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Les Journées du Matrimoine racontent une autre histoire de l’art

La fontaine Stravinsky à Paris conçue par l'artiste Niki de Saint Phalle avec le sculpteur Jean Tinguely / © Daniel Bracchetti (Creative commons - Flickr)
La fontaine Stravinsky à Paris conçue par l’artiste Niki de Saint Phalle avec le sculpteur Jean Tinguely / © Daniel Bracchetti (Creative commons – Flickr)

L'histoire de l'art n'a pas été faite que par des hommes. C'est ce qu'entendent rappeler les Journées du Matrimoine qui se tiennent les 18 et 19 septembre à Paris et dans huit autres villes franciliennes en parallèle des Journées du Patrimoine. Enlarge your Paris s'est entretenu avec Marie Guérini, coordinatrice de l'événement et membre de l’association HF Île-de-France.

Quelle est la genèse de l’association HF Île-de-France ?

Marie Guérini : HF est née du constat que les femmes sont très peu présentes dans les métiers des arts et de  la culture. Elles sont pourtant plus diplômées et malgré tout moins nombreuses à en faire leur métier. Elles sont moins aidées, moins programmées, moins récompensées que les hommes. Elles représentent par exemple 13 % des dirigeants de centres chorégraphiques nationaux et 5,5% des instrumentistes. Aujourd’hui, le mouvement compte 8 collectifs HF en France.

Quels types d’actions menez-vous ?

Entre 2012 et 2015, nous avons organisé des actions pour faire prendre conscience aux théâtres la faible  place réservée aux femmes autrices, actrices, metteuses en scène ou régisseuses. Ceci a conduit une trentaine de théâtres à signer une charte les engageant à être plus attentifs sur le sujet. Par la suite, nous avons travaillé dans le secteur de la musiques où, là encore, les femmes sont très peu nombreuses car les hommes ont la main sur les labels, les grands festivals et les lieux de diffusion. Nous avons lancé la campagne « Tu joues bien pour une fille » qui a permis de donner un coup de projecteur sur certaines d’entre elles.

En quoi consiste les Journées du Matrimoine ?

Le terme « Matrimoine » n’est pas un néologisme. Le mot existe depuis le Moyen Âge mais a disparu au XVIIè siècle. Les Journées du Matrimoine ont pour but de réhabiliter les créatrices du passé, rendre à nouveau visibles leurs oeuvres, leur redonner la place qu’elles n’auraient jamais dû perdre, réparer une injustice de l’histoire écrite par des hommes. C’est aussi offrir des modèles d’identification aux jeunes générations et donner l’occasion aux créatrices d’aujourd’hui de s’emparer de ces modèles. Elles ont ainsi l’impression de ne pas être des pionnières mais des héritières artistiques.

Que nous réserve cette nouvelle édition ?

Pour cette 7e édition des Journées du Matrimoine, HF Île-de-France propose 21 événements mettant en scène 60 figures du matrimoine dont Charlotte Delbo. Elle est surtout connue du grand public comme ayant été l’assistante de Louis Jouvet mais c’est avant tout une grande autrice et une résistante qui a vécu l’expérience concentrationnaire. Il est prévu deux représentations de sa pièce « Les Hommes » à la Cité audacieuse à Paris (6e). Malgré le titre, cette oeuvre évoque la survie par la sororité. A l’Hôtel de Ville (4e), la compagnie Les Chants égarés proposera un spectacle autour de l’oeuvre de Catherine Des Roches, poétesse et autrice de chansons au XVIe siècle. A noter aussi un événement audacieux et rebelle : « Allons enfantes de la Matrie » revisite l’histoire de la Révolution française. Tout est gratuit, mais il faut réserver.

Infos pratiques : « Les Journées du matrimoine », 21 événements gratuits à Paris et dans 8 villes du Grand Paris les 18 et 19 septembre. Inscription gratuite obligatoire ici. Plus d’infos sur hf-idf.org

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