Double raison de se rendre à la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris 16e) ces prochaines semaines. D’abord pour visiter l’exposition « Il était une fois les stades » qui a ouvert ses portes mercredi dernier. Comme son nom l’indique, elle vise à revisiter en trois temps – démocratiser, performer, mondialiser – l’histoire architecturale de ces grandes enceintes sportives. À entendre Émilie Régnault, la commissaire, ce n’est pas du luxe : « Il s’agit d’une architecture principalement connue pour ce qu’elle met en scène, considérée comme un espace vide. Il va donc falloir amener le regard du public vers ce qui est rarement regardé », explique-t-elle. Mais aussi de voir comment, en quelques décennies, le stade passe d’équipement public à véritable monument.
L’expo fait le choix de débuter dans l’entre-deux-guerres où la pratique du sport qui régénère la nation est plébiscitée. L’occasion de revenir notamment sur le duo entre le maire de Lyon Édouard Herriot et l’architecte Tony Garnier qui donnera naissance en 1926 au fameux stade de Gerland mariant béton et références antiques. Au gré des maquettes et des plans, on voit aussi comment aux performances des athlètes répondent les performances des architectes. Les toiles de béton qui habillent la toiture du stade Léo-Lagrange de Toulon en lui donnant un mouvement presque cinétique coupent le souffle. Et on peut constater la capacité du stade Vélodrome de Marseille à se réinventer au fil des époques. L’exposition montre aussi bien comment l’architecture du stade contribue à l’exercice du soft power entre les pays. À ce titre, le stade Matmut Atlantique de Bordeaux a des airs de temple moderne. Quant à celui de Nice, avec son élégante membrane transparente et sa charpente de bois et de métal, il combine le geste architectural et les performances énergétiques. Autant d’édifices permettant de célébrer des grand-messes laïques, qu’elles soient sportives ou musicales, qui semblent faire écho à la phrase d’Albert Camus : « Il n’y a pas d’endroit dans le monde où l’homme est plus heureux que dans un stade de football ».
Comme une arène au milieu des quartiers
Méditant cette citation, on va jeter un coup d’œil à l’une des autres expos du moment, située juste à l’autre bout de la Galerie. En l’occurrence, il s’agit de « Mini Maousse », concours destiné aux étudiants en architecture, art, design paysage et ingénierie. Pour cette neuvième édition, le thème proposé était en lien avec les JO puisqu’il s’agissait de proposer une mini fan zone nomade. Les maquettes des participants exposées témoignent de leur créativité. Et il faut bien avouer qu’on est assez bluffé par le projet du gagnant, Martin Lichtig. L’étudiant en architecture a imaginé une structure qui se déploie aussi bien en terrain de break dance qu’en ring de boxe. La Navette – tel est son nom – est pensée pour se déployer au milieu des cités puisque sa configuration permet de contempler les exploits des sportifs depuis les fenêtres de son habitation, comme une arène. Le lauréat verra d’ailleurs son installation prendre vie au cours des JO de Paris à Saint-Denis. « Mini Maousse » permet aussi de découvrir le travail ludique de l’artiste Benedetto Bufalino, membre du jury de cette neuvième édition du concours. À l’aide de vieux cartons, il transfigure un vélo à moto Yamaha de compét. Sous ses doigts, une vieille Seat Ibiza devient un jacuzzi quand un bus scolaire renversé fait office de piscine municipale. Stades-cathédrales d’un côté, structures nomades et ludiques de l’autre : les expositions de la Cité de l’architecture et du patrimoine parviennent à faire le grand écart entre des pratiques quasi antinomiques du sport. Voire, à les réconcilier.
Infos pratiques : Exposition « Il était une fois les stades » et « Mini Maousse 9 », à la Cité de l’architecture et du patrimoine, palais de Chaillot, place du Trocadéro, Paris (16e). Ouvert tous les jours jusqu’au 16 septembre de 11 h à 19 h sauf le mardi. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Tarifs : 9 € (plein tarif), 6 € (tarif réduit). Accès : métro Trocadéro (lignes 6 et 9). Plus d’infos sur citedelarchitecture.fr
21 mars 2024 - Paris