Yerres : Jusqu’à dimanche 21h, une exposition à la propriété Caillebotte (91) propose 43 toiles de l’artiste, à la minutie photographique. L’occasion de déguster ses oeuvres sur place, à l’endroit-même où elles ont été peintes.
Un délicieux parfum d’été, de terre chauffée au soleil, des ombres apaisantes et le clapotis de l’eau en fond sonore. Voilà les impressions qui assaillent le visiteur de l’exposition « Caillebotte à Yerres » qui se tient jusqu’à dimanche 21h dans la propriété familiale du peintre. L’ancien président du musée d’Orsay, Serge Lemoine, a réussi à rassembler 43 toiles de Gustave Caillebotte « à l’endroit même où elles ont été peintes ». La première salle de l’exposition (de taille modeste, comptez une heure de visite), plongée dans une demi-pénombre, met tout de suite les visiteurs dans le bain avec le frais triptyque de toiles peintes en 1878, Pêche à la ligne, Baigneurs aux bords de l’Yerres et Périssoires sur l’Yerres. Bienvenue dans la haute société de la fin du XIXe siècle qui pratique le loisir et le farniente comme un art.
Gustave vient à Yerres l’été, passer les mois chauds loin de la fournaise parisienne. Il peint des « sujets futiles et désinvoltes pour l’époque, décrit Serge Lemoine, ce ne sont pas les thèmes classiques que traitaient alors les peintres académiques. Caillebotte est un impressionniste et il représente son quotidien : des scènes de canotage, de pêche, un homme jouant au billard… » L’artiste joue avec les taches de peintures, s’amuse à créer des reflets dans l’eau, dans la lignée (pas droite) du mouvement impressionniste dont il est aussi le généreux mécène achetant les œuvres de ses amis.
Impressions du monde d’Yerres
Mais ses cadrages sont étonnants et n’appartiennent qu’à lui. Ils sont photographiques, et ce, avant meme l’apparition de l’appareil photo : ses Périssoires sur l’Yerres (la toile venant de Washington, puisqu’il en existe plusieurs versions) semblent avancer vers nous, comme dans un plan cinématographique. On ne voit pas le ciel, juste la rivière, la végétation touffue des berges et les trois hommes chacun dans leur canot, énigmatiques car sans visages, cachés par les chapeaux. Travail géométrique dans le chef d’œuvre L’Yerres, effet de pluie (1875), avec ces cercles dans l’eau ; déformation des perspectives dans les nombreuses représentations du parc de la propriété (on peut s’amuser à retrouver les vues peintes par Caillebotte en se promenant ensuite, avec ou sans i-pad), toile inachevée du billard… On entre dans l’exposition en plongeant avec les baigneurs, on en ressort troublé, avec l’envie de regarder différemment le paysage, de le filmer, de le photographier. Merci Gustave !
18 juillet 2014 - Yerres