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Au musée Marmottan Monet, le trompe-l’œil vous en met plein la vue

Un trompe-l'oeil de Charles Bouillon / © Studio Christian Baraja SLB
Un trompe-l’oeil de Charles Bouillon (1704) / © Studio Christian Baraja SLB

Faites vos yeux, rien ne va plus ! Jusqu'au 2 mars, le musée Marmottan Monet accueille l'exposition « Le trompe-l’œil de 1520 à nos jours » qui célèbre l'art de l'illusion picturale.

Disons-le tout de go : l’exposition que consacre le musée Marmottan Monet (16e) au trompe-l’œil est l’une des plus réjouissantes de la saison. D’autant qu’elle peut carrément se déguster en famille. Le principe est simple : mettre à l’honneur les œuvres de la Renaissance à nos jours qui célèbrent cet art de l’illusion picturale. C’est ainsi que l’on découvre avec plaisir le principe du quod libet, qui, en latin, signifie « ce qu’il vous plaît » : ce genre met en scène, sur une planche de sapin, dans un désordre savamment orchestré, des objets appartenant au peintre ou au commanditaire (lettres, colifichets, bésicles, plume…) et qui, en filigrane, dressent son portrait.

Imitation de la gravure, reproduction d’un oiseau en marbre blanc par Proudhon, serpents qui ondulent sur un plat signé Palissy… On déambule dans l’expo, spectateurs trop heureux de se faire berner par de géniaux faussaires. Car la technique de certains artistes estomaque. Comme celle de Louis-Léopold Boilly, un des maîtres du genre au XIXe siècle. Sous son pinceau, le verre brisé est représenté de façon si réaliste qu’on n’ose tendre la main vers la toile (ça tombe bien, ce n’est pas recommandé…).

Des peintures pleines de double sens

Si la virtuosité et l’humour ont la part belle dans l’exposition, l’émotion n’est pas absente non plus. Les quod libet nous ramènent au temps qui passe, inexorablement. Quant à la toile de Jean Pillement qui sert d’affiche à la manifestation et représente un Trompe-l’œil avec ruban turquoise devant le paysage de la campagne portugaise, elle procure un drôle de sentiment de nostalgie. Comme une peinture qu’on aurait oubliée dans un grenier et que les vestiges d’une boîte à ouvrage, elle aussi remisée, viendraient envahir.

On découvre aussi une toile peu connue : Souvenirs d’Alsace et de Lorraine de Potémont. Elle représente des lettres envoyées de ces deux régions prises par l’Allemagne après la guerre de 1870. Les fleurs de pensées et de myosotis (Vergiss mein nicht en allemand, soit « ne m’oublie pas ») disent assez clairement la volonté du peintre de conserver le souvenir de ces territoires perdus. Car ce sont aussi cela, les trompe-l’œil : des peintures pleines de double sens, de messages cachés. L’exposition nous montre combien, au-delà de la maîtrise technique, le genre recèle une vraie profondeur. Et offre, aux plus jeunes comme aux plus grands, de nombreux degrés de lecture. Vous n’aurez pas trop de deux yeux pour faire le tour des trompe-l’œil !

Infos pratiques : exposition « Le trompe-l’œil de 1520 à nos jours » au musée Marmottan Monet, 2, rue Louis-Boilly, Paris (16e). Jusqu’au 2 mars. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Tarifs : 14 € (plein tarif), 9 € (tarif réduit), gratuit pour les moins de 7 ans. Accès : métro La Muette ou Ranelagh (ligne 9). Plus d’infos sur marmottan.fr

Trompe-l'oeil de Henri Cadiou (1981) / © Raphaële Kriegel © ADAGP, Paris 2024
Trompe-l’oeil de Henri Cadiou (1981) / © Raphaële Kriegel © ADAGP, Paris 2024

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