Culture
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L’histoire du métro et du Grand Paris Express racontée à la Cité de l’architecture

La future gare du Pont de Bondy / © Société du Grand Paris - BIG & Silvio d'Ascia
La future gare du Pont de Bondy en Seine-Saint-Denis / © Société du Grand Paris – BIG & Silvio d’Ascia

Avec ses 200 km de voies, contre 219 km pour le métro actuel, le Grand Paris Express, dont la première ligne est prévue fin 2025, va complètement transformer la géographie de la région parisienne. Une histoire racontée jusqu'en juin à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris.

Ah, tiens ! La place du Trocadéro (16e) s’est parée d’une nouvelle installation artistique, se dit-on en contemplant une immense roue dentelée qui fait face à la tour Eiffel et aimante l’objectif des touristes. Quelques minutes plus tard, en pénétrant à la Cité de l’architecture et du patrimoine, le mystère est levé. La fameuse roue n’est autre que la roue de coupe d’un des tunneliers du métro du Grand Paris Express, apprend-on au moment de pénétrer dans la nouvelle expo « Métro ! Le Grand Paris en mouvement ». Placée sous le commissariat de l’architecte Dominique Perrault (la BnF, c’est lui) et de Francis Rambert, directeur de la création architecturale à la Cité, elle retrace l’épopée du métro, de 1900 jusqu’au chantier du Grand Paris Express et ses 68 nouvelles gares. « Ce que nous allons faire va avoir des conséquences incroyables, incommensurables, explique Jean-François Monteils, président du directoire de la Société du Grand Paris, qui pilote cette révolution souterraine. Cette exposition va permettre de le raconter. »

Pour mieux comprendre le futur, un petit retour en arrière s’impose. Les premières pièces de l’exposition nous ramènent plus de cent ans en arrière, à la naissance du métro. « Un métro peu enfoui, à fleur de peau », raconte Dominique Perrault. Un métro dans lequel il faut convaincre les voyageurs de descendre. Et la devise du métro, établie par son fondateur Fulgence Bienvenüe, n’est autre que « Grâce à la foudre ravie à Jupiter, la race issue de Prométhée est transportée dans les antres souterrains ». Oui, Fulgence ne se mouchait pas du coude quand il s’agissait de trouver des slogans… Or, rappelle Jean-Marc Hofman, adjoint au conservateur de la galerie des moulages de la Cité, « le sous-sol, c’est le lieu du spectre épidémique ». Pour convaincre la race issue de Prométhée de descendre sous terre, on fait appel à  l’architecte et figure de l’Art nouveau Hector Guimard pour rassurer les foules avec sa décoration mettant en scène une « rassurante nature ».

Des duos architectes/artistes

Un peu plus d’un siècle plus tard, on ne craint plus de descendre sous terre, ce qui n’empêche pas de solliciter toujours les artistes. En effet, pour la mise en œuvre des gares du Grand Paris, des duos architectes/artistes ont été constitués. C’est sans doute le point névralgique de l’exposition : une immense pièce qui propose les maquettes de plusieurs projets. Comme le rappelle Pierre-Emmanuel Becherand, responsable Architecture, Culture, Design et Création à la Société du Grand Paris, « le Grand Paris Express, ce sera trois millions de voyageurs par jour. Cela signifie qu’en une semaine, nous aurons la fréquentation annuelle du Louvre ».

D’où l’envie d’en faire une galerie d’art XXL Avec, bien sûr, un cahier des charges. « On ne crée pas pour le métro comme pour le Palais de Tokyo, prévient Pierre-Emmanuel Becherand. Nous veillons à ce que les œuvres soient justes là où elles sont, qu’elles puissent être comprises sans explications. Beaucoup d’entre elles sont d’ailleurs liées au rapport au corps, au mouvement. Il faut que s’en dégage quelque chose d’universel. » Une attention particulière a ainsi été apportée au recrutement des artistes. « Il y a des artistes du territoire, mais pas seulement, justifie Pierre-Emmanuel Becherand, car nous recherchions la diversité, afin de ne pas nous replier sur nous-mêmes. Nous avons aussi veillé à la diversité générationnelle, à la variété des formes (sculpture, street art, fresque, numérique…) ainsi qu’à la parité homme/femme. »

Un métro vu comme des vaisseaux sanguins

Dans un coin, un homme coiffé d’un bonnet de marin ne perd pas une miette des explications données par les commissaires. Il s’agit d’Enki Bilal. Le dessinateur fait partie des artistes mandatés pour intervenir sur les quais du futur métro. Pour la gare d’Issy (Hauts-de-Seine), il a ainsi imaginé une fresque représentant des êtres humains mais aussi des animaux qui, dans un camaïeu de bleus, tournent leurs regards vers le voyageur. « Issy, je connaissais un peu car c’est une banlieue qui concentre beaucoup de maisons de production, de sociétés liées à l’audiovisuel, raconte celui qui a réalisé notamment Immortel ou Tykho Moon. Le métro, je le vois comme un flux souterrain, des vaisseaux sanguins qui irriguent Paris. C’est pourquoi j’ai voulu représenter un faisceau d’humains, d’animaux, bref, un flux du vivant. Quant au fait que certains contemplent le voyageur, c’est une façon de sortir de l’ « auto-selfisation ». Le regard attire le regard. Après, ce qui va se passer dans cet échange entre mon travail et les voyageurs, cela ne m’appartient plus. Mon but est d’apporter du rêve, du fantasme et de la vie par le biais de l’imaginaire. » À suivre, et à vivre…

Infos pratiques : exposition « Métro ! Le Grand Paris en mouvement » à la Cité de l’architecture et du patrimoine, palais de Chaillot, place du Trocadéro, Paris (16e). Jusqu’au 2 juin. Ouvert tous les jours de 11 h à 19 h sauf le mardi. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Journée portes ouvertes le samedi 18 novembre de 11 h à 19 h. Tarifs : 9 € (plein tarif), 6 € (tarif réduit). Accès : métro Trocadéro (lignes 6 et 9). Plus d’infos sur citedelarchitecture.fr

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