Des bornes d'arcade historiques, des consoles de collection, des pubs télé… L'ancienne poste de Versailles nous plonge dans l'univers du jeu vidéo jusqu'en avril avec la rétrospective « Game Story » qui se visite par session de deux heures afin que l’expérience soit agréable. Philippe Dubois, président de MO5, l’association à l’origine de cet événement, nous explique tout.
Quel public ciblez-vous avec cette exposition présentant une centaine de postes de jeux et des titres jouables allant des années 1970 à nos jours ?
Philippe Dubois : On s’adresse à tous les gamers ! Ceux qui jouent sur des titres actuels mais aussi ceux, peut-être plus âgés, qui ont arrêté parce qu’ils avaient moins de temps avec le travail ou les enfants. J’adore voir les parents qui ont connu les consoles des années 1980 et qui les font découvrir à leurs enfants et vice-versa. Les jeux vidéo sont transgénérationnels.
Quels jeux présentés dans Game Story sont des raretés ?
Nous avons une première mondiale : la reproduction de Pong et de Computer Space (un jeu vidéo de combat spatial) avec les mêmes cartes électroniques que celles des jeux d’origine. Ils sont 100 % fidèles à ce qu’ils étaient dans les années 1970. Un de nos adhérents, qui est paléontologue de profession, a recréé ces cartes et a fait de la paléontologie du jeu vidéo !
Quel titre est à découvrir absolument ?
Pong car c’est l’essence même du jeu vidéo. On voit des enfants se lancer dans une partie de tennis, être accrochés et y passer du temps alors que le jeu date d’il y a plus de cinquante ans. Le graphisme de Pong, avec ces deux barres montantes et descendantes évoquant les raquettes, est ultra-simple. Et les effets sonores sont minimaux, faits de bips et rien d’autre. Mais son game play (sa jouabilité, Ndlr) est immédiat, absolu. C’est grâce à Pong que le marché du jeu domestique est né.
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Quel autre jeu plus récent devrait plaire aux fans de gaming ?
Les fans de Nintendo vont apprécier un épisode de Zelda que l’on présente sur une console Philips CDI et qui ne peut être joué que sur cette console. Donc beaucoup vont peut-être le découvrir.
Quel est votre préféré ?
Je suis fan absolu de Doom sorti en 1993 et qui tourne dans l’exposition sur deux petits postes d’époque. C’était à l’époque un jeu sophistiqué avec affichage 3D, le premier à introduire une impression de photoréalisme et aussi un jeu violent (un des premiers FPS ou first person shooter) qui a tout de suite fait polémique à sa sortie aux États-Unis puis en Europe. Aujourd’hui, on voit bien en jouant qu’il y a de la « tripaille » mais avec de gros pixels rouges, et aucun enfant n’est dupe.
Quel est le jeu le plus nul sur lequel on peut jouer dans l’exposition pourquoi le faire ?
Nous présentons E.T, sorti à Noël 1982. Il est exécrable, trop complexe. Le joueur ne comprend pas ce qu’il doit faire, où il doit mener E.T. Mais on saisit en s’y essayant le concept de gameplay qui ici a été passé à l’as. Ce jeu totalement raté a provoqué un krach du jeu vidéo sur console en 1983.
D’où viennent les machines exposées, les bornes de jeux d’arcade, les consoles, les affiches, les manettes, les jeux ?
Quelques collectionneurs privés nous ont prêté des pièces, notamment les bornes d’arcade installées à la toute fin du parcours (dont Frogger, Klax, Vanguard). Mais sinon, 98 % de ce qui est exposé provient de la collection réunie par notre association MO5, fondée en 2003, qui compte actuellement 580 membres en France mais aussi à l’étranger.
Où se trouve ce trésor ?
Nous stockons cette collection dans des locaux en proche banlieue qui ne se visitent pas. À Versailles, nous n’avons sorti que 10 % de nos réserves. Notre collection est « immensissime ». Notre objectif est de créer ou de participer à la création d’un musée national du patrimoine numérique, qui serait une initiative publique, et non un projet privé comme celui développé à Bussy-Saint-Georges (Essonne). Car nous voulons être sûrs de la pérennité d’un futur musée. Les précédentes initiatives privées ont toutes été des fiascos.
Infos pratiques : exposition « Game story » à l’ancienne poste, 3, avenue de Paris, Versailles (78). Jusqu’au 13 avril. Ouvert du mercredi au vendredi de 12 h à 19 h, les samedis et dimanches de 10 h à 19 h. Sur réservation. Tarif : 7 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : gare de Versailles Château Rive Gauche (RER C). Plus d’infos et réservations sur versailles.fr
29 octobre 2024 - Versailles
