Il est 18 h 30 et, en ce mercredi d’octobre, le soleil commence à s’éclipser. Ça tombe bien car devant le château de Vincennes (Val-de-Marne), tout le monde attend la nuit impatiemment. Soudain, la façade de la tour de l’ancien capitaine du château s’anime, parcourue par des points de lumière nerveux. Un avant-goût graphique de ce qui attend les spectateurs une fois entrés à l’intérieur de l’enceinte fortifiée : la découverte d’une quinzaine d’œuvres lumineuses et sonores éparpillées dans la grande cour de l’ancienne forteresse militaire, suivie d’un vidéo mapping sur le pavillon royal.
Les créations exposées à l’occasion de « Château de lumières » arborent des formes essentiellement rondes, évoquant des univers de science-fiction ou des mondes dystopiques et contrastent avec les vieilles pierres, notamment la chapelle et le donjon (le plus haut d’Europe) illuminés en rouge cardinal – ou martien peut-être. On est loin des gentilles illuminations de dinosaures et d’animaux de la jungle en lanternes du Jardin des Plantes (5e) ou du parc de Sceaux (Hauts-de-Seine), très prisées notamment des familles.
Dans l’enceinte du château, le parcours est plus contemplatif, et peut-être un peu déceptif pour les familles justement, même si les petits s’éclatent sur une sorte de grand damier composé de disques s’allumant quand on saute dessus. Une création de Jérémie Bellot, le directeur artistique de « Château de lumières » et du festival « Constellations » de Metz depuis 2020. Jérémie Bellot a signé plusieurs pièces, dont Lune dichroïque, une géode un peu inquiétante ayant atterri dans la chapelle et Nuages de points, des rideaux de centaines de loupiotes rondes, plus ludiques, dans lequel on peut pénétrer, et qui obtiennent un gros succès.
Des créations monumentales et poétiques
Certaines créations sont monumentales et poétiques, comme la douzaine de sphères transparentes et irisées de l’atelier australien Sisu ; on dirait des bulles de savon géantes, une œuvre intitulée Evanescent. Autre morceau de choix : Nexus Dream d’Anne-Sophie Acomat du studio DAAO. Ces tubes gonflables aux couleurs moirées, courbés et refermés sur eux-mêmes évoquant des collisions de galaxies, chatoient devant le donjon.
Un parcours de huit « tableaux » – des bâches imprimées et tendues en réalité augmentée – est proposé. Il vaut mieux avoir chargé sur son smartphone l’application « Château de lumières » avant de venir afin de voir les images d’art numérique se mettre en mouvement sur son écran : des herbes ondulant dans le vent, de l’eau clapotant, etc. Toutes les créations ne sont pas bluffantes, mais on a aimé les architectures futuristes de la Canadienne Sabrina Ratté, ainsi que le monde florissant de Reelaesthete.
Après cette balade avec pas mal de coups de cœur et quelques coups de mou, on passe côté Pavillon royal pour regarder le vidéo mapping d’une vingtaine de minutes qui raconte en quelques grandes étapes l’histoire du château de Vincennes du XIIe siècle à aujourd’hui. La façade disparaît sous les images façonnées à coups de laser (basse consommation), de vitraux, de jardins à la française sous le Roi-Soleil, de troupes napoléoniennes qui défilent, etc. Le conteur n’est autre que le musicien cathodique André Manoukian, à la voix charmeuse et enveloppante. Une projection plus classique mais qui en met plein la vue avant de quitter l’enceinte du château qu’on se promet de venir visiter un autre jour… de jour.
Infos pratiques : « Château de Lumières » au château de Vincennes, avenue de Paris, Vincennes (94). Jusqu’au 2 novembre de 18 h 30 à 23 h. Tarifs : 18 € (plein tarif), 14 € (de 6 à 25 ans), gratuit (moins de 6 ans), 12 € tarif (famille avec 2 adultes et 2 enfants). Accès : métro Château de Vincennes (ligne 1) / gare de Vincennes (RER A). Plus d’infos sur vincenneschateaudelumieres.com
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24 octobre 2024 - Vincennes