Titania. Tout ceci a donné lieu à des échanges longs et riches sur de nombreux sujets.

Vous le rappeliez, la troupe a plus de trente ans d’existence. En trois décennies, parmi les jeunes qui participent à vos projets, y en a-t-il qui ont choisi de devenir comédiens professionnels ?

À chaque génération de Tongs, comme on les appelle, il y en a effectivement quelques-uns qui choisissent d’en faire leur métier. Mais ce n’est pas un objectif en soi. Nous ne sommes pas une école. Il s’agit de vivre une aventure collective au sein de laquelle ils perçoivent peut-être qu’ils doivent choisir un métier qui leur convient, qu’ils exerceront avec autant de passion et d’exigence que l’aventure Tamèrantong. Cela étant, je remarque que, parmi les anciens de la troupe, beaucoup sont devenus éducateurs ou enseignants. Preuve que la question de la transmission semble importer à un certain nombre d’entre eux.

Infos pratiques : « Songe, mythe surgi du chaos » aux 3T, 14, rue Saint-Just, Saint-Denis (93). Du 17 au 19 janvier. Tarifs : de 10 à 20 €. Accès : métro Front Populaire (ligne 12). Plus d’infos sur les3T.com et sur tamerantong.org / Reprise du 3 au 6 avril au théâtre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, Paris (12e). Tarifs : de 6 à 24 €. Accès : métro Château de Vincennes (ligne 1) puis bus 112 arrêt Cartoucherie. Plus d’infos sur epeedebois.fr

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