Avant de déménager à Giverny avec sa famille, Claude Monet, le plus célèbre des peintres impressionnistes, a vécu à Argenteuil dans le Val-d'Oise, période pendant laquelle il a peint quelque 250 tableaux. Depuis ce mois-ci, sa maison est ouverte au public. Enlarge your Paris l'a visitée. Impressions.
À deux pas de la Seine, une élégante maison bourgeoise rose pâle, aux volets verts et aux ornementations en bois façon chalet suisse se dresse fièrement. Dans la cour, une photo du créateur des Nymphéas et une œuvre colorée du street-artiste C215 rendant hommage au peintre. Bienvenue à la Maison impressionniste à Argenteuil (Val-d’Oise) où Claude Monet a logé avec sa famille de 1874 à 1878. Ces quatre petites années dans la « maison rose aux volets verts » auront néanmoins suffi à Monet pour peindre 259 tableaux, dont plus de 150 avec pour sujet Argenteuil et ses environs.
Ne les cherchez pas, les tableaux sont, pour la plupart, accrochés aux murs des grands musées à travers le monde. On vient ici pour y humer l’esprit des lieux. Esprit des lieux que la mairie d’Argenteuil a réussi à reconstituer, après quatre années de travaux, dans cette maison rachetée par la Ville en 2005 alors qu’elle n’avait cessé d’être habitée (ou presque) depuis le départ de Claude Monet et sa famille à Giverny (Eure).
Un parcours interactif
Première bonne surprise : on plonge directement dans l’ambiance du XIXe siècle dès la première pièce avec le mobilier bourgeois d’époque chiné par l’agence Lacaa, l’inventif atelier d’architecture qui s’est chargé notamment de l’Atelier des Lumières à Paris (11e). Le parcours se veut interactif à grand renfort de reproductions de tableaux rétroéclairés, de commentaires audio ainsi que de lettres manuscrites et d’affiches d’époque planquées dans les tiroirs des meubles. But recherché : visiter une maison plus qu’un musée.
On s’émeut ainsi en découvrant le fils de Claude Monet peint debout sur le parquet que l’on foule. On croit presque apercevoir une ombrelle au dehors depuis le charmant jardin d’hiver au mobilier en fer forgé, celui-là même où Monet s’asseyait pour y peindre sa femme, Camille. Hormis une extension construite par l’un des propriétaires des lieux, les pièces de la maison ont été conservées, tout comme les trois étages dans lesquels on circule librement.
Argenteuil ou l’histoire de la transformation industrielle de la banlieue
De pièce en pièce, on découvre à quel point Argenteuil a infusé l’œuvre du plus célèbre des impressionnistes. Si le quotidien du peintre est à peine esquissé, on parcourt néanmoins l’histoire récente de cette ville, profondément liée à la transformation industrielle des berges de Seine. Des photos et des reproductions de tableaux avec cheminées fumant au loin attestent de l’installation rapide des industries lourdes à la fin du XIXe siècle. La visite, quelque peu nostalgique, s’achève autour de la (re)découverte des voiliers qui naviguaient auparavant dans le bassin d’Argenteuil, des berges fleuries et des peupliers bordant les chemins de halage ou les vignes. Mention spéciale à la reconstitution du bateau-atelier du peintre. On peut y tester un dispositif olfactif évoquant les lieux (pas le plus convaincant mais il reste ludique) et un tableau numérique permettant de peindre soi-même une partie du célèbre tableau Régates à Argenteuil.
Devenue cité industrielle et ouvrière spécialisée dans l’automobile et l’aéronautique, la ville a fini par voir partir l’artiste et sa famille, certainement effrayés par le grignotage des champs de coquelicots. Mais on découvre ici que ce n’était pas la seule raison : malgré le succès du célébrissime Impression, soleil levant, Claude Monet avait peine à payer ses loyers et a dû s’éloigner un peu plus de la capitale. Finalement, rien n’a véritablement changé en deux siècles.
Infos pratiques : La Maison impressionniste, 21, boulevard Karl Marx, Argenteuil (95). Ouverture mercredi et samedi de 10 h à 18 h, dimanche de 14 h à 18 h. Tarifs : 5 € (plein tarif), 3,8 € (tarif réduit). Accès : gare d’Argenteuil (ligne J). Plus d’infos sur maisonimpressionniste.fr
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29 septembre 2022 - Argenteuil
