A la frontière entre Sceaux et Bagneux, une maison en déconstruction. On y voit encore l’interphone, des toilettes, un escalier. Coupée en deux, les gravats de la baraque se déversent sur le trottoir. A ses pieds, un arrêt de bus. C’est ici que Lor-K, artiste urbaine, a décidé de commencer son nouveau projet, le Grand Pari.
Le Grand Pari de Lor-K, c’est de parcourir les communes du Grand Paris – 94, 92, 93 – pour trouver un bâtiment par département voué à la déconstruction. Sur ce tas de ruines, elle y plante un mât de 4 mètres de haut surmonté d’un drapeau blanc.
Ensuite, c’est la prise de la photo qui va finaliser l’intervention. Car avec un cadrage très serré, Lor-K joue sur l’interprétation : « Quand on regardera l’image, on ne saura pas vraiment si la photo a été prise en zone de guerre ou à la frontière de Paris ». Avec ce nouveau projet, l’artiste joue sur l’ambiguïté d’un décor qui montre la mutation urbaine de la banlieue parisienne.
« Remettre photo et vidéo dans l’art urbain »
Le Grand Pari naît le dimanche de Pâques. Grand ciel bleu et trois degrés à peine pour lancer l’opération. Lor-K vient avec une amie pour l’aider à filmer et prendre des photos. Car pour l’artiste, garder trace de l’intervention est tout aussi important que l’acte artistique en lui-même. : « On ne fait pas attention à la trace alors que c’est l’art de la retranscription. J’aime remettre la photo, la vidéo dans l’art urbain. Je fais un truc et je le laisse dehors : je lui dis adieu parce que je sais que ça va disparaître et je trouve ça mortel ! Derrière, je garde une trace et finalement c’est ça l’œuvre ».
Pour trouver le lieu de sa première intervention, l’artiste a passé sa journée du samedi à scooter. A 13h je reçois un message : « Pour le moment, repérage non concluant ! J’ai tourné toute la matinée pour visiter les endroits que j’avais repérés mais je n’ai pas encore trouvé le lieu parfait ! Une petite pause et je te tiens au courant. » Ce n’est qu’à 17h15 qu’elle trouve le spot. Le rendez-vous est confirmé.
Deux heures de travail, à grimper la ruine, à cadrer, à empêcher les voitures de se garer devant la maison. Et depuis dimanche, un drapeau blanc flotte sur le ciel bleu du 94.
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site de Lor-K.
4 mai 2015