Le Mois Molière, 30 jours de théâtre gratuit (ou presque) à Versailles

Le Mois Molière dans la cour de la Grande écurie à Versailles / © JP

En partenariat avec la Ville de Versailles

Pour cette vingt-huitième édition, vous choisissez de mettre l’accent sur le théâtre contemporain. Pourquoi ?

François de Mazières : Parce que l’art doit se renouveler. Certes, Versailles est une ville attachée au patrimoine mais elle l’est tout autant à la création du XXI^e siècle. D’ailleurs, quand nous avons choisi de baptiser notre événement Mois Molière il y a 28 ans, c’est bien sûr parce qu’il s’agit d’un auteur emblématique mais aussi d’un artiste qui savait incarner les sujets graves de son temps. Les spectateurs pourront ainsi découvrir Les Lauriers roses, Sidi-Bel-Abbès 1956-1962, une sorte de Roméo et Juliette à l’heure de la décolonisation en Algérie. Ou encore Paris-Istanbul, dernier appel, qui évoque l’exil. Avec Le Géniteur, pièce que j’ai écrite, j’aborde un sujet qui s’inscrit dans l’actualité sous la forme d’une comédie. S’intéresser au théâtre contemporain, c’est non seulement mettre en avant les textes d’aujourd’hui mais aussi faire la part belle aux jeunes metteurs en scène. C’est pourquoi nous avons programmé Le Révizor de Nikolaï Gogol porté par Ronan Rivière ou encore Le Bourgeois Gentilhomme de Molière avec la vision de Bastien Ossart. À noter également pour les amoureux de Pagnol la programmation de La Gloire de mon père et Le Temps des secrets. Ce sont des textes qui n’ont jamais été montés, ce sera donc une belle occasion de les découvrir. Dans le cadre extraordinaire du Potager du Roi, Stéphanie Tesson nous proposera sa mise en scène de La Tempête de Shakespeare.

Nouveauté de cette année, du 3 au 21 juillet, le Mois Molière va s’exporter à Avignon. Comment ce projet s’est-il monté ?

Il s’avère que beaucoup des troupes qui se produisent au Mois Molière vont ensuite jouer au off d’Avignon. Ils ont leurs habitudes dans certaines salles. Or les responsables d’un nouveau lieu m’ont appelé pour établir leur programmation. Il s’agit de l’ancien Carmel, un endroit exceptionnel avec un magnifique jardin. Les spectacles auront lieu dans une ancienne chapelle réaménagée. J’y ai vu une belle occasion de faire rayonner le festival. Tout au long de la journée seront donc représentées les pièces que nous avons sélectionnées. Parmi celles-ci, La Valise de Sophie Forte, La Liste de mes envies, d’après le roman de Grégoire Delacourt, On purge bébé, le classique de Feydeau. En tout, sept spectacles proposés lors du Mois Molière à Versailles iront à Avignon.

Dans votre présentation du Mois Molière, vous insistez sur la dimension rassembleuse du théâtre…

En tant qu’élu, je sens l’angoisse monter parmi mes concitoyens. Je perçois la fragmentation de la société. Or ces causes de fragmentation sont souvent dérisoires. Il me semble que le théâtre permet, collectivement, d’être plus intelligents. On peut avoir des convictions fortes, certes, mais on en débat. C’était d’ailleurs sa fonction dans l’Antiquité : parler des sujets importants, instaurer un dialogue et extérioriser la violence afin d’en faire quelque chose de constructif. C’est pourquoi le Mois Molière se déroule dans de nombreux endroits de la ville. C’est aussi pourquoi nous sommes attachés à la gratuité ou, tout du moins, à des billets à très faible coût.

Infos pratiques : Le Mois Molière, du 1er au 30 juin à Versailles (78). Tarifs : spectacles gratuits sauf ceux à la Grande écurie (2 €), au théâtre Montansier (2 €), au Potager du Roi (6 €) et à la Royale Factory (18 €). Accès : gare de Versailles Château Rive gauche (RER C), gare de Versailles Rive droite (ligne L), gare de Versailles-Chantiers (lignes N, U, V et RER C). Plus d’infos sur moismoliere.com