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L’histoire d’une école pas comme les autres à Sèvres

Le film "Pingouin et Goéland" retrace l'histoire de Roger et Yvonne Hagnauer, deux militants pacifistes ayant fondé l'école de Sèvres durant la Seconde guerre mondiale / DR
Le film Pingouin et Goéland retrace l’histoire de Roger et Yvonne Hagnauer, deux militants pacifistes ayant fondé l’école de Sèvres durant la Seconde Guerre mondiale / DR

Actuellement au cinéma, le documentaire « Pingouin et Goéland et leurs 500 petits » raconte l'histoire de deux instituteurs militants, Roger et Yvonne Hagnauer, qui ont fondé l'école de Sèvres pendant la Seconde Guerre mondiale.

La meilleure planque, c’est d’être à découvert. Cela, Roger et Yvonne Hagnauer l’ont bien compris. C’est ainsi que ces deux instituteurs ont caché, durant la Seconde Guerre mondiale, des dizaines d’enfants juifs au nez et à la barbe du régime vichyste. En l’occurrence au sein d’une vaste demeure située à Sèvres (Hauts-de-Seine) et patronnée par le Secours national, une instance… pétainiste. C’est ce sauvetage mais aussi une étonnante aventure pédagogique que raconte le cinéaste Michel Leclerc dans le documentaire Pingouin et Goéland et leurs 500 petits, actuellement à l’écran. Le réalisateur du Nom des gens ou de La Lutte des classes avait de bonnes raisons pour raconter cette histoire : sa mère, Juliette, a fait partie des enfants sauvés par les Hagnauer pendant la guerre.

Le mime Marceau pour moniteur

Militants pacifistes, féministes, les Hagnauer ont le sens de l’engagement inscrit dans leur ADN. L’école de Sèvres, dont Yvonne prend la direction au début de la guerre, est censée accueillir les enfants dont les parents ont été tués dans les bombardements mais aussi ceux en difficulté sociale et qui souffrent de la pénurie alimentaire liée au conflit. Bientôt, l’endroit reçoit également des Juifs à la recherche d’un abri. Des enfants, mais aussi des adultes. Marcel Mangel, le futur mime Marceau, rejoint ainsi l’équipe éducative sous le pseudonyme de Kangourou. Car, pour éviter toute dénonciation, chacun se trouve un sobriquet. D’origine bretonne, Yvonne devient « Goéland ». Roger, toujours vêtu d’une cravate, prend pour alias « Pingouin ». Quand les dignitaires du régime viennent visiter l’école, on cache les proscrits le long des radiateurs. Et les enfants entonnent « Maréchal, nous voilà » pour faire diversion.

Liberté, créativité, curiosité

Dans une période troublée, l’école de Sèvres apparaît, pour tous ses habitants, comme une oasis. Adepte du célèbre pédagogue Decroly, Yvonne déploie dans son établissement des méthodes d’apprentissage innovantes : pratique des arts, exercice de sa liberté et de son sens critique y sont fortement encouragés. À la fin de la guerre, l’aventure se poursuit. Les enfants juifs dont les parents ont été déportés demeurent à l’école, qui déménage à Meudon dans les années 50. Roger organise pour les petits des baptêmes de deltaplane ; les élèves assistent à des conférences de Haroun Tazieff ou correspondent avec Paul-Émile Victor au cours de ses expéditions. Toujours animés de leur esprit pacifiste, les Hagnauer organisent des voyages en Allemagne, ce qui, juste après la guerre, relève de tout sauf de l’évidence. Yvonne prend sa retraite de directrice en 1970 et, quatre ans plus tard, devient « Juste parmi les nations ». L’esprit de Sèvres perdure néanmoins : en témoignent ces réunions d’anciens élèves filmées par Michel Leclerc. À l’évocation de « leur » école, ce sont des sourires ravis d’enfants qui naissent sur les visages des octogénaires.

Infos pratiques : Pingouin et Goéland et leurs 500 petits de Michel Leclerc. À voir en ce moment au cinéma Majestic Bastille (Paris 11e),  au Méliès à Montreuil (93), à L’Écran à Saint-Denis (93), au Luxy à Ivry-sur-Seine (94) et au cinéma Marcel-Pagnol à Malakoff (92)

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