Il y a quelque chose en Michel Magne d’Arsène Lupin, le haut-de-forme et le monocle en moins : espiègle, tout de noir vêtu, professionnel des arrivées remarquées. Aujourd’hui héros de la BD Les Amants d’Hérouville (éditions Delcourt), le compositeur et flamboyant propriétaire du château d’Hérouville-en-Vexin (Val-d’Oise), a notamment conçu les BO des Tontons Flingueurs, de Fantômas ou encore d’Angélique Marquise des Anges.
C’est au début des années 60 qu’il tombe amoureux du château qui aurait abrité les amours illégitimes de George Sand et de Frédéric Chopin. Magne décide alors d’en faire LA maison des artistes en vogue. Devenu lieu de création hors normes, le château d’Hérouville vibre au son des Pink Floyd, Elton John et David Bowie. En juin 1971, les Grateful Dead donnent, dans le parc, un concert aussi mythique qu’improvisé. Jusqu’à quatre studios d’enregistrement, des dîners fastueux – jamais moins de 30 personnes à table, dit-on ! -, et des soirées endiablées.
Une vie à mille à l’heure
Avec leur BD, le dessinateur Romain Ronzeau et l’auteur Yann Le Quellec raniment la folle ascension et la chute d’un homme génial, talentueux et torturé. Mais Hérouville n’aurait jamais été pareil pour Michel Magne sans l’amour de sa vie, Marie-Claude Calvet. Un jour de 1970, la jeune femme fait du stop pour rentrer chez ses parents à Magny-en-Vexin (Val-d’Oise). Elle a 16 ans, de grands yeux bleus et de longs cheveux blonds. Il en a 40, ne se départit jamais de ses vêtements noirs. C’est le coup de foudre. Il l’épouse deux ans plus tard et la voilà embarquée elle aussi dans la folle aventure qui se joue au cœur de la campagne vexinoise.
Car à Hérouville on vit à mille à l’heure. Normal quand on s’appelle Magne. Fou de son art, l’homme multiplient les excès, notamment financiers. Des excès qui précipitent sa chute. Michel Magne est dépossédé de son château, racheté par le propriétaire du studio Davout, Yves Chamberland. Au fil des pages, l’ambiance psychédélique et les couleurs vives s’effacent. Le ciel s’assombrit au-dessus d’Hérouville. Jusqu’à la fin, brutale. En 1984, en faillite personnelle, convoqué par le tribunal de Pontoise (Val-d’Oise), le compositeur se suicide dans un hôtel près de Cergy (Val d’Oise). Mais l’héritage survit : au château d’Hérouville, la musique retentit de nouveau depuis 2016.
Infos pratiques : Les Amants d’Hérouville – Une histoire vraie, ed. Delcourt, 19,99 €. Plus d’infos sur editions-delcourt.fr.
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22 décembre 2021 - Hérouville