Culture
|

La Maison des arts de Malakoff nous a fait le coup de la panne (et on a été séduits)

La Maison des arts de Malakoff / © Myrabella (Wikimedia Commons)
La Maison des arts de Malakoff / © Myrabella (Wikimedia Commons)

Depuis février, la Maison des arts de Malakoff a mis en place un projet original et questionnant qui consiste à couper l'eau, le gaz et l'électricité pendant cinq mois. Cinq mois durant lesquels exposition, lectures et débats vont alimenter une réflexion autour de nos habitudes de consommation. Virginie Jannière, journaliste pour Enlarge your Paris, s'est emmitouflée et s'est rendue sur place.

On ne va pas se mentir. En cette froide matinée de février, lorsque je pousse la porte du Centre d’art contemporain de Malakoff (Hauts-de-Seine) pour un reportage sur l’opération « Couper les fluides », je me demande à quelle sauce d’éco-anxiété je vais bien être mangée. Sans parler de la peur de la performance artistique un brin glaçante. Le principe de l’expérimentation conduite entre ces murs : couper en quasi-totalité les fluides énergétiques – eau, gaz, électricité – du lieu pendant cinq mois. En comparant ensuite les données obtenues avec celles d’une utilisation « classique » du bâtiment, l’objectif est de faire évoluer les habitudes.

Menée avec le collectif Les Augures, qui accompagne les acteurs du monde culturel dans leur transition écologique, « Couper les fluides » se veut un objet de recherche très sérieux, loin du « coup de com ». « Nous y réfléchissons depuis deux ans. Début juillet, nous devons rendre un rapport à la Ville afin qu’elle puisse s’en inspirer », confie Aude Cartier, la directrice de la Maison des arts de Malakoff. Lorsque j’arrive dans la bâtisse, les équipes viennent de profiter des deux heures quotidiennes où elles peuvent travailler sur ordinateur avant de tout couper. Aude Cartier semble satisfaite : « Cela nous pousse à nous organiser plus efficacement. Et nous nous retrouvons l’après-midi pour travailler autrement. »

Des stéthoscopes pour écouter les bruits du bâtiment

Comme je pouvais m’en douter, les artistes exposés présentent des œuvres assez pointues. Mais les médiateurs de la Maison des arts sont là pour guider le public (tant mieux !) ; peu à peu, je me sens happée par le sujet. Je découvre d’abord une culture hors-sol de pleurotes, une installation d’Anouck Durand-Gasselin qui interroge les alternatives urbaines à nos manières de produire de la nourriture. Plus loin, une grande table en bois (de récupération) recouverte de broderies faites par le public parle de l’importance du collectif. Au premier étage, je suis intriguée par les œuvres de Charlotte Charbonnel : de drôles de stéthoscopes branchés dans les murs. « On peut y écouter l’écosystème du bâtiment : la poussière, les souris, les insectes », m’explique Aude Cartier.

Au fond de la pièce, une « librairie consultative » permet de venir lire nombre d’ouvrages éco-militants. Le Centre d’art y propose tous les jeudis des « arpentages », ces lectures partagées entre différents lecteurs. Autre lieu d’échanges, « l’agora » est un amphithéâtre de bois qui sert à accueillir des débats les samedis. « Nous ne voulions surtout pas tomber dans le piège de la parole pyramidale, hiérarchisée. La forme change le fond », se réjouit Aude Cartier. Je termine la visite par le jardin où est exposé un four à pain construit avec la terre argileuse de déblaiement d’un chantier du quartier.

Débrancher pour se réapproprier le temps

Avoir la patience nécessaire pour faire pousser des champignons, débattre, lire, faire sécher de l’argile ou encore écouter le bruit des murs… Et si couper les fluides n’était pas aussi un moyen de se réapproprier le temps ? « Encore une résonance à l’actualité avec ce débat autour des retraites ! », plaisante à peine Aude Cartier.

Infos pratiques : La Maison des arts, 105, avenue du 12-février-1934, Malakoff (92). Jusqu’au 8 juillet. Ouvert du mercredi au vendredi de 12 h à 18 h, les samedis et dimanches de 14 h à 18 h, les lundis et mardis sur rendez-vous. Entrée libre. Accès : métro Malakoff-Plateau de Vanves (ligne 13) ou mairie de Montrouge (ligne 4). Plus d’infos sur maisondesarts.malakoff.fr

Lire aussi : Douze façons de profiter du passe Navigo culture

Lire aussi : Comment le 13e est devenu une référence du street art depuis 10 ans

Lire aussi : Le Colors festival donne carte rouge à 80 artistes dans un immeuble de bureau