De la gare de Groslay à celle de Saint-Leu-la-Forêt (ligne H) / Itinéraire de 19 km (sentiers en terre ou gravillonnés : 80 % / trottoirs : 20 %) – 7 heures de marche. Parcours le long du sentier de grande randonnée de pays (GRP) de la Ceinture verte d’Île-de-France balisé par la Fédération française de la randonnée pédestre (*). Cet itinéraire s’inscrit dans le cadre du Randopolitain, un cycle de 100 randonnées organisé par Enlarge your Paris jusqu’aux Jeux olympiques de 2024 en partenariat avec Transilien et la Fédération française de la randonnée pédestre en Île-de-France
Le philosophe Jean-Jacques Rousseau, pour qui « la marche a quelque chose qui anime et avive les idées », avait fait de la forêt de Montmorency (Val-d’Oise) son cabinet de travail. Un siècle plus tard, c’est-à-dire à la fin du XIXe, après la création de la ligne de chemin de fer Paris-Lille, les Parisiens suivent les traces du philosophe et commencent à venir en nombre profiter de la forêt, de ses sentiers, ses clairières, ses petits ruisseaux, ses étangs et ses recoins. 250 ans après le philosophe des Lumières, cette balade nous invite à nous aérer l’esprit tout en profitant de perspectives inattendues. Succession de petits chemins et d’allées plus dégagées, l’itinéraire permet de saisir toute la beauté des lieux. Et si la foule se presse souvent le week-end autour de l’étonnant château de la Chasse – monument emblématique de la forêt de Montmorency où de nombreux monarques, comme François Ier, Louis Bonaparte ou encore le tsar Alexandre Ier de Russie, ont dormi –, les nombreux chemins permettent de très vite regagner des coins tranquilles.
Infos pratiques : Le parcours intégral est à retrouver gratuitement sur openrunner.com et sur MaRando, l’application officielle de la Fédération française de la randonnée pédestre. Vous pouvez aussi télécharger ici le parcours en format GPX afin de le lire sur votre téléphone portable ou appareil GPS. Il vous faut au préalable avoir chargé des applications (gratuites) permettant de lire ces fichiers, comme Open Runner (Google Play et App Store), Google Earth (Google Play et App Store) ou GPX Viewer (Google Play). Pour rejoindre la gare de départ, consultez le calculateur d’itinéraires transilien.com
Parcours établi et publié grâce à la Fédération française de la randonnée pédestre d’Île-de-France
Sur le chemin
Les Coteaux de Nézant et le Mont de Veine
Avant de gagner la forêt de Montmorency, on trouve encore quelques restes de l’ancienne campagne maraîchère. En 20 minutes, on quitte la ville de Groslay (Val-d’Oise) par des sentes citadines, des chemins campagnards et deux sites naturels méconnus mais essentiels pour la Ceinture verte, qui permettent d’accéder en forêt au gré de vergers et de prés. Première étape, les coteaux de Nézant, en bordure Est de la forêt de Montmorency, sont constitués de 125 ha d’anciennes carrières de gypses à ciel ouvert remblayées, de boisements, d’anciens vergers en friches et de jardins potagers. Directement accessibles depuis la gare de Groslay par des sentiers urbains, ce site naturel a été acheté et préservé par Ile-de-France nature. Passé un carrefour routier, le chemin perd bientôt son revêtement de bitume pour un pavage que l’on devine ancien. Les randonneurs chanceux pourront entendre le cri du coq ou voir paître les vaches d’une ferme voisine : C’est le Mont de Veine. Une fois parvenus en haut de la colline, on aperçoit en contrebas la ville et ses zones commerciales de Sarcelles, avant la butte d’Ecouen. Tout cela paraît loin ! Ici, on cultive encore sur des arbres taillés bas les griottes de Montmorency, dont on a longtemps tiré confitures et eau-de-vie réputées. Au XIXe siècle, les Parisiens en goguette louaient des cerisiers à l’heure pour se délecter de leurs fruits. On trouve encore quelques exploitations de la précieuse pivoine. Et, par un ravissant sentier creux entouré de haies épaisses, on quitte la butte agricole pour la forêt tout aussi soudainement que l’on avait quitté la ville un peu plus tôt.
La forêt de Montmorency
S’étalant sur 6 km du nord-ouest au sud-est, la forêt de Montmorency est une vaste châtaigneraie située à seulement 20 km au nord de Paris. Longtemps forêt de chasse royale, puis, après la Révolution, devenue forêt privée dont le bois était utilisé pour étayer les vignes et les fruitiers des coteaux sud, elle fut progressivement acquise par l’Office national des forêts entre les années 1930 et les années 1980. Plus grande forêt du Val-d’Oise, elle accueille près de 5 millions de visiteurs par an au gré de ses vallons, étangs et belvédères. Composée à 70 % de châtaigniers, la forêt de Montmorency est touchée par la maladie de l’encre, due à un pathogène microscopique, qui détruit le système racinaire des châtaigniers. En l’absence de traitement, les châtaigniers malades sont coupés, ce qui crée parfois des perspectives de forêts ouverte, avec des parcelles entières plantées de jeunes arbres. La forêt de Montmorency, de plus en plus plantée de chênes et de pins pour justement compenser la maladie des châtaigniers, offre des paysages variés : allées cavalières rectilignes, vallons sableux rappelant Fontainebleau, et une vaste tourbière de 30h – la tourbière de Cailleuse -, une zone humide en partie fermée au public pour que faune et flore s’y développent en toute sérénité. L’ONF a cessé depuis plusieurs années d’y entretenir certains sentiers pour que la forêt se referme sur elle-même….
Jean-Jacques Rousseau et la forêt de Montmorency
« Je comptais bien que la forêt de Montmorency, qui était presque à ma porte, serait désormais mon cabinet de travail », écrit Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions. Lassé de la vie mondaine, l’écrivain vit alors retiré dans le village de Montmorency et profite des charmes du massif de 2 000 hectares perché sur une butte et de ses chemins propices à la balade et la rêverie. Il y théorise l’idée que la marche est un bien en soi, et pas juste une manière de se déplacer, ainsi qu’une méthode de travail, une manière de trouver l’inspiration. Il eut même à un moment l’idée de se créer une sorte de bureau portatif, conçu comme la panière d’un marchand ambulant de l’époque : une tablette accrochée à son cou par une lanière devait lui permettre d’écrire sur le moment les idées lui venant tout en marchant. Rousseau abandonna très vite le procédé, malcommode, mais pas l’idée d’écrire sur le vif en pleine forêt. On a ainsi retrouvé quantité de cartes à jouer recouvertes d’annotations inspirées par les belles allées forestières de Montmorency.
Saint-Leu-la-Forêt, fief des Bonaparte
À la fin du parcours, on quitte la forêt par le chemin de Madame, nom donné à la reine Hortense, belle-sœur de Napoléon Ier, qui avait acquis un domaine à Saint-Leu-la-Forêt (Val-d’Oise). C’est ainsi que la dynastie des Bonaparte s’est enracinée sur les ravissants coteaux sud de la forêt de Montmorency. Dans la crypte de l’église paroissiale de Saint-Leu se trouve notamment la tombe de Louis Bonaparte, éphémère roi de Hollande, frère de Napoléon Ier et père du futur Napoléon III. La crypte peut se visiter sur rendez-vous (téléphonez par avance au syndicat d’initiative : 01 39 95 63 04). Le parcours s’achève devant la gare de Saint-Leu-la-Forêt, aux étonnants décors à colombage et clochetons.
Lire aussi : Randoplitain : Les pépites vertes des vallées de l’Orge et de la Seine
Lire aussi : Randopolitain : Balade à travers la plaine de l’Hurepoix et son « triangle vert »
Lire aussi : Randopolitain : Balade dans les forêts de Louis XIV
15 mai 2023 - Groslay