Sauf si l’on considère le fromage comme un art, il est rare d’entendre parler de Coulommiers comme de l’un des hauts lieux de l’expression artistique contemporaine. Et pourtant, c’est bien à quelques kilomètres de cette charmante ville de Seine-et-Marne que se cache Galleria Continua, une galerie d’art nichée dans un bout de campagne sur un ancien site industriel. Créée en Toscane à San Gimignano il y a plus de trente ans, Galleria Continua possède désormais des antennes à Pékin, La Havane, Rome, São Paolo, Paris et Dubaï, et expose les œuvres des plus grands artistes contemporains du monde entier. Et Coulommiers ne fait pas exception. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie d’emprunter la ligne P jusqu’à son terminus pour aller voir.
Une usine désaffectée au milieu des champs
Je dois l’avouer : je m’attendais à faire des jeux de mots un peu faciles sur le thème de la galère. Car se rendre à Galleria Continua reste un brin plus complexe en transports en commun qu’en voiture. Après avoir rangé mon vélo dans l’un des emplacements prévus à cet effet (j’ai de la chance, les nouveaux trains Francilien 100 % électriques viennent d’être déployés sur la ligne), me voilà partie pour une heure de voyage. Arrivée sur place, j’enfourche mon fidèle destrier pour quelque 6 kilomètres de route bordée par les champs.
Un quart d’heure plus tard, me voilà au bout du monde devant ce qui ressemble à une usine désaffectée à Boissy-le-Châtel (Seine-et-Marne). Une jeune femme semblant sortir de nulle part m’accueille alors pour me présenter les lieux. Galleria Continua est installée dans d’anciens moulins à blé devenus tour à tour papeterie, usine de meubles en bois et fabrique de plastique. Si les machines ont disparu, les murs sont restés pratiquement en l’état. Tout en déambulant dans ces gigantesques espaces, je découvre les trois expositions temporaires installées jusqu’au 24 décembre ainsi que des œuvres exposées ici pour plusieurs années, comme les fresques et les vitraux colorés de Daniel Buren.
À ce stade, je dois vous faire un aveu : sans médiation, je n’aurais pas compris grand-chose à ces œuvres. Ici, la visite libre n’existe pas et c’est tant mieux. Pas de snobisme non plus : on a le droit de poser les redoutées « questions bêtes » et de ne rien connaître à l’art. Grâce aux guides, j’ai pu percevoir toute la nostalgie contenue dans un assemblage de radiateurs et de fleurs de l’artiste Sislej Xhafa ou encore la portée humaniste de l’œuvre de Michelangelo Pistoletto, figure de l’Arte povera. Au fur et à mesure de la visite, je découvre ici et là le passé industriel du site à travers la présence discrète d’une ancienne pointeuse ou de vieilles affiches de la CGT encore accrochées à un mur. Quelques minutes plus tard, le temps de passer sous des voûtes datant du XIVe siècle, je profite de la vue bucolique sur le Grand Morin, la rivière bordant l’usine (moulin oblige).
Des œuvres géantes et un skate park artistique
De nouveau, je remonte sur mon vélo pour relier, à travers champs, le second site : Le Moulin de Sainte-Marie. J’aurais pu aussi passer à travers bois au fil de la rivière et suivre le parcours sensoriel retraçant le passé industriel des moulins (des installations olfactives sont disséminées le long de la rive). Là encore, le lieu est XXL. Avant de passer une énième porte rouillée pour découvrir la dernière exposition – celle assez déroutante de l’Indien Subodh Gupta –, nous passons avec la guide devant un skate park artistique, des poussettes géantes signées Nari Ward, une œuvre gigantesque d’Anish Kapoor, et d’autres installations « long terme » qui semblent veiller avec bienveillance sur la jeune garde de l’art contemporain. L’heure du retour a sonné. Sur mon vélo, je fredonne Les Moulins de mon cœur de Michel Legrand, heureuse d’avoir pris un bol d’art en même temps qu’un bol d’air.
Infos pratiques : Galleria Continua, 46, rue de la Ferté-Gaucher, Boissy-le-Châtel (77), ouvert du mercredi au dimanche de 12 h à 18 h. Gratuit. Accès : gare de Coulommiers (ligne P) puis 8 minutes en bus express ou 15 min à vélo. Il est possible d’embarquer gratuitement son vélo dans les trains SNCF Transilien uniquement en dehors des périodes de pointe : du lundi au vendredi, avant 6 h 30, entre 9 h 30 et 16 h 30 et après 19 h 30 ; le samedi, le dimanche et les jours fériés sans restriction d’horaires. Plus d’infos sur galleriacontinua.com
Où déjeuner à Coulommiers ?
Avant votre visite de Galleria Continua, n’hésitez pas à pousser les portes de l’Happy Time à Coulommiers (Seine-et-Marne), un tout nouveau café-restaurant à l’ambiance détendue recouvert de végétation des murs au plafond, avec des fauteuils en osier suspendus et même des cartes à messages positifs sur les tables. À tester entre autres : l’avocado tartare (un tartare de bœuf garni de guacamole) et le Happy Time poke bowl (avec plein de bons produits frais et sains dedans).
Infos pratiques : Happy Time, 13, place du marché, Coulommiers (77). Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 14 h et de 18 h à 22 h les vendredis et samedis. Tél. : 06 74 05 10 76. Accès : gare de Coulommiers (ligne P). Plus d’infos sur Facebook
Lire aussi : Le festival « Inspire », un parcours de randonnée artistique dans la campagne normande
Lire aussi : À la Maison de Claude Monet à Argenteuil, l’impressionnisme fait sensation
Lire aussi : TRAM, passeur d’art contemporain depuis plus de 40 ans dans le Grand Paris
Lire aussi : Musicanimale, l’expo tout sauf bête
13 octobre 2022 - Coulommiers