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La saga Prisu et la démocratisation du beau aux Arts déco

L'expositon "De Prisunic à Monoprix, une aventure française" est à voir en ce moment aux Arts déco à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
L’exposition « De Prisunic à Monoprix, une aventure française » est à voir en ce moment aux Arts déco à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Offrir le beau au prix du laid : telle était l'ambition de l'enseigne Prisunic sur la laquelle revient le Musée des arts déco à Paris jusqu'au 15 mai avec l'expo « De Prisunic à Monoprix, une aventure française ».

C’est peut-être un détail pour nous, mais sans doute que, pour Jacques Demy, il voulait dire beaucoup. Dans Les Demoiselles de Rochefort (1967), le cinéaste offre une scène où Delphine (Catherine Deneuve) montre à sa sœur Solange (Françoise Dorléac) ce qu’elle a acheté pour leur show lors de la foire locale. À la main, elle porte un sac reconnaissable entre mille avec sa spirale rouge sur fond orange. Oui : la demoiselle de Rochefort est allée faire ses courses chez Prisunic. De fait, en cette fin des années 60, la marque a la cote avec son ambition d’offrir « le beau au prix du laid », selon les mots de Denise Fayolle. Arrivée en 1953 au sein de l’enseigne, cette ancienne patineuse artistique devenue styliste va impulser le « style Prisu » qui repose sur la démocratisation du beau.

Fantastique plastique

C’est toute cette histoire que relate l’exposition « De Prisunic à Monoprix, une aventure française » qui se tient jusqu’au 15 mai au Musée des arts décoratifs à Paris (1er). Au gré d’un parcours sinueux – l’expo, assez disséminée, court sur plusieurs étages –, le visiteur s’imprègne de l’univers Prisunic qui, en 1997, fusionne avec Monoprix. Les années 60-70 célèbrent donc la vivacité des couleurs primaires et l’avènement du plastique via des meubles pensés par des designers prestigieux tels Sir Terence Conran (le fondateur d’Habitat et du Conran Shop), Danielle Quarante, dont le siège Balthazar a la bonne idée d’être empilable, sans oublier le lit en polyester moulé signé Marc Held.

Du fameux sac de courses orange et jaune dessiné par Jean-Pierre Bailly à l’actuel jeu d’imprimé bayadère signé de la designer Cléo Charuet et qui orne les produits Monop, c’est aussi la façon dont la marque se met en scène qui est revisitée. On se replonge ainsi avec nostalgie dans les anciennes campagnes publicitaires pour constater notamment comment l’enseigne va s’éloigner peu à peu de sa dimension populaire pour s’approprier les codes qui parleront aux urbains CSP+.

L’exposition met également en avant les différentes collaborations qui émaillent l’histoire de Prisu et Monop en matière de mode, de linge de maison ou de vaisselle. C’est au dernier étage qu’elles sont le mieux mises en scène dans deux espaces. Produits alimentaires et accessoires signés Monoprix sont déployés dans la superbe cuisine conçue par Charlotte Perriand. Quant à la reconstitution d’une chambre de la cité universitaire d’Antony (Hauts-de-Seine), elle héberge la collection de petites robes noires commandée par l’enseigne en 2013 au moment des fêtes à des créateurs de renom tels Hussein Chalayan ou Alexis Mabille. Ou quand la grande distrib sort le grand jeu…

Infos pratiques : expo « De Prisunic à Monoprix, une aventure française » au Musée des arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris (1er). Jusqu’au 15 mai. Fermé le lundi. Tarifs : 14 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : métro Palais-Royal (lignes 1 et 7). Plus d’infos sur madparis.fr

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