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Au Greenwashing Comedy Club, on rit vert pour éviter de rire jaune

Le Greenwashing Comedy Club regroupe une cinquantaine d'humoristes / © Greenwashing Comedy Club
Le Greenwashing Comedy Club regroupe une cinquantaine d’humoristes / © Greenwashing Comedy Club

Peut-on rire de tout, y compris du réchauffement climatique ? C'est le pari du Greenwashing Comedy Club, une troupe de stand-uppers écolos convaincus mais pas culpabilisants pour autant et qui mise sur le « greenlaughing » plutôt que sur le « greenwashing ». Enlarge your Paris s'est entretenu avec Rafaella Scheer, humoriste et organisatrice de la troupe.

Comment est né le Greenwashing Comedy Club ?

Rafaella Scheer : Il a été fondé par la stand-uppeuse Anne Grall en 2020 et se compose aujourd’hui d’une bonne cinquantaine d’humoristes. On y parle de transition écologique et sociale. Pour y entrer, il n’y a pas de casting ! Tous ceux qui veulent faire rire avec ces thématiques sont les bienvenus, et pas forcément des spécialistes de ces questions. On fait juste attention à ne collaborer qu’avec des personnes dont l’humour est bienveillant. Ce qui ne veut pas dire mièvre ! Notre but est de rire de ces questions écologiques et sociales qui sont traitées habituellement de manière sérieuse. Il s’agit aussi de sensibiliser les gens qui n’ont pas forcément d’affinité avec ces sujets, sans toutefois avoir la prétention de les convaincre. On plante des petites graines.

Peut-on rire de tout, et notamment du changement climatique ?

Rire ne veut pas dire que l’on n’a pas conscience de la gravité des choses ! Je travaille moi-même dans une entreprise qui s’occupe de sujets liés au changement climatique. Rire permet avant tout de relâcher la pression, de déculpabiliser et d’inciter éventuellement à passer à l’action. La réalité, c’est qu’on joue souvent devant des personnes assez convaincues mais nous visons aussi à développer notre Comedy Club auprès de gens moins sensibilisés.

Vous considérez-vous comme militants ?

Le stand-up est un art très personnel, très intime. On parle souvent de ses propres expériences, et parfois du monde qui nous entoure à travers notre propre prisme. J’ai débuté dans le stand-up il y a deux ans pour raconter toutes mes contradictions de Parisienne bobo, sans chercher à convaincre qui que ce soit. Pas besoin d’être militant pour se montrer préoccupé. Il y a encore quelques années, on ne parlait pas beaucoup des questions écologiques sur les scènes de stand-up, alors que ces sujets nous préoccupaient déjà. Au départ, Anne Grall a juste voulu créer un espace pour en parler. Est-ce qu’aujourd’hui notre groupe est devenu plus militant ou est-ce qu’on accompagne juste le militantisme ? Je ne sais pas. Personnellement, j’ai de plus en plus la volonté de faire passer des messages. Mais nous n’avons pas tous le même objectif. Nous sommes une cinquantaine d’humoristes, tous différents.

Quels publics touchez-vous ?

Nous nous produisons souvent à l’Académie du climat à Paris (4e) et dans d’autres lieux du même type où nous savons que notre public est évidemment très sensible aux questions environnementales. Mais il nous arrive aussi de jouer dans des lieux où les gens viennent voir du stand-up et pas spécifiquement un spectacle écolo ! Ce fut le cas il y a peu au 6b à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). C’est aussi le cas parfois dans des petits villages, face à un public plus âgé que notre public habituel, ou dans des entreprises où les gens ne sont pas forcément convaincus. Dernièrement, nous avons joué à l’Apes [une association qui travaille au développement de l’habitat social, Ndlr]. Une personne est venue me voir à la fin pour me dire qu’elle avait beaucoup ri alors qu’elle s’attendait à s’ennuyer au vu du programme annoncé. J’étais aux anges. Il m’est arrivé d’avoir moins de succès face à certains auditoires. Mais il faut être honnête : nous devons continuer à travailler ! J’ai appris par exemple que Thomas VDB avait reçu une standing ovation dans un petit village pas du tout acquis à la cause écolo avec son spectacle sur l’écologie. Mais il a aussi 20 ans de scène derrière lui… Je crois qu’il n’y a pas de secret, il faut se frotter aux planches, travailler, écrire et réécrire.

L’agenda du Greenwashing Comedy Club est en tous cas déjà bien rempli…

Oui, nous avons une dizaine de dates par mois en public avec, à chaque fois, entre 4 et 7 humoristes qui montent sur scène. Nous avons aussi de plus en plus de demandes privées, comme prochainement la Convention des entreprises pour le climat (CEC). Depuis quelque temps, on sent un véritable virage. Parce que le stand-up est devenu très populaire, et parce que les gens s’intéressent de plus en plus à l’écologie. Nous sommes vraiment à la croisée des chemins. Désormais nous avons envie d’aller de plus en plus hors de la région parisienne pour sortir de nos milieux « bobos urbains » et rencontrer des publics pas forcément acquis d’avance. Parallèlement, ce serait super de développer des spectacles auprès de publics concernés par l’écologie mais pas par le stand-up !

Infos pratiques : Prochaines dates du Greenwashing Comedy Club le 30 janvier à Hoba à Paris (17e) et le 31 janvier à l’Académie du climat à Paris (4e). Gratuit. Plus d’infos sur greenwashingcomedyclub et sur Instagram

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