Du 16 juin au 16 juillet, la Maison des Arts et Métiers de la Cité Universitaire se transforme en oeuvre d'art monumentale pour la deuxième édition du festival street art REHAB. Nous avons pu visiter les coulisses.
Le street art se niche décidément partout. L’an dernier, il avait fait son entrée à la Cité Universitaire (14e) avec REHAB, performance au cours de laquelle les 355 chambres de la Maison des Arts et Métiers avaient été repeintes du sol au plafond par cinquante artistes avant que ne débute un chantier de rénovation. Rebelote cette année toujours à la Cité U avec REHAB #2, qui prend possession d’un autre bâtiment de la Maison des Arts et Métiers en convoquant plus de 80 artistes. “La particularité cette fois c’est qu’ici il y a encore beaucoup d’étudiants. Les artistes ont cohabité avec eux pendant 3 semaines et on leur a gentiment demandé de bien vouloir quitter les lieux avant l’inauguration au public le 16 juin”, explique l’artiste Olivier Poizat (aka Kesadi), co-organisateur avec le studio de création Bitume de cette édition qui s’étalera jusqu’au 16 juillet.
Sur le perron de la résidence, à quelques jours de l’ouverture, l’artiste MORNE s’affaire à courber des grilles pour construire sa baleine géante qui s’installera dans l’escalier, “donnant l’impression que l’on marche à l’intérieur de sa gueule.” Le mot d’ordre donné aux artistes ? “Faites vous plaisir !”, confie Olivier. Pas de ligne directrice donc, chacun a carte blanche. Si des équipes se forment lorsqu’il s’agit de trouver une harmonie pour tout un couloir, la plupart des productions sont en freestyle solo. Et c’est justement cette immersion éclectique qui avait fait le succès de la première édition. Quant à la sélection des artistes, tout s’est fait grâce au bouche à oreille. Ceux présents l’an dernier ont donné le nom d’un confrère talentueux et c’est ainsi que la dream team s’est formée.
Un concept monté à l’arrache
Comme le rappelle Olivier, le projet était audacieux : “Tout s’est fait à l’arrache, on y est allés au culot ! Florent, qui a créé Bitume, est un ancien gadzart. Il était au courant de la réhabilitation de la Maison des Arts et Métiers. En ce qui me concerne, je suis basé à Lyon. Florent m’a demandé de solliciter mon réseau, d’où la présence de nombreux Lyonnais. Un mois après son appel, on inaugurait REHAB #1 !”
Dans les coulisses de REHAB #2, l’ambiance est aux retrouvailles. “On attendait avec impatience de revenir ! REHAB, on s’y sent en famille, c’est agréable de travailler de manière décloisonnée”, témoigne Jérôme Laurent, aka Jungle. “C’est la première fois que j’oeuvre dans ce cadre là. Je suis plus un habitué des murs extérieurs ou des squats. Mais là c’est autorisé et médiatisé. En ce moment, c’est la haute saison pour les street artistes. On saute d’un mur à l’autre !”, s’enthousiasme l’artiste Ernesto Novo, qui travaille en parallèle sur une fresque de 37 mètres de long à Créteil (94). Ici, les artistes sont dédommagés mais non rémunérés. “La véritable contrepartie pour nous ce sont les retombées médiatiques d’un tel événement. On attend un retour sur investissement”, témoigne Ernesto.
Un village dédié à la street culture
Au deuxième étage de cette galerie éphémère qui en compte sept en tout, une équipe est à pied d’oeuvre qui se connaît depuis longtemps. “On a pris le temps de se concerter pour trouver une harmonie à tout l’étage, ce n’est pas toujours évident de fusionner nos univers, raconte CREY 132. On reconstitue un environnement urbain en préservant la spontanéité et les coulures de peinture qui caractérisent notre travail dans la rue. » Ils sont une douzaine, dont deux filles, à s’être donné pour consigne de peindre à l’endroit et à l’envers. Le parcours s’annonce délicieusement vertigineux.”On profite du fait que le bâtiment soit totalement symétrique pour perdre le visiteur dans un labyrinthe visuel”, détaille Jérôme Laurent. En plus des longs couloirs, quelques pièces seront à découvrir renfermant notamment les vanités de l’artiste Carlos Olmo, des affiches de parfum détournées en têtes de mort.
REHAB #2, c’est aussi un village dédié à la street culture au coeur du parc de la Cité Universitaire avec des session de Live painting, des concerts et de la boisson houblonnée. Tous les ingrédients d’un événement non-académique dans un lieu académique.
Infos pratiques : REHAB #2, du 16 juin au 16 juillet. Maison des Arts et Métiers – Cité Internationale Universitaire, 17 boulevard Jourdan, Paris 14e. Entrée libre. Plus d’infos sur Facebook
13 juin 2017 - Paris