En partenariat avec la Réunion des musées nationaux
Qui l’eût cru ? À seulement 22 min en train de la gare du Nord (10e) se trouve perché au sommet d’une butte un château du XVIe siècle, inspiré des palais d’Italie, qui offre un panorama à perte de vue sur les champs du Grand Paris agricole. Son nom ? Le château d’Écouen.
Pour y parvenir, commencez par vous offrir une balade dans la forêt après être descendu en gare d’Écouen-Ézanville en ayant emprunté le train de banlieue le plus rutilant au monde, le Francilien, avec ses banquettes multicolores et ses larges baies vitrées. Après une marche de 1,5 km via l’allée du Bois, la route du Four-à-Chaux, la route du Pré-Curé et l’allée du Luat, vous voici aux portes de celui qui est devenu en 1977 l’unique musée en France entièrement consacré à la Renaissance, choisi par André Malraux qui cherchait un lieu où exposer les collections nationales pour la plupart stockées dans l’hôtel de Cluny à Paris.
Une fois franchi les douves et admiré le paysage, vous serez au seuil d’un voyage sur deux étages à travers la production artistique de la Renaissance, au cours duquel vous vous pâmerez devant une tapisserie de 75 mètres de long – la Tenture de David et Berthsabée tissée de fil d’or, de laine et de soie –, un automate épousant les traits d’un galion à trois mâts – la Nef automate dite « de Charles Quint » – ainsi qu’une réplique de la Cène de Léonard de Vinci peinte par Marco d’Oggiono. Une toile que vous pourrez singer en prenant place à la Table des rois pour vous accorder un en-cas chaud ou froid tout en profitant de la vue sur le parc naturel Oise – Pays de France, l’un des quatre parcs naturels franciliens avec le Vexin français, la Haute Vallée de Chevreuse et le Gâtinais français.
L’art de faire revivre la Renaissance
Outre les collections permanentes, le château d’Écouen accueille également des expositions temporaires qui mettent en lumière des aspects de la Renaissance. Jusqu’au 3 juillet, il est ainsi possible d’y admirer une exposition consacrée à Antoine Caron, « figure un peu négligée de la Renaissance française », comme le souligne le conservateur du patrimoine Matteo Gianeselli. Une injustice qu’il fallait réparer puisque Antoine Caron (1521-1599) a œuvré pour pas moins de cinq rois de France, de François 1er à Henri IV, ainsi que pour la reine Catherine de Médicis. À travers son parcours, on comprend que, au XVIe siècle, « peindre est un métier polyphonique » comme le résume comme le souligne Matteo Gianeselli. De fait, les œuvres de Caron inspirent bon nombre de ses contemporains à qui il fournit des modèles.
Véritable scénographe, il participe à l’organisation de cérémonies royales. Un sens de la mise en scène qui se retrouve dans ses œuvres à la composition grandiose et opératique. Grandiose, le mot convient aussi à la Tenture des Valois : un ensemble de huit tapisseries commandé par Catherine de Médicis à partir de dessins de Caron. Y sont représentés les membres de la famille royale au cours de fêtes fastueuses telles que des fêtes nautiques ou des tournois. Tissée entre 1575 et la fin des années 70, la tenture a une dimension clairement politique : elle vise à proposer une image idéalisée de la famille royale alors que le pays est déchiré par les guerres de religion. Prêtée au musée de la Renaissance par la Galerie des Offices de Florence, c’est la première fois que la tenture est présentée dans son intégralité ailleurs que dans la capitale toscane. Au gré des 90 œuvres présentées dans l’exposition, vous allez remonter le fil de l’Histoire. Et découvrir en Antoine Caron un véritable passeur qui assura la transition entre l’école de Fontainebleau et l’école française du XVIIe.
Infos pratiques : musée de la Renaissance au château d’Écouen, rue Jean Bullant, Écouen (95). Fermé le mardi. Ouvert de 9 h 30 à 12 h 45 et de 14 h à 17 h 15. Tarifs : 5 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès gratuit au parc du château (et donc à la vue). Exposition « Antoine Caron (1521-1599), le théâtre de l’Histoire » jusqu’au 3 juillet. L’accès est compris dans le prix d’entrée. Accès : gare d’Écouen-Ézanville (ligne H). Plus d’infos sur musee-renaissance.fr
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5 avril 2023 - Écouen