En ce début d’automne, les friches culturelles pimentent la vie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Alors que la mobilisation se poursuit suite à l’expulsion de la friche historique Mains d’Oeuvres, le centre culturel et social autogéré Fissure-Seine squatte d’anciens bureaux au 33 rue Louis Blanc, à quelques pas du métro Garibaldi. “Les villes regorgent de lieux abandonnés souvent depuis des années, alors que dans le même temps les rues comptent de plus en plus de migrants en détresse. Nous préférons qualifier nos actions de réquisitions citoyennes plutôt que de squats”, précise Pierre (les prénoms ont été modifiés), animateur socio-culturel, conteur et guide de balades urbaines sur la botanique sauvage.
Les quatre membres de Fissure-Seine vivent sur place et affirment remplir des missions d’intérêt général comme l’accueil de réfugiés qu’ils accompagnent dans leurs démarches administratives ainsi que le soutien aux artistes locaux exclus du circuit artistique traditionnel. “A la manière des plantes qui s’immiscent à travers les fissures du béton, nous nous glissons dans les interstices de la ville afin de réparer à notre échelle la fracture sociale. Si chaque personne qui se dit progressiste faisait sa part, on parviendrait à renverser le système selon le chercheur Pablo Servigne !”, argumente Pierre.
Une nouvelle forme de militantisme
Ce dimanche 27 octobre de 15h à 20h, Fissure-Seine ouvre ses portes pour un premier événement public qui en appelle bien d’autres. Au programme exposition d’artistes locaux, lectures de contes, atelier de semis et rempotage, projection de courts-métrages, etc. Chantre d’une écologie populaire, Pierre initiera son cycle “Ambition balcon” afin d’enseigner gratuitement, et de façon personnalisée, quelles plantes peuvent vivre sur les balcons et comment en prendre soin. “Nous sommes en procès avec la société immobilière F1 et nous savons pertinemment que notre passage ici sera éclair. Mais nous jouons le jeu. Nous ne bloquons aucune visite du bâtiment qui est actuellement en vente. Ces occupations en prise directe avec les enjeux majeurs d’un quartier sont de lourds investissements personnels et financiers pour nous. C’est notre façon de militer”, témoigne Mathieu, logisticien aérospatial et autre membre du quatuor Fissure-Seine. Qui a dit que les villes étaient le terreau de la solitude et de l’individualisme ?
Infos pratiques : Fissure-Seine, 33 rue Louis Blanc, Saint-Ouen (93). Portes ouvertes dimanche 27 octobre de 15h à 20h. Entrée libre. Accès : Métro Garibaldi Ligne 13. Plus d’infos sur Facebook
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25 octobre 2019 - Saint-Ouen